Chapitre 1

13 minutes de lecture

J’ouvre le portillon électrique cassé menant à ma cité : je n'ai pas envie de rentrer à la maison... C'était mon premier jour dans un nouveau collège et il a été long… Très long… J'arrive en milieu d'année et je sais que je ne pourrais pas m'intégrer... Je soupire. Je n’ai même pas encore franchi la porte que je connais déjà le spectacle qui m’attend. Toujours la même position, les mêmes plaintes, les mêmes jérémiades…

  • Je suis fatiguée… Si fatiguée mon Tristan…

Je le sais maman… Tu n’as jamais réussi à remonter la pente…

  • Je… Je… Ne sais plus quoi faire…

Moi non plus… Pourtant, je suis toujours là, moi… Je ne suis pas encore parti...

Cela va faire maintenant plus de trois ans que mon père est décédé de façon brutale. Une crise cardiaque fulgurante. Aucun signe avant coureur. Rien. Ma mère ne s’en est jamais remise, bien que leur couple battait de l'aile. Du haut de mes douze ans, même moi je l’avais remarqué. Elle a sombré dans l’alcool… et m'a oublié. J’ai tout fait pour que personne ne remarque ma détresse ou ma situation jusqu’à ce qu'elle finisse par attenter à ses jours. À nos jours.

Avant même ma sortie d’hôpital, la spirale infernale avait déjà commencé. Je ne me souvenais pas grand chose de cet "accident"... Je ne voulais pas m’en souvenir. Mais les assistantes sociales, psy, flics… n'ont pas arrêté de me harceler… Faisant tout remonter à la surface. Tout ce que je voulais oublier. Je les hais. Je suis à jamais dégoûté de ces personnes… Pas que je les appréciais avant de toute façon…

On me pose des questions. Encore. Et encore. Je reste figé dans mon silence, les yeux baissés. Je ne veux pas répondre. Ou alors un “merde !” retentissant. Ces crétins de médecins ont décrété que j’étais traumatisé, la bonne blague. Vis ce que j’ai vécu pendant trois ans et on en reparlera. “Il va lui falloir du temps, hum, hum…” Imbéciles. Je ne parle pas parce que je ne veux pas. Point.

Une fois ma “guérison” prononcée, bien que je ne serai jamais guéri de cette blessure, j’ai été convoqué chez le juge pour enfant. Ce dernier m'annonça d’une voix faussement compatissante que ma mère avait été internée dans un hôpital psychiatrique et que au vu de mon jeune âge, de mon histoire touchante, bla, bla, bla… je devrais être placé dans une famille d’accueil sous peu, mais d’abord je dois d’abord intégrer un foyer pour jeunes.

Gé-nial.

J’avais tout fait pour ne jamais en arriver là. Tout. Il a fallu qu’elle déconne. Une fois de plus ! La fois de trop.

La colère et la haine que je me retenait d’éprouver depuis ces trois années font surface. Violemment. Je les sens monter, encore et encore… Durant cette période, le simple fait de pouvoir rester auprès d'elle m'avait fait tenir. Je me disais qu’on pourrait peut-être surmonter tout ça… Maintenant qu'elle est partie, qu'elle m'a abandonné, qu'elle a essayé de me... non je veux pas, je ne peux pas y croire. Le magma de mes sentiments brûlants menace de m'incendier.

Bien qu’à l’extérieur je paraisse amorphe, je bous littéralement sur place. J’ai envie de frapper, de hurler mais encore une fois je me retiens. Pourquoi ? Aucune idée. Je cherche un échappatoire, un exutoire. Mes sentiments sont un tourbillon de noirceur qui s’enroulent sur eux-même, encore et encore. Et je me retrouve au centre. Prisonnier.

Dans ma tête, plusieurs voix se sont mises à hurler : je crois que je deviens fou. C’est comme si un autre moi voulait sortir, quelqu'un de sombre... Il me fait peur... Mais peut-être que si je le laisse me submerger... Non. Je le contiens mais à peine : je ne sais pas de quoi il serait capable. Heureusement, le psy m’a filé des médocs. À chaque prise, je me sens… calme, serein. Je les ai toujours avec moi. Au cas où…

On me sort donc de l’hôpital. Drogué, je suis complètement amorphe… Autant dire qu’ils pourraient m’emmener en enfer que je n’en aurais rien à foutre. Je n’aurais pas cru pouvoir si bien dire. La voiture me dépose devant une grande bâtisse sinistre : dans un film d’horreur, elle ferait succès. Les murs jadis de grès blancs sont gris et vermoulus et les grandes fenêtres à carreaux sales semblent vouloir vous avaler tout cru. Quelques graffitis ici et là achèvent la décoration.

Un endroit idéal pour se pendre.

Je souris malgré moi à cette pensée. Ces pensées suicidaires fleurissent de plus en plus souvent dans mon esprit torturé. L’éducateur a l’air ravi de m’accueillir, autant que moi de vivre. Il ne fait même pas l’effort d’être cordial ni de sourire, comme si j’étais une corvée de plus. Il m’indique ma chambre : si j’ai bien compris je ne devrais rester ici qu’une semaine. En fait peu m’importe. Serais-je encore de ce monde dans une semaine ?

Le seul avantage c’est que j’ai une chambre pour moi seul, rapport aux soins qui doivent encore être faits. Comble du luxe, j’ai une infirmière journalière pour mes pansements. Allongé sur le minuscule lit de camp dans une pièce qui fait à peine six mètres carrés, j’ai l’impression d’être en prison. Même ma mini-fenêtre a des barreaux. Pas que je puisse m’échapper par là de toute façon.

  • Oh ! L’enfant ! Le repas est à 19h00. Si tu viens pas, tu manges pas.

Je m’en fous, connard.

Mon regard en dit peut-être long, peut-être pas. L’éduc hausse les épaules et s’en va. Combien de temps passe ? Une heure ? Deux ? Une demi-journée ? Je n’en sais rien.

Je suis allongé sur ce lit crasseux et j’attends. Quoi exactement ? Aucune idée. La mort peut-être.

  • Oh ! Tu as rendez-vous. Sors de là.

J’émerge. Je me suis endormi ? Sûrement. Le même éducateur que la dernière fois est là, accompagné cette fois-ci d’une jeune femme. Elle me sourit : je peux lire dans ses yeux toute la pitié qu’elle éprouve pour moi. Cet air “mon pauvre, pauvre petit bichon”... Je hais ce sentiment. Je ressens à nouveau toute cette colère bouillir en moi. Mes mains se mettent à trembler… Mes yeux croisent les siens et elle fait un pas en arrière.

  • Hey ! me lance l’éduc, ravale-moi ce regard ! Tu n’es pas ici pour…
  • Laisse tomber Rick, me défend-elle, ce n’est rien. C’est de ma faute.
  • Pff… Comme tu veux.

Ils me conduisent dans un bureau lumineux, meublé de canapés de cuir et de meubles en teck. Quand je pense à l’allure du bâtiment et à ma “chambre”, je sens comme un rire nerveux monter dans ma gorge.

On voit où tout l’argent passe n’empêche…

  • Bonjour, Tristan.

Je reconnais cette voix. Celle de mon psychologue. Gras, transpirant et essoufflé comme s’il courait le marathon new-yorkais tous les jours, il n’a aucun charisme. Je soupire exagérément et reste debout près de la porte.

  • Tu comptes rester planté là ?
  • Devrais-je subir encore ton silence aujourd’hui ?
  • Tu sais, je ne pourrais pas t’aider si tu ne dis rien. Parlons un peu de ta mère, veux-tu ? Quelle relation aviez-vous ?

Ma mère ? Relation ? Laisse-moi rire.

Il insiste. Encore. Et encore. A chaque fois qu’il prononce le mot mère ou maman, je sombre un peu plus. Je bous. Je vais éclater. Tout devient noir autour de moi. Ma respiration s’accélère. Je lève les yeux vers le cinquantenaire grisonnant et bedonnant assis dans son fauteuil, dégoulinant de transpiration. Il m’écoeure. Il parle encore et encore, sans se soucier de moi. J’avance d’un pas, puis d’un autre. J’ai l’impression que tout se passe au ralenti…

Bute-le !

Un voix sombre. Gutturale. Dans ma tête. J’ai envie de lui obéir. Ma main s’approche de l’énorme lampe sur le bureau et…

  • Tristan ! hurle-t-il. Je peux savoir ce que tu as l’intention de faire ?

Je plonge mon regard dans le sien, espérant qu’il puisse y lire la démence qui commence à naître en moi. Je ne sais même pas si je souris ou si mon visage est neutre. Il se lève péniblement en tapant du poing sur la table, manquant de peu de s’écrouler au sol maladroitement.

  • Ce n’est pas d’un psychologue dont tu as besoin mais d’un psychiatre ! Je m’en vais de ce pas prévenir qui de droit.

Il sort de la pièce en me laissant en plan. Je ne sais pas quoi faire de ma colère. Je ne sais pas quoi faire de toute cette violence qui bout en moi. Je tourne en rond comme un lion en cage. Je voudrais hurler mais aucun son ne sort. À quoi bon ?

Je quitte la pièce en trombe et cours vers la sortie la plus proche. Une fois dehors, l’air froid me pique la peau et les poumons : j’ai mal mais étrangement ça me fait du bien. Au fond de la cour, près du portail, j’aperçois un arbre mort et m’approche. J’ai envie de frapper. Je lance mon poing dans le tronc.

Putain ça fait mal !

Mais je ne m’arrête pas. Je frappe encore. Et encore. Je suis sûr qu’en cet instant précis, je souris de toutes mes dents. J’aime cette sensation. Cette douleur… Quelqu’un m’attrape sous les bras et me soulève.

  • Oh là ! Doucement, garçon !

Je me débat mais impossible de me défaire de cette emprise. Finalement, je perds peu à peu pied et sombre dans un puits sans fonds.

Je me réveille dans ma chambre. Mes mains sont bandées et je ne ressens plus aucune douleur physique. Simplement un vide monumental dans ma poitrine. Je tourne la tête et constate qu’il fait sombre. Ça fait combien de temps que je suis ici ? Deux jours ? Une semaine ? Je n’en ai pas la moindre idée.

Pourquoi ne pas en finir ?

Cette pensée revient une fois de plus dans ma tête. C’est vrai ? Pourquoi pas ?

Je sors la pièce, en quête de… solution ? J’erre dans les couloirs sombres.

En finir… mais comment ?

Je crois que j’ai faim. Mon estomac me rappelle douloureusement que, oui, je suis encore en vie. Je n’ai pas mangé depuis… euh… depuis quand déjà ? J’aperçois un rais de lumière sous une porte. Des éclats de voix. Des rires. Des JEUNES.

Tout.

Tout sauf ça.

Je ne veux pas voir d’adolescents. Je fais demi-tour et ignorant les gargouillis de mon estomac, retourne dans ma chambre avant d’avaler un cachet.

J’ai quinze ans et ma vie est un enfer.

  • Oh ! Tu en as de la chance ! Y a des gens pour toi.

De la chance ? Im-bé-ci-le…

Encore cet éduc de merde. J'émerge, lentement mais sûrement. Trois jours ont passé depuis mon tête à tête avec l’arbre. Mes mains commencent à guérir et je n’ai qu’une envie, c’est de recommencer. Hop ! Une pilule. Rick m’emmène dans la fameuse pièce lumineuse pour me présenter à "ma nouvelle famille".

Ma nouvelle quoi ?

Nouvelle. Famille. La bonne blague. Dans mon semi état de conscience, je les regarde. Ils ont l’air gentil… La femme s’appelle Stéphanie : c’est la première a ne pas me regarder avec des yeux de merlant frit. Ses prunelles bleues se fixent dans les miens et j’y décèle… de la force. Oui, de la force. Sans me parler, elle sait m’exprimer son soutien. Lui c’est Arnold. Une carrure de bûcheron et un air niais. Bof.

  • Le voici, déclare Rick en me poussant vers eux.
  • Merci, déclare l’homme.

J’ai déjà entendu cette voix. Mais où ?

  • Bien, je vous laisse avec le directeur pour les formalités administratives.

Rick semble perplexe…

  • Dire qu’on a des gamins mille fois mieux et c’est à lui qu’on donne sa chance… Pfff, je l’entends murmurer.

On me pose dans le couloir, comme un vulgaire déchet. Après tout, je ne vaux pas plus. Deux jeunes filles et un garçon passent près de moi.

  • Regarde-le… Putain qu’il est moche ! murmure une, assez fort, exprès pour que je l’entende.
  • Arrête ! Tu sais, c’est le taré qui a tapé dans l’arbre l’autre jour, énonce l’autre en ricanant. C’est toi qu’il va taper, si tu le vexes…
  • Quoi ? Ce gringalet ? rigole le troisième luron. Il ne risque pas de te faire mal…

Ils éclatent tous les trois de rire. C’est pour ça que je hais les adolescents. Toujours à parler pour ne rien dire. Je décide de les ignorer. En tout cas, j’essaie. Le mec s’assoit à côté de moi et passe un bras autour de mes épaules.

NE ME TOUCHE PAS !

Mon esprit hurle. Mon sang se met à bouillir comme à chaque fois que quelqu’un frôle ma peau.

  • Alors, comme ça on aime taper dans les arbres, ptit PD ?

Il n’en aura pas fallu plus. Je tourne lentement la tête vers lui. Son sourire s’efface devant mes yeux vides. Avant qu’il ne puisse ajouter quelque chose, je lui mords l’avant bras jusqu’au sang. J’adore ce goût métallique ! Ses yeux se révulsent et il se met à hurler en concert avec les deux filles. Je ne lâche pas ma prise. Il se lève et me donne un coup de poing au visage : j’essaie de répliquer mais il est plus grand et plus vif que moi… Je me retrouve assez vite au sol, le nez éclaté.

  • Pauvre taré ! me lance-t-il, avant de me cracher dessus.

Il s’éloigne tout en minaudant pour sa blessure afin que les filles s’occupent de lui. Je reprends ma place, le sourire aux lèvres. Le bruit suscité par notre petite altercation a fait s’ouvrir la porte du bureau.

  • Mais… Qu’est-ce que c’est que ce bazar ? demande Stéphanie. Il n’était pas censé rester seul ?
  • Pardonnez-moi, Mme Renaud, mais nos éducateurs sont débordés et je…
  • Oui, oui… Bon. Les formalités sont OK ? (hochement de tête affirmatif du directeur) Allons soigner tout ça.

Avant que je ne puisse comprendre ce qui m'arrive, je me retrouve dans la voiture qui me ramène à "mon nouveau chez moi", comme ils aiment le dire. Stéphanie fait la conversation et m’annonce que je ne suis pas le seul enfant à la maison. Ils ont un fils de dix-neuf ans. Adopté.

  • Il a l'air méchant mais au fond c’est un bon pti gars, annonce Arnold.

Super… Un grand frère… Je n’arrive toujours pas à savoir où j’ai entendu sa voix.

Je ne pipe mot mais n’en pense pas moins. Je regarde le paysage défiler en faisant le vide dans mon esprit, profitant des effets de mon médicament préféré. Je ne vois rien sinon un blanc vide de sens. J'aime bien... Ça me change de mon tourbillon noir ou de mes murs gris...

“Ma” nouvelle maison est assez classe. Presque digne d’un film. Une allée dallée de carreaux rouges et beiges, un garage à porte automatique où deux voitures peuvent y loger, une devanture blanche avec des volets bleus, une pelouse verte bien entretenue, des petits buissons fleuris… Tellement stéréotypée.

  • Ça en jette hein ? Très film hollywoodien… me murmure Stéphanie.

Je baisse les yeux pour cacher mon sourire. Cette femme m’apaise. Alors que je ne la connais même pas. Nous entrons. Visite guidée rapide des différentes pièces par la maîtresse de maison. Malgré mon air maussade, j’apprécie la décoration tout en couleurs pâles et discrètes. Rien d'extravagant mais ce n’est pas fade non plus. Ça me plaît. Une porte attire mon attention sans que je sache pourquoi.

  • La chambre de Rey… Entre nous, si il ne t’y invite pas… N’y entre pas ! Quoique… Même s’il t’y invite, n’y va pas !

Euh… D’accord.

C'est tout ce que mon esprit à demi embrouillé est capable de penser. Stéphanie me laisse dans ce qui désormais sera "ma" chambre. La pièce est juste à côté de celle de ce fameux Rey. Je suis tout de même piqué par la curiosité.

À quoi peut-il bien ressembler ?

Je jette un œil autour de moi. Les murs sont blancs, histoire que je choisisse moi-même ma couleur selon Stéphanie, quelques étagères ici et là, un dressing simple et mon lit. J’ouvre l’unique porte du dressing pour y découvrir… un miroir.

Je reste interloqué devant mon propre reflet. Ce corps maigre, ces cheveux sans aucune couleur… Je suis un fantôme. Une merde. Je ne veux plus me voir. Je supporte à peine le regard des autres… Je déteste cette image. Mon image. Je serre et desserre les poings jusqu’à ce que la douleur de ma poitrine s'atténue. Sans succès. Elle ne veut pas disparaître. J’éclate alors ce gosse en face de moi. Malgré les fissures, il est toujours là goguenard, perdu, les joues striées de larmes. Je frappe encore. Je ne ressens pas la douleur des coupures à mes mains déjà blessées mais uniquement le vide intersidéral de mon cœur. La porte s’ouvre avec fracas.

  • Seigneur ! Tristan ! Mais qu’est-ce que tu as fait ? Arnold, Arnold !

Arnold entre dans la chambre et me saisit à bras le corps. Je me débat à qui mieux, mieux. Cet homme a une force herculéenne. Ça y est je me souviens… C’est lui qui m’a attrapé lorsque je me défoulais sur l’arbre mort. Stéphanie attrape mon visage en coupe et me force à la regarder dans les yeux. Son océan limpide me calme petit à petit.

  • Tristan. Tristan… Tout va bien. Ce n’est qu’un miroir. Calme-toi et respire, bon sang.

Je ne m’étais même pas rendu compte que je retenais mon souffle jusqu’à ce que je sente la brûlure de mes poumons. Arnold me lâche et je me recroqueville à même le sol. Stéphanie m’attrape dans ses bras et me porte jusqu’au lit.

  • Mon dieu que tu es léger… Il va falloir remplumer tout ça…

Cette étreinte soudaine me réchauffe presque instantanément. Je ferme les yeux pour l’apprécier mais Stéphanie me lâche. Je me roule alors en boule. Je ne veux plus voir personne. J’entends la porte se fermer et sors alors mes pilules magiques. Ce n’est que ma troisième prise aujourd’hui, ça va…

Je finis par ouvrir les yeux. Depuis combien de temps suis-je allongé ici ? Aucune idée… Peu importe. Je sors de ma léthargie et jette un œil autour de moi : finalement, ma chambre me plaît telle qu’elle est. Neutre. Vide. Comme moi. Sans importance. Je n’ai pas envie de sortir d’ici. Roulé en boule sur mon lit, je ne ressens rien, à part ce vide qui ne cesse de grandir.

TOC. TOC.

Quelqu’un frappe à la porte. Je n’ai jamais eu cette habitude et ne sais pas quelle attitude adopter. Je ne bouge donc pas. Stéphanie entre.

  • Tu descends dîner ?

Je ne réponds pas, tellement la question me semble saugrenue. Je la fixe, espérant qu’elle lira la réponse dans mes yeux.

  • Très bien… J’imagine que c’est trop tôt… Écoute, Rey… Notre plus grand garçon… doit rentrer d’ici deux ou trois jours. Essaie de t’habituer à nous d’ici là d’accord ?

De m’habituer ? Comment fait-on ça ? Et pourquoi devrais-je le faire ?

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