Samedi 30 novembre 2019

4 minutes de lecture

Bon... Par où commencer ?

Hier, j'ai sûrement vécu le jour le plus marquant de ma vie...

Je m'explique : le matin, j'ai interpellée M. Dolanen sur notre "pacte rompu". À ma grande surprise, il m'a dit avoir été embêté de le faire mais qu'il ne pouvait pas rester impassible à la lecture de mes idées suicidaires.

Suite à cela, je me suis donc dis qu'il fallait que j'aille parler à M. Corneau, même envers et contre tous, ce que j'ai fait lors de la récréation de l'après-midi... et bordel de merde ! Je n'ai "réussi" à évoquer que l'hypocrisie familiale (alors que ce n'est pas le sujet le plus important), et je n'ai absolument rien retrouvé du "grand frère" que je voyais en lui durant l'année de seconde... Je n'ai vu qu'un professeur d'une froideur effrayante et ne semblant attendre de moi qu'une chose : que je dégage de sa salle pour le laisser profiter de sa récréation... C'est d'ailleurs lorsque sa fin a sonné que le pire est arrivé car, en proie au désespoir, je me suis plantée devant lui pour lui demander si je pouvais lui faire un câlin auxquel il a sèchement répondu "non", sans la moindre empathie...

Mais les ennuis ne se sont pas arrêtés là : en cours de géopolitique, j'ai été convoquée par la CPE pour parler de cet "incident" et vivre ce que je peux clairement désigner comme le moment le plus humiliant de ma vie. Il a commencé par l'obligation d'avouer ma faute, s'est poursuivi par un sermon autour de la distance nécessaire entre profs et élèves et s'est terminé par le top du top : un appel à la directrice pour rapporter que l'on m'avait "bien fait la morale"... ban-de-de-co-nnards !

Une fois rentrée chez moi, j'ai donc de nouveau voulu me pendre. Et pour ne pas être dérangée, je suis descendue voir ma mère pour lui dire bonsoir, mais le lycée l'avait déjà informée de "l'incident"... À bout de nerfs, d'espoir et de solution, j'ai finalement voulu fuguer sans emporter quoi que ce soit afin de me laisser mourir de faim et de soif au milieu des forêts alentours que je comptais rejoindre, histoire de quand même me trouver dans un environnement agréable pour mes derniers jours... J'ai quittée la maison vers 17 heures, je crois, pour marcher dans les champs le long de la route. À partir de là, je peux décomposer ma fuite en plusieurs étapes :

Étape 1, la rage : Un long moment où j'ai crachée ma haine au monde, en particulier envers M. Corneau du fait de ma désillusion.

Étape 2, la sérénité : Plus court moment pendant lequel je me suis sentie si bien que j'ai pensée avoir bien agit en fuyant.

Étape 3, la réflexion : "Comment en suis-je arrivée là ?", telle est la question que je me suis alors posée sans vraiment y trouver des réponses, seulement des amorces (je peux me dire que c'est toujours ça...)

Étape 4, le désarroi : Un moment où j'ai stoppée ma marche et me suis soudain demandée ce que je foutais là, en plein champ, errant sans but... Ce fût le seul instant où des larmes sont sorties, mais pas longtemps car je les ai vite ravalées.

Étape 5, la distraction : Mon objectif était alors simple : parler le plus possible, car je savais que le silence me ferait encore plus réfléchir et rebrousser chemin.

Étape 6, l'abandon : Sans vraiment me contrôler, je me suis mis à marcher vers la maison. Et pour ne pas penser aux conséquences de mon geste, j'ai engagée un dialogue avec une femme imaginaire à qui je me confiais... Je crois que ce fût le meilleur moment de cette soirée.

Étape 7, le retour à la réalité : Mes demi-soeurs m'ont retrouvées et emmenées à un parking pour longuement discuter. Je ne veux pas en dire davantage là-dessus.

Une fois de retour à la maison et après des câlins avec plus ou moins tout le monde, il a été décidé de commander des pizzas que nous avons mangé en reprenant des discussions banales du quotidien, comme si rien ne s'était passé. Enfin quand je dis "nous", j'entends bien entendu "les autres"... Moi, je suis juste restée un peu avant d'aller me coucher, exténuée par cette soirée.

Et maintenant ? Mon esprit est dans le flou... Je ne veux plus mourir, mais je ne vois pas comment vivre... Je ne sais pas quoi faire...

J'aimerais ne plus aller au lycée ni rester à la maison. Je voudrais pouvoir être éloignée de tout pour me concentre sur moi-même et remonter la pente comme il se doit... On me répondrait d'aller en clinique pour cela, mais ce milieu ne m'inspire pas confiance à cause de tous ces soignants se contentant d'appuyer là où ça fait mal pour ensuite nous regarder souffrir avec froideur, tout en invitant à "laisser sortir les larmes, car c'est important"...

Mais mes plus grosses incertitudes concernent M. Corneau : que penser de lui, à présent ? Je le voyais comme le grand frère idéal, et je ne parviens désormais à me le représenter que comme un "grand con insensible"... sauf que cette vision m'emmerde... Je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'a peut-être pas fait exprès d'être aussi froid, qu'il a prévenu la CPE sous une impulsion et qu'il n'aurait pas agit de la sorte s'il avait un peu attendu... Pff, je ne sais plus quoi penser.

En tout cas, une chose est sûre : à partir d'aujourd'hui, un nouveau chapitre de ma vie commence...

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