Amédée
À ce qu’il se disait, il n’était pas bien fûté, Amédée. Partout où il le pouvait, il se cachait, persuadé que personne ne le voyait. À demi-dissimulé au fin fond d’un estaminet, planqué derrière la porte d’un cabinet, ou par une pile de cahiers camouflé, peu importe où il se trouvait, masqué, il attendait. Et si d’aventure nul par ces lieux ne passait, durant des heures, esseulé, il bavassait.
Malgré sa bouche démesurée, sa voix restait sans portée ; ainsi, pour y remédier, entre ses deux mains il parlait de près, afin que de loin le monde entier puisse l’écouter.
Vous, gens avisés qui par milliers vous permettiez de le juger insensé, sachez qu’Amédée était bien plus rusé que vous ne l’imaginiez. De là où il se postait, il observait, et de nous il se riait.
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