L'ascension au trône 5/6

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— Nous sommes réunis aujourd’hui afin de recommander votre âme à la Déesse. Puisse-t-elle vous guider vers sa lumière et puissiez-vous trouver la paix au sein de son royaume.

   Lorenna et Lord Chamberlan se prirent alors la main. Le peuple les imita quelques secondes plus tard. Tandis que le prêtre Obson entonnait une série de prières, les soldats allumèrent le bucher. Seul le crépitement des flammes, le bois qui craque et le psalmodiement du prêtre Obson rompait la tranquillité.

   Les flammes gagnaient en intensité et en chaleur à mesure que ce dernier progressait dans ses diverses prières. Finalement, quand le brasier fût à son paroxysme, il leva la tête, les bras tendus vers le ciel et s’écria :

— Ô Déesse, acceptez cet homme, votre enfant, dans votre royaume de lumière.

   Tous regardaient le corps de l’homme qui avait veillé sur le royaume durant de nombreuses années, brûler et se transformer peu à peu en cendres. Mais le mutisme général ne dura pas puisque le prêtre reprit la parole pour évoquer un tout autre sujet.

— Bien qu’il s’agisse d’un jour de recueillement et de deuil, il nous faut malgré tout penser au royaume. Il s’agit donc également d’un jour de renouveau et de succession.

   Un murmure s’éleva lentement de la foule, hommes et femmes échangeant des regards interrogateurs.

— Comme vous l’a appris la princesse Lorenna, la femme de notre défunt roi est dans un triste état. Après évaluation par nos meilleurs médecins, ils en ont conclu que l’état physique et mental de Dame Maëwen n’était pas suffisant afin qu’elle assure son nouveau rôle.

   Le peuple appréciait beaucoup Maëwen et certains, déçus par cette nouvelle, quittèrent l’assemblée sur le champ. Les autres, curieux de ce qu’annonçait la suite, décidèrent de rester.

   Lorenna avança alors pour se tenir aux côtés du prêtre.

— Selon les lois qui ont été établies concernant la succession, dans les conditions ici présentes, c’est le premier enfant né qui devient héritier légitime. Ainsi, Lorenna sera nommée reine du royaume de Warnhos.

   Un page vint apporter la couronne, toute d’obsidienne faite, et la confia au prêtre Obson. Le peuple compris alors que le couronnement avait lieu bien que la dépouille de l’ancien dirigeant fût toujours en proie aux flammes. Un choix discutable. Un total manque de respect si l’on en croyait les mines scandalisées qu’affichaient certains.

   Lorenna se tourna face au prêtre, posa un genou à terre et regarda le sol devant elle.

— Lorenna Lewis, fille de Daniel Lewis, acceptez-vous de devenir la trente-sixième dirigeante du royaume de Warnhos ? Acceptez-vous la tâche colossale qui vous incombe ?

   Lorenna leva la tête et regarda le prêtre Obson droit dans les yeux.

— Je l’accepte, déclara-t-elle avec un air de défi.

— Jurez-vous de guider le peuple du mieux que vous le pourrez et de maintenir une bonne relation avec les royaumes voisins afin de faire prospérer la paix au sein du royaume ?

— Je le jure, répondit-elle avec un léger sourire.

— Enfin, jurez-vous de servir la Déesse, d’écouter sa voix et de la laisser vous guider aussi longtemps que vous exercerez votre rôle ?

   Elle réprima un rictus. Elle savait pertinemment ce que signifiait cette dernière phrase. La Foi et notamment le prêtre Obson souhaitaient s’assurer un siège au conseil royal. Cependant son souhait était de devenir reine, peu lui importait la présence d’Obson, alors elle jura.

   Celui-ci déposa la couronne d’obsidienne sur la tête de celle-ci avant de lui prendre la main et de s’écrier :

— Relevez-vous Lorenna Lewis, trente-sixième dirigeante de Warnhos. Une reine ne s’agenouille pas face à son peuple.

   La foule applaudit alors leur souveraine avec une grande énergie. Les soldats firent cogner leurs armes contre leur bouclier et les cloches se mirent à sonner. Même ceux qui paraissaient tout d’abord sceptiques finirent également par l’acclamer, se laissant porter par la ferveur qui régnait dans l’assemblée.

   Tandis que le prêtre Obson reprenait sa place et que Lorenna se plaça face à eux, tous posèrent un genou à terre, le poing placé au niveau du cœur et scandèrent :

— Vive la reine ! Longue vie à la reine !

   Lorenna profitait du moment. Jamais de sa vie elle n’avait été acclamée de cette manière. Bien sûr, elle avait été applaudie plusieurs fois en présence de son père, mais les acclamations s’adressaient plus à lui qu’à elle. Les choses étaient différentes à présent et voir la foule la regarder avec respect et adoration faisait monter en elle un étrange sentiment de puissance. Mais elle n’avait que faire d’être une reine aimée du peuple. Ce qu’elle souhaitait, c’était devenir une reine efficace.

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