J-68

Nos contrôles de français nous ont été rendus... La prof n'a rien compris à mon poème ! Elle a seulement pensé que j'avais "essayé de faire un travail de création"... Je crois que le message est on ne peut plus clair : personne n'en a rien à foutre de moi, hormis peut-être M. Corneau...

D'ailleurs, Apauline lui a redemandé s'il avait répondu à mes questions, et il lui aurait dit qu'il préfèrerait qu'on se voit pour en parler... D'accord, mais où et quand ? Les filles me disent d'y aller pendant les récréations, mais quinze minutes ne suffiront jamais pour traiter toutes les questions, et cela m'étonnerait qu'il veuille s'y prendre à plusieurs reprises... Je ne sais vraiment pas comment va s'organiser tout cela, d'autant que les vacances approchent et que je ne me vois pas supporter son absence... sachant qu'elle m'est déjà insupportable...

Je n'arrête pas d'être mal les mardis et jeudis, car ils me rappellent toujours l'année passée... quand j'allais bien et que je pouvais lui parler... Et pendant ce temps, il continue de s'inviter dans mes rêves...

Si l'on se retrouve bien en face-à-face pour discuter, aurais-je la force et le courage de me confier ? L'une de mes questions traitait du suicide, en a-t-il saisi la profondeur ? J'aimerais, et à la fois pas tellement car la perspective d'une confession m'effraie... Putain, je ne sais plus quoi penser !

En revanche, je continue de sérieusement programmer mon suicide, mais j'hésite encore quant à la méthode que j'utiliserai. Je pensais éliminer l'idée du saut depuis la falaise de près de chez mes grands-parents (par peur des conséquences en cas d'échec) pour la remplacer par la pendaison, mais aucun endroit de la maison ne semble me permettre cela... Sinon, la mort par balle me semble la plus intéressante car simple et rapide (une pression sur la détente et tout s'arrête), mais je n'ai aucun moyen de me procurer une arme...

Pour résumer : je ne sais plus rien, hormis le fait que je ne sache plus.