J-33

Hier soir, j'ai rédigé des brouillons de mes lettres d'adieux : une pour la "famille" et l'autre pour M. Corneau.

Comment dire ?... Étrangement, je n'ai exprimé aucune haine pour mes proches. En fait, mon mot pour eux est un véritable procès verbal contre moi-même, rempli d'auto-dévalorisation, et celui pour M. Corneau contient de l'humour... De l'humour ?! Mais pourquoi ?! Pourquoi de tels angles d'écriture ?! Je l'ignore.

Tout comme j'ignore si je dois bien tenter une dernière fois de parler à M. Corneau. En fait, j'ai aussi écrit un petit mot dans lequel j'exprime mes pensées suicidaires et lui demande explicitement de m'aider... Mais je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Premièrement, parce que rien ne me dit qu'il n'en parlera pas à d'autres enseignants, qui voudront alors prévenir ma "mère". Deuxièmement, parce que je ne suis décidément plus certaine qu'il ne sera pas une autre déception, ce que je ne pourrais clairement pas supporter. Et dernièrement, car à quoi ressemblera ma vie si je décide de ne pas mourir ? Je vais devoir aller suivre ma thérapie avec des soignants incompétents, supporter les jugements des autres, galérer pendant le reste de l'année scolaire pour finalement redoubler et être séparé de mes amis ou passer en terminale avec des lacunes importantes...

J'y ai réfléchi en cours de français, ce matin, et j'ai l'impression de trouver de plus en plus d'avantages à partir... C'est horrible à écrire, mais je crois bien que l'idée de vivre m'effraie désormais plus que celle de mourir...