Cher Léo,

J'ai de nouveau eu cours avec M. Corneau, donc je lui ai de nouveau posé des questions en fin d'heure.

Mais là, ce fût un peu particulier, je m'explique : depuis plusieurs semaines, une interrogation me trottait en tête, à savoir "La vie humaine a-t-elle un intérêt, ou se résume-t-elle simplement à une distraction permanente de nos esprits censée nous empêcher de prendre conscience de sa futilité ?"

Il se trouve que je n'osais pas lui poser cette question (j'ignore pourquoi), alors je l'avais écrit sur un bout de papier que je pensais déposer discrètement sur son bureau à la fin du cours... Finalement, je suis allé le voir pour lui demander autre chose, puis j'ai attendu que tout le monde sorte pour lui donner le mot en mains propres.

Et donc, voici sa réponse (relevée, comme d'habitude, à l'à peu près) : "Ça fait partie des questions métaphysiques qui n'ont pas de réponses. Si l'on regarde à l'échelle planétaire, on n'est effectivement pas grand-chose... Après, je pense qu'il faut aussi apprendre à ne pas trop s'encombrer l'esprit mais plutôt à vivre au jour le jour, en profitant de sa famille et de ses amis..."

Après cela s'en est suivi un petit échange... "intime" (je ne sais vraiment pas si c'est le bon terme à employer, mais bon...) au cours duquel il m'a notamment demandé si les questions que je me posais ne me rendaient pas mal parfois, ce à quoi j'ai répondu que si... Je crois que c'est là qu'il a parlé de vivre au jour le jour, je ne sais plus... Il m'a également avoué qu'il lui était arrivé de se poser ce genre de questions à mon âge... Décidément, je l'aime de plus en plus !

Et c'est dingue, Léo, mais je crois vraiment qu'il a su trouver les mots pour me soulager, car je me suis physiquement sentie plus légère après cette discussion, comme si l'on m'avait retiré un boulet de prisonnier au coeur... Je me rends compte que c'est de ces échanges dont j'avais besoin depuis toutes ces années...

Merci M. Corneau... Pourquoi ai-je envie de pleurer ?

À toi