Chapitre 1

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Il me semble que je suis né dans un potager. A peine sorti de l’œuf, je m’étais jeté sur une laitue. Laitue qui, selon mes souvenirs, n’était pas si mauvaise. Tout ce bruit avait dû attirer l’attention des personnes logées dans l’habitation à quelques mètres de là car une porte s’était ouverte, laissant s’échapper la lumière. Je m'étais tourné, apercevant une gigantesque silhouette au pas de la porte. J'avis penché ma tête de côté et l’individu s’était approché jusqu’à me surplomber. Il était si grand que je ne voyais même pas son visage, plongé dans l’obscurité.

-Ça alors… t’es qui toi ?

Et il s’était accroupi, me permettant ainsi de mieux le distinguer. C’était un jeune humain masculin à la peau mat et à la chevelure noire avec des yeux bleus. Je sentais toute sa surprise, que l'on voyait sans peine sur son visage. Sa grande main s’était tendue vers mois sans pour autant venir au contact.

-Eh, viens là petit. Viens là.

J'avais continué de macher ma laitue en le regardant du coin de l’œil. Finalement, intrigué par cette main, je m’en suis approché et je l’avait reniflé.

-J’m’appelle William. Et toi, t’es quoi ?

Il m’avait semblé dubitatif et je ne pouvais que le comprendre. J’étais probablement le premier animal de ce genre à apparaitre sous ses yeux. Une minuscule créature robuste avec deux petites cornes arrondies sur la tête et une bosse sur le museau. Des crêtes membraneuses courraient sur mon échine. Elles étaient marron clair, presque beige, et mon corps était de couleur argile.

-En tout cas t’es mignon. Allez, viens là…

Doucement, ses doigts s’étaient enroulés autour de moi et il m’avait porté à hauteur de visage. Nous nous étions regardés un instant, aussi étonnés l’un que l’autre. Puis William s’en était allé à la maison et avait refermé la porte. Quel endroit étrange.

-Alors, c’était quoi tout ce bruit ?

Une femme se tenait là.

-Regarde maman, c’est ce p’tit bonhomme qui s’était attaqué aux laitues.

Elle m’avait regardé, sûrement plus abassourdie encore que son fils.

-William... qu'est-ce que tu tiens dans ta main ?

- Je ne sais pas. Mais il est adorable. Je crois que je vais l’appeler… Rex !

-Tu n’envisage pas de garder ça ?

Son ton ne m’avait guère plut. Pour montrer que j’avais bien entendu, ma queue avait fouetté l’air.

-Eh bien, Rex ? Tu m’as déjà adopté, on dirait !

Je lui avait répondu d’un petit piaillement enjoué. Il m’avait ensuite emmené dans sa chambre et m'avait mis dans une caisse en bois. Puis il était parti et été revenu avec de la mousse, de l’herbe, quelques cailloux, de la terre et même des feuilles de laitue qu’il avait dispersé dans ce petit enclos. Je n’étais pas plus gros qu’un petit mulot.

-Et voilà, avait dit William. Tu seras bien là. Pas vrai ?

Il m’avait gratifié d’une gratouille sous le menton et était parti se coucher. J'avais donc entreprit de renifler mon nouvel environnement puis mon attention s'était reportée sur la nourriture. La même laitue que celle que j’avais commencé tantôt. Lorsque mon petit ventre fut plein, je m’étais couché sur le tapis de mousse. William me paraissait être un humain tout à fait exceptionnel, et il me semblait instinctif de faire tout mon possible pour l’aider.

Le lendemain avait été consacré à la découverte de la maison. Bien que petite, l’habitation avait le nécessaire. En voyant le bouillon de légume dans la grande marmite en fer, je n’avais pu résister. M’échappant des mains de William, je m’étais plongé dans l’eau bouillante.

-Rex !

J'avais ainsi grignoté tout ce qui flottait. Même la laitue me paraissait meilleure. J’eu le plaisir de découvrir les carottes, les pommes de terre et les navets. J’avais regardé William.

-Rex… c’était notre repas.

A son visage et au ton de sa voix, il était évident que j’avais fait une bêtise. Je m'étais donc extirpé du récipient et il m’avait séché avec un torchon. Puis il m’avait soulevé au-dessus de lui. Il ne semblait pas m’en vouloir, disant que ce n’était pas bien grave. Après tout, je n’avais fais que grignoter, selon lui. Puis nous étions sortis. Quel beau paysage j’eu la chance de découvrir. Le terrain de la famille de William se situait au sommet d’un mamelon, entouré d’autres petites collines vierges. Un long chemin à ma droite quittait la propriété, délimitée par un muret de pierre d’un mètre environ. Sur la pente du mamelon se trouvait un terrain agricole qui descendait jusqu’en bas. William avait dit qu’ici, la terre n’était pas assez souple pour accueillir des plantations. En effet, mis à part quelques touffes d’herbes, des cailloux et un ou deux arbustes, le champ n’avait pas l’air exploitable. Il m’avait montré ensuite les animaux qu’ils possédaient. Trois oies, cinq poules, un coq, deux cochons et un âne bien trop âgé pour travailler. Ici, presque tout se faisait à la force des bras. Le pauvre âne Napoléon ne sortait du domaine que pour quelques voyages jusqu’au village, afin de commercer. Je voulais les aider. Car en voyant William à la lumière du jour, il ne m’avait pas parut bien costaud. Si seulement je n’avais pas mangé leur repas. Une idée avait alors germée dans mon esprit de nouveau-né. M’étant à nouveau dégagé de ses mains, j’avais sauté au sol et je m'étais élancé vers un minuscule terrier.

-Eh ! Rex ! Où vas-tu ?

J'étais revenu quelques minutes plus tard avec un certain nombre de graines. La souris qui logeait ici m’avait gentiment laissée prendre un peu de ses provisions pour l’hivers.

-D’où tu nous sorts ça ?

J’avais poussé une graine jusqu’à lui. Je voulais qu’il comprenne qu’il pouvait planter cela pour subvenir à leurs besoins. Il s’était accroupie et m’avait regardé, dubitatif. J’avais donc creusé un trou pour y mettre la graine, le rebouchant par la suite.

-Oh, c’est ça que tu veux me dire ?

Je m'étais légèrement cabré. Cela l’avait fait sourire. Malheureusement, il m’avait aussi dit que cela ne servait à rien, étant donné la mauvaise qualité du terrain. Je métais senti plein de déception à ses mots. Mais j’allais trouver un moyen de leur venir en aide. Nous nous étions amusés pendant le reste de la journée. William semblait croire que je le comprenais parfaitement, étant donné la façon dont il me parlait. Certains mots m’étaient incompréhensibles mais je parvenais à comprendre ce qu'il voulait dire.

Le soir, j’avais été replacé dans ma caisse de bois. Mon maitre m’avait donné un ou deux légumes cuits encore chauds et je m’en été régalé. Je ne m'étais pas gêner pour mâchouiller un caillou après tandis qu’il me regardait, le visage éclairé par une bougie dans une coupole. Il avait esquissé un sourire.

-Demain, tu m’aideras avec les poules. En ce moment, elles sont un peu agitées.

J’avais hâte d’exécuter cette tâche. Pour une raison inconnue, je me sentais prêt à faire tout ce qu’il attendait de moi, même l’inimaginable. Je m’étais alors fait une promesse : quoi qu’il puisse arriver, William pourrait toujours compter sur moi.

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