La bête dans le miroir

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Quand je fus réveillé par les cliquetis des machines qui m’entouraient (le moindre son était devenu à mes oreilles un réel supplice), Plusieurs jours avaient déjà passé. Je ressentais toujours cette douleur vive au niveau des membres, bien qu’elle fût moins insupportable qu’avant. La douleur. La seule chose qui me raccrochait à la réalité de la situation dans laquelle je me trouvais. Je pouvais y penser ; ce qui voulait dire que je n’étais pas devenu totalement ce je ne savais quoi que l’autre avait tenté de créer. Cependant, je savais qu’un énorme changement s’était opéré aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et cela sûrement de manière irréversible.

Remarquant que j’avais gagné en muscle, et par conséquence en force, je tentai de me défaire de mes liens. Quitter ces lieux était ce à quoi je pensais désormais. Je forçai donc sur les sangles qui me retenaient à la table. Je me surpris à les arracher sans trop d’efforts.

Malgré ma nouvelle force, je me sentais tout engourdi et peinais à me déplacer convenablement. J’avançai donc d’un pas lent et maladroit vers la sortie, lorsque mon regard fut attiré par l’énorme miroir qui se dressait là, entre moi et la porte.

Je me dirigeai alors vers celui-ci, tremblant de ce que j’allais y découvrir. Quand mes yeux se posèrent enfin sur le reflet qu’il me renvoya, ma stupeur me plaqua sur place. Devant l’horreur qui se tenait de l’autre côté du miroir, impossible de pousser le moindre hurlement de dégoût ou de frustration ; tant le choc en avait été tétanisant.

J’étais réellement devenu une bête. Une créature de chair et de muscles. Ma peau était devenue écailleuse, et ma tête comme le reste du corps avait triplé de volume. Ma dentition était également plus acérée. Si je pouvais me décrire je me comparerais à Killer croc dans Batman. Bien que lui aurait paru bien moins horrible à mes yeux. Ou alors peut-être avais-je perdu toute objectivité du fait que c’était moi qui avais subi cette affreuse mutation ?

La tétanie finit par laisser place à une rage bouillonnante et grandissante. J’écumais de furie. Je poussai alors un hurlement si puissant qu’il en déchira le voile paisible et silencieux de la nuit qui s’était doucement posé sur les lieux. Je pensai même que l’on eût pu m’entendre à des kilomètres à la ronde.

Me rendant compte du bruit dont je venais d’être responsable, je plaquai une main sur la bouche. Je m’attendis que l’on vînt en courant voir ce que je faisais, mais personne n’arriva. Je patientai encore quelques instants avant de me précipiter vers la porte.

Je couru à travers le dédale de corridors. Au fur et à mesure que mes pas battaient la mesure, tels les tambours funestes d’une sombre fatalité, mon esprit commença à s’envelopper dans un épais brouillard. J’étais effrayé par ma nouvelle forme, et toute rationalité commençait lentement mais sûrement à laisser place à mes instincts les plus primaires.

Je courais et courais encore, sans même savoir ou j’allais. J’étais perdu dans ce labyrinthe de murs blancs, de tuyauterie qui serpentait voracement au plafond. J’étais alors comme un animal apeuré cherchant désespérément une échappatoire.

Dans ma course, mon acuité auditive s’étant accrue elle aussi, je pouvais capter derrière une porte ou deux, des hurlements de douleur et de terreur. Ma raison affaiblie me dictait de faire quelque chose mais, malheureusement, mes instincts primaires avaient déjà pris le dessus. Je ne pensais donc plus qu’à quitter les lieux, pensant avant tout à ma propre survie.

Soudain, une porte s’offrit à moi, juste droit devant. Je perçus la lueur du jour filtrait faiblement par-dessous. Je me précipitai donc en direction de celle-ci. Humant le doux parfum de la liberté.

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