Jour 4 - Les bas quartiers
Non mais sérieusement, quelle image il donnait des écureuils ? Des petits rongeurs pervers ? Jamais, mais alors jamais, je ne lui aurait donné ce qu'il demandait. J'ai pensé que Gilles non plus, alors je me suis tourné vers lui pour décider de ce qu'il fallait faire. Et là, âmes sensibles s'abstenir, j'ai vu mon gros colocataire s'approcher doucement de Pop Corn. L'écureuil frémissait d'impatience, et tout en fixant Gilles, il a renchéri :
- " Alors, il vient ce bisou ? "
Lorsque Gilles fut est arrivé à côté de lui, il s'est approché doucement de sa tête, tendant le bec. J'ai regardé la scène sans la comprendre vraiment, Gilles n'aimait personne. Même pas moi, le plus agréable des hérissons du quartier ! Bref, quand leurs têtes étaient enfin côte à côte, je me suis attendu au pire et soudain : Paf ! Un énorme coup de boule de la part du rouge-gorge ! Pop corn est tombé raide, d'un coup. Après m'être assuré qu'il respirait encore, j'ai rejoint Gilles qui s'était assis, les mains sur la tête comme s'il réflichissait.
- " Et ben là, tu m'as épaté ! On va pouvoir continuer notre chemin, et rencontrer le plus gros blaireau. "
Gilles est resté immobile, toujours avec cette fameuse tête de penseur.
- " Euh, Gilles ? T'as encore un éclair de génie ?
- " Non, j'ai juste extrêmement mal au crâne... C'est qu'il a la tête dure, l'écureuil...
Après cet incident malencontreux, ces problèmes de Pop Corn et de bisous, nous sommes repartis vers la tanière du plus gros blaireau. Aucun autre incident sur la route, et un peu plus tard nous sommes arrivés devant sa porte. Un grand terrier creusé à même le sol, dont l'entrée était gardée par deux impitoyables escargots. Je crois qu'ils ont essayé de nous retenir, mais pas sûr, ils ont à peine bougé. Nous avons exploré sa tanière à sa recherche, mais c'était un vrai labyrinthe. Des couloirs s'entremêlaient, se croisaient et ils se ressemblaient tous. Puis, au détour d'un couloir, Gilles et moi avons entendu une voix lointaine, que l'écho du terrier nous renvoyait.
- " Héris, Héris, Héris.... je t'attendais... "
Oui, je sais ce que vous vous dites : cliché ! mais là, c'est vraiment ce qui s'est passé. Nous avons suivi la voix jusqu'à arriver dans une salle ronde, assez spacieuse. Au milieu se tenait une masse difforme, dont l'odeur n'était pas sans rappeller le cadavre de Popotte. Désolé, ma vieille. C'était lui, le plus gros blaireau... peu à peu, l'obscurité s'est retirée et on a réussi à aperçevoir enfin celui que l'on cherchait. Et mon dieu, quelle horreur ! Ses yeux se perdaient sous ses rides, un nuage de mouches tournait tel un escadron autour de lui, son odeur emplissait l'atmosphère, et ses os craquaient dès qu'il bougeait sa gueule. Puis une voix beaucoup plus grave a retenti du fond du couloir :
- " Maman ! Tu fais fuir les visiteurs ! Allez, va manger des insectes ailleurs..."
Le vieux blaireau, qui apparemment était une femelle, s'en alla en bougonnant et en marmonnant des choses incompréhensibles. Le plus gros blaireau, qui n'était pas si gros finalement, a pris sa place et nous a regardé d'un air hautain :
- " Vous avez payé le péage ? "
Ah, euh oui, le fameux péage. Dans cette situation, le mensonge était la meilleure solution, j'ai donc pris la parole :
- " Oui, oui, nous l'avons payé d'ailleurs...
- Mais non Héris ! On l'a pas payé, rappelle-toi je lui ai collé un de ces pains dans la tête, à l'autre écureuil ! Croyez-moi, monsieur le plus gros blaireau, il s'en souviendra longtemps ! "
Mais qu'est ce que j'allais faire de lui ? Gilles me déprimait, et j'ai bien cru qu'on allait se faire mordre quand le plus gros blaireau s'est mis à rire :
- " Ah ah ah, mais oui c'est ça. Toi, gros tas de graisse, battre en duel singulier l'écureuil le plus teigneux du quartier ? Ah ah ah, elle est bien bonne celle-là
- " Mais non monsieur, je vous assure que... "
Je lui ai piqué les hanches de mes épines avant qu'il ait le temps de continuer. Il allait pas faire rater tout notre plan machiavélique d'un seul coup ! Le plus gros blaireau avait fermé les yeux, et entendait les esprits des rongeurs qui lui annonçaient l'avenir. Enfin, c'est ce qu'il disait. Puis, il nous annonça :
- " Votre avenir est ailleurs. Vous devez... Eh ben... Vous devez choisir une direction et marcher tout droit vers là jusqu'à trouver ce que vous cherchez. Voilà !
- Mais, monsieur, c'est quoi qu'on cherche ?
- Oh, vous le découvrirez bien assez tôt ! "
Et c'est sur ces derniers mots que nous sommes partis de sa tanière, choisi notre destination et commencé notre aventure. Droit vers le soleil ! Oui, c'était basique mais il faut dire que il n'y a pas beaucoup de repaire autour de nous, à part des arbres et des cabanes à oiseaux... Oh, elle allait me manquer, cette cabane... Bref, nous sommes partis sans nous douter qu'au même moment dans la tanière du plus gros blaireau...
- " Ah ! Pop Corn, te voilà enfin ! Je viens de livrer une prophétie bidon à deux crétins. Non mais je te jure, quels blaireaux ces deux-là !
- Chef... Ils n'ont pas payé le péage !
- Oh mon dieu... Envoie tout le monde à leur recherche. Dis-leur qu'en récompense, ils auront droit à une prophétie ! "
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