Chapitre 7

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Le retour au bureau ne fût pas anxiogène. Je prenais plaisir à me remettre au travail. Je me sentais même détendue, chose assez rare pour être notée.

Je pris les tâches une par une et avançais avec une efficacité remarquable. Il ne me restait plus qu’à appeler Dermalib afin de convenir d’un rendez-vous pour la semaine suivante.

  • Dermalib, Sandra à votre écoute.
  • Oui bonjour Noa BORTON qualiticienne du groupe Your Quality. Je souhaiterai venir sur votre site de production la semaine prochaine afin de faire un tour produit et relever les différentes étapes du process. A quelle date et heure pourriez-vous m’accueillir s’il vous plait ?
  • Bonjour Madame, un instant. Je vois cela avec le responsable. Je vous reprends tout de suite.

Mon agenda ouvert sur mon ordinateur, j’attendais patiemment en détaillant l’état de mes ongles. Mon vernis rouge était tout écaillé. La fin de la journée approchait et je savais cette fois que j’allais pouvoir débaucher de bonne heure. Cette pensée me donna une énergie folle !

J’en profitais pour envoyer un SMS à Bastien. J’étais en joie d’aller chercher les enfants ce soir. Peut-être que cela pardonnerait un tantinet mon comportement de la veille… Bastien pouvait se montrer assez rancunier.

  • Vous êtes toujours là ?
  • Oui
  • Est-ce que mercredi à 8h vous conviendrait ?
  • Parfaitement, c’est noté.
  • Parfait. Notre responsable de ligne, Mr ROULLO vous accompagnera et répondra à toutes vos interrogations.
  • Merci beaucoup et bonne soirée à vous.
  • Pareillement.

Une bonne chose de faite. Le mercredi ne m’arrangeait pas spécialement mais je m’adapterais. Mon téléphone m’indiqua la réception d’un message et cela me tira de ma rêverie. Sûrement Bastien qui me répond.

« Noa, comme toujours pas de nouvelles bonnes nouvelles, comme on dit. M. »

Mon humeur gaie se transforma en deux secondes en ruminations. Ma tante me sortait par les yeux ce derniers temps. Encore plus que d’habitude. Uniquement des reproches. Que veux-tu que je réponde à ça ? Eh puis merde, ça attendra. J’ai carrément d’autres priorités ce soir.

Ce message avait quand même entaché quelque peu mes pensées. J’essayais de me concentrer sur le positif et sur la perspective de passer du temps en famille.

Je commençais par récupérer Léo à l’école en empruntant le bus numéro un. Je fermais les yeux pendant le trajet, me laissant bercer par les conversations des voyageurs. Mes yeux étaient fatigués. Les écrans avaient été omniprésents pendant la semaine et une pesanteur agaçante faisait plier chacune de mes paupières.

« Prochain arrêt École Saint-Martin »

La voix du bus me tira de mes songes et j’appuyais sur le bouton pour signifier au chauffeur ma descente à cette station.

Léo courra vers moi un immense sourire sur son visage blondinet, son doudou au bout de ses doigts. Son petit cartable orange sautait à chaque pas marquant le rythme soutenu de son périple. Il était heureux de voir sa maman à la sortie des classes et moi aussi.

Il me fit un immense câlin et mit sa minuscule main dans la mienne me montrant presque la direction à prendre.

J’en avais décidé autrement cependant.

  • Ça va mon amour ? Tu as passé une bonne journée ?
  • Voui. Je suis content que c’est toi qui vient. Tu viens presque plus jamais…

Aïe. J’essayais de ne pas montrer ma peine à mon petit bout. La vérité sortait bel et bien de la bouche des enfants.

  • Je sais mon amour. Je te promets que je vais faire des efforts. Mais avant d’aller chercher ta sœur, j’ai une proposition à te faire.
  • Une surprise ? C’est quoi ?

Il se dandinait su place et était visiblement excité de connaitre mon projet secret. C’était voulu, bien sûr. J’avais une folle envie de me faire un petit « tête à tête » avec mon petit garçon. Le temps passait à une allure folle et il grandissait bien trop vite à mon goût. J’avais besoin d’un arrêt sur image, ne serait-ce que pour trente minutes.

  • Que dirais-tu d’aller choisir une glace et de la manger dans le parc aux canards ?
  • Ouais !!!!

Il me fit une danse de la joie. Je lui avais appris cela dès son plus jeune âge. Dès que l’on était content avec Bastien on plait les jamais et levait les bras en l’air avec un déhanché certes ridicule mais tellement gratifiant ! Désormais, il nous imitait à la perfection et ses maladresses nous faisaient fondre le cœur.

Léo choisit la fraise et moi la vanille. Je dus lui essuyer le visage au fur et à mesure car il s’en badigeonnait à chaque bouchée. Il avait toujours du mal à choisir entre lécher sa glace et la croquer. Peu importe la technique, nous passions un agréable moment et cette journée ne pouvait pas mieux se clôturer.

Après une course poursuite avec les moineaux et les canards, nous primes le chemin de la nounou.

Léo raconta sa journée à sa sœur sur le chemin du retour. Il avait pris l’habitude de lui parler comme si elle répondait. Il prenait son rôle de grand frère très au sérieux. Il y avait une belle complicité entre ces deux enfants depuis quelques semaines. L’arrivée de Cléa n’avait pas été aussi facile qu’on l’avait envisagé. Léo avait eu du mal à partager notre attention.

Je portais Léo sous les bras afin qu’il puisse ouvrir la porte d’entrée de notre maison. C’était son « truc » du moment. J’avançais avec la poussette et Cléa se mit à pleurer. Je me dépêchais de jeter mes chaussures et mon manteau à l’arrache dans le hall pour pouvoir la sortir rapidement et la bercer contre moi.

Un peu plus tard dans la soirée, les bains pris et les pyjamas mis, je commençais à préparer le diner. Cléa était sur le point de s’endormir. Son transat était à côté de moi dans la cuisine et Léo dessinait tranquillement sur le carrelage du salon. La cuisine américaine se prêtait parfaitement à la surveillance des enfants.

J’avais décidé de préparer un petit plat simple mais goûteux. Des pâtes à l’arrabiata. Une recette de ma grand-mère italienne, partie top tôt. Je savais que Bastien allait se régaler. C’était son plat « doudou » et après une journée stressante, ça lui conviendrait certainement.

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