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De retour au studio, après avoir défait nos bagages, Meg se précipite dans le dressing fraichement rangé pour en ressortir vêtue d’une petite robe noire au décolleté absolument scandaleux qu’elle assortit à des collants résille.

J’opte pour une tenue plus simple, mais efficace : un jean clair, une tunique grise avec un imprimé à carreaux et des escarpins noirs. Une fois coiffée, j’effectue une retouche de mascara et m’admire dans la glace.

- Pas maaaal ! crie Meg après avoir enfilé de longues bottes à lacets. Mais il te manque un petit quelque chose. Attends, ne bouge pas !

Elle extirpe de sa trousse un eyeliner noir. Après s’être amusée sur moi, elle me montre fièrement le résultat.

- Tu vois ! Ça fait ressortir tes yeux !

En me regardant dans le miroir, je dois avouer que le résultat est assez bluffant. D’habitude, je n’en mets pas, mais ce petit trait fin ajoute quelque chose à mon allure.

- Allez, top départ ! C’est l’heure de s’amuser !

Impatiente, elle file ouvrir la porte d’entrée et me fait signe de la suivre.

La soirée des confréries a lieu dans le pavillon Pauley. D’habitude, cet endroit est le lieu de rencontre du club de basket ou encore de l’équipe féminine de volleyball, mais les gradins ont été repliés pour l’occasion et un groupe joue activement sur scène. Je reconnais quelques reprises populaires, mais le reste du répertoire m’est totalement inconnu.

Les confréries ont installé leurs stands sur le terrain. D’un côté de la salle se trouvent les fraternités tandis que les sororités sont à l’opposé. Cette année, près d’une trentaine de confréries sont actives sur le campus, sans compter les dizaines d’associations dont on a pu avoir un aperçu au cours de l’après-midi. En d’autres termes, comme la semaine du rush vient de débuter, Meg et moi risquons d’être confrontées à l’hypocrisie habituelle des maisons aux symboles grecs, bien décidées à attirer de nouvelles recrues parmi les étudiants fraichement arrivés sur le campus.

Même si je ne suis pas particulièrement adepte des grands rassemblements ni des clubs en tout genre, je ne peux honnêtement pas dire que toute cette effervescence n’attise pas ma curiosité. Avec la richesse et la diversité qu’offre le campus, un étudiant qui ose prétendre s’ennuyer au cours de ses années d’études ne peut être qu’un menteur. Le florilège d’activités présentes est le reflet de la qualité et de la réputation de UCLA. Du reste, Meg est fascinée de constater que même le club des sourds-muets a activement recruté pas moins de trois nouveaux membres au cours de l’après-midi.

Au centre de la salle est dressé un gigantesque buffet sur lequel des tonnes de nourriture et de boissons diverses sont disposées. Plusieurs jeunes se contentent uniquement d’une bière ou d’un alcool étrange dont la couleur rose me fait penser à la robe de la blondinette qui s’amuse à former une pyramide de gobelets au centre de l’une des tables.

Meg fonce se servir une bière et avaler quelques chips.

- La musique est vachement bonne, hein ?

Je sursaute. Ethan se tient à côté de moi et me tend un cocktail. Rien qu’à la couleur blanchâtre et à l’odeur exotique, je crois identifier l’un de mes cocktails préférés.

- Piña Colada ?

- Touché. À vrai dire, je l’avais prise pour Meg, mais elle a déjà disparu, donc… Je me suis dit que tu apprécierais.

C’est drôle, j’adore ce cocktail. Je le remercie et commence à siroter ce nectar en me remémorant avec nostalgie le nombre de fois où ma mère en avait préparé à la maison. À chaque fois, elle ne jurait que par la qualité de l’ananas utilisé pour en tirer le meilleur jus. Derrière l’épaule d’Ethan, un inconnu s’amuse en me regardant essuyer sur mes lèvres la goutte qui vient de s’échapper de ma paille.

- Au fait, je te présente Connor.

L’inconnu me tend la main. Je suis impressionnée par sa taille. Ethan semble tout à coup très petit à ses côtés.

- Connor Wright, enchanté. Abbigail, je suppose ?

- Abby…

- Abby, répète-t-il en esquissant un sourire.

- Si je comprends bien, tu as déjà entendu parler de moi, dis-je en mordillant ma paille.

- Un peu, par Ethan. Je sais que ta colocataire lui fait déjà tourner la tête et que tu veux t’inscrire au club de lecture, dit-il en continuant de me sourire.

Je manque de m’étouffer en avalant une gorgée. Pour toute réponse, je lui souris en retour. Les petites ridules qui se dessinent au coin de ses yeux et le léger mouvement de ses lèvres rondes expriment tout l’amusement qu’il a à me regarder.

- Et alors, tu t’intéresses un peu à la littérature ? dis-je embarrassée.

- Ça m’arrive. J’aime lire, donc le club de lecture m’a paru un hobby convenable.

Mes yeux s’écarquillent en le regardant. À en croire sa stature imposante, je l’aurais plus imaginé sportif que littéraire. Il se met à rire, dévoilant une magnifique rangée de dents étincelantes.

- Ok, J’avoue. J’en fais partie depuis un bail déjà. Je te présenterai aux autres à la première réunion. Enfin, si tu veux. Ça te permettra de ne pas te sentir seule au monde, propose-t-il alors que je le remercie d’un timide hochement de tête.

- Et tu connais Ethan depuis longtemps ?

- Depuis trois ans déjà. C’était mon pote de colloc’, jusqu’à ce que j’entre chez les Omega Theta. J’ai emménagé chez eux cette année, ajoute-t-il en réajustant son pull sur ses épaules.

- Ok, dis-je d’un air intéressé. Donc toutes les confréries possèdent leur propre villa sur le campus ?

- En fait, non. Seulement certaines d’entre elles ont cette chance. Les plus anciennes en général. Les maisons des fraternités sont placées à l’ouest du campus, la plupart sur Galey Avenue, et celles des sororités sont à l’est du campus, sur Hilgard Avenue. Les autres confréries ont droit à une adresse postale, mais elles se rencontrent dans un lieu public ou dans un local loué.

Connor me regarde d’un air taquin en souriant.

- Pourquoi, tu aimerais voir ma chambre ?

- Heu, non. Je demandais ça comme ça, dis-je en baissant instinctivement le regard.

Je peux sentir mes joues rougir à vue d’œil. Il redresse mon menton du bout des doigts, me forçant à le regarder dans les yeux. Un frisson me parcourt l’échine au contact de la douceur de ses doigts. Il esquisse à nouveau un petit sourire.

- Et sinon, tu sais quoi ? Tu es adorable quand tu rougis.

Je plonge mon regard dans le sien. Connor semble tout avoir de l’étudiant parfait, avec ses magnifiques cheveux châtains ramenés en arrière. Je suis forcée de reconnaître qu’en plus d’être aimable, c’est quelqu’un de très séduisant.

Meg choisit le moment idéal pour faire son retour, portant maladroitement un énorme verre de bière rempli à ras bord de mousse.

- C’est trooooop cool ! J’adore cette soirée ! Non mais t’as vu Abby ? Ils ont une fontaine à cockt… oh salut !

Ethan rougit en la regardant, sous l’œil amusé de Connor.

- Connor, enchanté. Tu as un peu de mousse, là…

Il désigne le coin de sa lèvre. Comprenant le message, Meg se retourne pour s’essuyer, gênée par la situation. Elle est si fraîche, si spontanée et si naturelle. J’aimerais retrouver cette insouciance en moi, celle que j’avais avant. Avant que tout ne change. Avant, quand nous étions heureux. Avant, quand personne ne savait qu’une ombre planait au-dessus de notre famille. Avant.

Une partie de moi était comme elle. Nous étions bien différentes, mais les traits de folie nous rapprochaient. Hormis la veille de mon départ, qui fut vite gâchée par un misérable verre de vin, je ne me rappelle pas la dernière fois où j’ai réellement ri jusqu’aux larmes.

Non, je ne m’en rappelle pas. En revanche, je me souviens très clairement de celles qui étaient devenues si familières que je les considérais presque comme des amies. Amères. Salées. Mais salvatrices. Elles n’avaient rien des larmes qui surviennent quand on se met à rire, mais elles faisaient partie de moi. Elles occupaient désormais tout mon présent, et lorsqu’il leur arrivait d’être absentes, le silence et la nostalgie les remplaçaient vite pour ne jamais oublier que le bonheur faisait partie de mon passé.

- Viens, je vais te présenter les confréries.

Connor me sort de ma transe. Il pose délicatement sa main entre mes omoplates et m’emmène loin de mon amie. C’est fou comme il peut être grand. Je suis loin d’être petite, mais il me dépasse presque d’une tête.

Apparemment, j’étais trop absorbée par mes pensées pour m’apercevoir que c’était le moment idéal pour se retirer en toute discrétion. Meg et Ethan avaient enfin réussi à amorcer un semblant de discussion, bien que de loin leurs échanges ressemblaient plus à des regards gênés et à des gloussements étranges qu’à une véritable conversation.

Tout en marchant, mon regard se pose sur le grand ciel étoilé qui habille le plafond. Le voile imprimé est solidement attaché à chaque extrémité de la salle. J’y reconnais curieusement plusieurs constellations.

- La tenture a été spécialement installée à l’occasion de cette soirée.

Il a donc vu où mon regard se portait. L’observation est une qualité rare chez les garçons. Celui-là mérite d’avoir toute mon attention.

- J’aime les étoiles, dis-je émerveillée.

La musique devient presque assourdissante, à tel point que Connor est obligé de hausser le ton pour couvrir le bruit ambiant.

- Tu verras que notre campus est tellement énorme qu’il abrite tous types de confréries. Comme UCLA accepte énormément d’étudiants du monde entier, beaucoup d’entre elles recrutent selon… disons des critères assez particuliers. Elles sont sympathiques, mais les portes te sont fermées si tu n’es pas capable d’entrer dans leur moule.

Il me guide un peu plus loin et me montre une première table.

- Là, par exemple, tu as les Delta Gamma. Elles sont un peu coincées, mais très sympathiques. Disons que si tu souhaites un jour devenir l’épouse parfaite d’un homme richissime, tu es au bon endroit. La plupart de ces femmes sont là pour représenter le profil d’épouse qui ne bronche jamais, toujours le sourire aux lèvres avec une éloquence parfaiteface à son époux parfait.

- Un modèle découlant du patriarcat, fais-je remarquer.

- Exact. Ça te parle ?

Je me sens un peu vexée qu’il puisse m’imaginer aussi coincée que ça, mais je ne peux pas lui donner tort non plus. Après tout, jusqu’à présent à part bafouiller, rougir et baisser les yeux, je n’ai pas vraiment su réagir de la meilleure des façons.

- Ici, ce sont les Alpha Chi Omega. Ce sont les reines du campus. Tout du moins, elles se considèrent comme telles. Riches, belles… mais disons qu’à part leur plastique attrayante, beaucoup d’entre elles n’ont pas grand-chose de plus.

Il désigne sa tête en tapotant sa tempe de l’index. Derrière leur table, je reconnais la petite Barbie blonde à la robe rose qui s’amusait à arranger les gobelets quelques instants plus tôt. Elle glousse avec l’une de ses copines ultra maquillée, manucurée et dont les boucles parfaites semblent tout droit sortir d’un magazine de mode. Les deux filles dévisagent un type qui, d’après son gilet, doit certainement faire partie de l’équipe de football du campus.

J’apprécie beaucoup ce petit moment intime que l’on passe tous les deux en faisant le tour de la salle. Son analyse des personnalités dépeint assez bien la réalité jusqu’à présent et je dois dire que je trouve cela plutôt agréable et distrayant.

- Ah. Là, ça devient intéressant. Tu es de confession juive par hasard ? Si oui, voilà une sororité dans laquelle tu pourrais entrer.

Un éclat de rire, à mi-chemin entre plaisanterie et malaise, s’extrait de ma gorge, ce qui semble déconcerter les étudiantes qui nous dévisagent, toutes vêtues de leur chemisier boutonné jusqu’au col et de leur longue jupe bleue. Manifestement, Connor semble assez satisfait de sa blague.

- Pour en connaître deux ou trois, elles sont vraiment gentilles, mais un peu coincées. Bon. Alors ici… Non, là tu peux oublier de rentrer dans celle-là.

Il rit de plus belle. En jetant un coup d’œil aux Zeta Phi Beta, je comprends tout de suite sa remarque. Cinq filles métissées se tiennent à côté de la table. L’une d’entre elles me salue en me souriant. Je réponds favorablement d’un geste amical de la main.

- Ne le prends pas mal. Elles sont vraiment très cool, mais elles n’acceptent que les afro-américaines au sein de leur sororité.

- Question de culture ?

- Et de traditions, ajoute-t-il.

En s’éloignant, l’une des Zeta Phi Beta salue chaleureusement Connor et lui souhaite une belle soirée, ce qui me conforte dans l’idée que ces filles doivent effectivement être assez cool. Un gloussement involontaire s’échappe de ma gorge lorsque je perçois le regard pétillant qu’il lui lance en retour.

- Ne te méprends pas. Elle sort avec un de mes potes.

Je roule des yeux à sa remarque, néanmoins soulagée de sentir disparaitre le petit pincement au cœur qui vient de me surprendre. Il l’a peut-être ressenti, car il me lance un petit clin d’œil complice. Cependant, j’ignore encore de quelle façon je dois l’interpréter.

Plus loin, une brune aux cheveux dégradés et une petite rousse rondouillette sont en train de jacasser en nous lançant quelques regards en coin.

Connor s’arrête à leur hauteur et me fait signe de m’arrêter.

- Hey, Stacy ! Je te présente Abby !

La brune réajuste sa tunique noire qui lui descend à mi-cuisses. Elle pince les lèvres en haussant un sourcil et me tend la main après m'avoir scrutée de la tête aux pieds.

- Salut, Abby ! balance-t-elle en me dévisageant vulgairement une fois de plus avec insistance.

Elle recule d’un pas.

- Alors, comme ça, Connor, tu pratiques le recrutement actif pour les Sigma Zeta Mu ?

Ces paroles semblent tintées d’ironie. Malgré sa petite taille, sa répartie m’intimide au point que je me crispe légèrement.

- Oublie. Abby est destinée à devenir une Delta Gamma !

Cette réponse piquante ne ressemble pas au peu que je connais de Connor. Stacy et la petite rousse éclatent de rire. Les taches de rousseur de cette dernière, dispersées sur l’ensemble de son visage, semblent danser au rythme de son rire. Je fais un peu la moue et lève les yeux au ciel. Voyant mon air désabusé, elle balaie cette idée du revers de la main et focalise son attention sur moi.

- N’écoute pas leurs conneries. Si l’on considère ton style, tu n’as rien à voir avec les petites coincées des Delta. Enfin, sauf si ton ambition se cantonne à l’art culinaire et au maintien de l’ordre dans ta maison. Je m’appelle Olivia.

Enfin quelqu’un de plus agréable. Elle me lance un clin d’œil amical de ses yeux bleu clair auquel je réponds par un énième sourire. Si cette journée continue de se prolonger, je vais finir par avoir des crampes aux zygomatiques.

- Si tu en as envie, n’hésite pas à passer nous voir demain.

Devant mon air interrogatif, Stacy me tend un dépliant et prend la parole.

- On organise des portes ouvertes demain à la maison. Si ça te tente de nous rejoindre, on est une toute petite sororité. Enfin, encore plus depuis que cinq filles nous ont quittées à la fin de l’année passée, mais on accepte tout le monde sans conditions. Pour le recrutement, on se fie juste à notre feeling, ajoute-t-elle après un petit moment de silence.

Je devine donc que ce n’est pas gagné d’avance.

- Je pense que tu pourrais y amener Meg également, rajoute Connor.

Stacy hausse un sourcil interrogateur dans sa direction. Je prends à mon tour la parole avec le peu d’assurance qu’il me reste.

- C’est ma meilleure amie. Elle est assez… déjantée, mais hyper sympa.

- Et en plus elle flirte déjà avec Ethan ! rajoute Connor.

Comme guidés par la même curiosité, nos regards se tournent vers l’entrée. Meg et Ethan semblent tous deux en pleine conversation, entrecoupée par ce qui semble être des gloussements expressifs. Même à cette distance, il est facile de distinguer les joues empourprées de Meg. Il est encore plus surprenant de voir que sa main est délicatement posée sur l’épaule d’Ethan.

- Eh bien ! Il était temps qu’il se trouve quelqu’un, affirme Stacy. Encore une année comme ça et tout le monde aurait fini par le croire gay.

Olivia baisse les yeux puis se retourne pour fouiller au fond d’un grand sac.

- Oh, ne t’en fais pas pour elle, me murmure Stacy. Ça doit faire bientôt deux ans qu’Olivia en pince pour Ethan, mais il ne l’a jamais remarquée.

Je ne peux m’empêcher d’être gênée par la situation et en même temps je suis désolée pour Olivia. Elle semble si gentille et déjà si attachante.

- C’est comme ça, murmure Olivia en tamponnant discrètement le coin de son œil.

Son amie la secoue affectueusement par les épaules et je plonge la main dans ma pochette pour lui tendre un mouchoir.

- Ne t’inquiète pas. Y’a des milliers de gars sur le campus, on va bien t’en trouver un tôt ou tard, la rassure Stacy.

Olivia nous adresse un maigre sourire, puis se reprend et propose d’un air enjoué d’aller nous chercher à boire.

Malgré ce petit moment de malaise, la suite de la soirée se déroule dans une belle ambiance. Meg et Ethan finissent par rejoindre notre petit groupe et s’amusent de constater à quel point on prend un malin plaisir à cataloguer les jeunes étudiants perdus qui errent entre les tables.

Trois autres filles prennent le dépliant des Sigma et repartent d’un air sceptique.

Lorsque le groupe annonce son dernier morceau, on décide de se séparer. Stacy nous rappelle de passer leur rendre visite le lendemain en fin de matinée, ce à quoi Meg réagit positivement en sautillant et en frappant des mains. Olivia s’amuse de son attitude et nous prend toutes dans ses bras, se réjouissant d’avoir fait notre connaissance.

Ethan fait timidement la bise à Meg qui se met à rougir et Connor me fait promettre de le revoir très rapidement. Au moment de partir, il me rattrape par la main sur laquelle il dépose un rapide baiser en me regardant intensément de ses yeux fascinants. Un doux mélange entre or et noisette.

L’année promet d’être intéressante…

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