Chapitre 1 (EN COURS)
Camélia
Mardi 1er Septembre 2020
Je tapote nerveusement le volant, le regard fixé sur le feu rouge qui ne semble pas décidé à passer au vert. La patience n’a jamais fait partie de mes qualités et si ce feu continue de me narguer, je suis certaine que je vais finir par exploser. Pas à cause de mon impétuosité, mais parce que je ne suis pas très enchantée à l’idée d’arriver en retard le premier jour de la rentrée.
Je pousse un soupir de frustration. En même temps, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. J’ai passé des heures hier à jongler entre différentes tenues afin de trouver celle qui ferait la meilleure impression, persuadée que je serais ainsi tranquille le lendemain. Tout ça pour que le changement de météo me prenne de court et me force à tout recommencer ce matin. Je pourrais blâmer le ciel gris, mais Dieu sait que la seule chose que je peux réellement tenir responsable de cette situation, c’est mon indécision. Alors même si ma chemise blanche et ma longue jupe noire ne sont pas parfaitement repassées, et que mes bottines en cuir ne sont pas du tout cirées, je vais essayer de me satisfaire de mon look à moitié raté.
Un klaxon strident m’arrache brutalement de mes pensées. Je relève la tête et remarque que la couleur du feu a enfin changé. Je fais sauter le point mort et passe à peine la première vitesse qu’un second klaxon retentit. Mon exaspération monte, mais je prends sur moi pour ne pas m’énerver. Le temps file et je suis déjà bien trop en retard pour me laisser distraire par une telle futilité.
Je parcours la ruelle à toute allure, les mains crispées sur le volant. Je prends ensuite un virage serré et le rugissement d’un moteur me fait soudainement sursauter. La moto déboule à contre-sens, saturant l’air d’une odeur âcre d’essence. Je pile machinalement, les sourcils froncés. Je n’arrive pas à croire que ce motard soit inconscient au point de remonter une ruelle aussi étroite en sens interdit – même si au vu de mon excès de vitesse actuel, je ne suis pas exactement un modèle de prudence non plus.
La moto finit par ralentir à son tour. Pas complètement, mais juste assez pour que je puisse croiser le regard de son pilote à travers la visière sombre de son casque. Ses yeux bruns me fixent. Ils sont aussi profonds que perçants, mais surtout, étrangement familiers. Un frisson me parcourt l’échine. Durant un instant, j’ai l’impression que le temps se fige autour de nous et je ne peux m’empêcher de me sentir déroutée.
Puis il repart nonchalamment, sans un signe d’excuses, ni la moindre once de culpabilité, laissant simplement le vacarme du moteur s’éloigner. Je suis encore décontenancée, mais je décide de ne pas m’y attarder.
Je secoue la tête et redresse le volant, avant d’accélérer et de reprendre la route. Au bout de quelques minutes, le paysage de l’école se dessine enfin. Je jette un coup d'œil à ma montre et esquisse un sourire en constatant que je suis pile poil à l’heure et que les élèves ne s’inquiéteront pas. Car oui, si je tiens absolument à être ponctuelle, ce n’est pas parce que je suis étudiante, mais parce que c’est moi, la professeure.
* * *
Je verrouille à distance ma Toyota Yaris, garée sur le parking de l’établissement.
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