Chapitre 8

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Les mois s’étaient ainsi écoulés sans grand changements. J’avait atteint la taille titanesque d’un mètre quatre-vingt et j’étais plus robuste encore. William disait qu’à moi seul, j’aurai pu tirer trois énormes mortiers de guerre. Les plantations du champ avait bien grandies et l’hiver était à nos portes. La nourriture s’était faite plus rare pour William et sa mère.

Un matin, mon maitre m’avait amené mon seau de légumes cuits. Il me paraissait plus maigre qu’à l’accoutumé et je sentais qu’il grelottait. J’avais regardé ma ration avant de poser mes yeux sur William. Je ne savais pas comment lui faire comprendre que je ne voulais pas ainsi manger le fruit de son labeur. J’avais alors saisit le seau par la hanse pour le lui donner. Il l’avait attrapé, quelque peu confus.

-Rex ? Que t’arrives-t-il ? Tu es malade ?

Je lui avait toucher les côtes du bout du museau. Son regard était devenu plus grave.

-Tu es malin toi. Tu as gagné.

Et il s’en était allé. Je m’étais tourné pour trottiner vers Napoléon dont le poile s’était épaissi mais dont le corps s’était amaigri. A partir d’un moment, je m’était senti fatigué. Probablement le froids car mon instinct me dictait une chose : dormir. Mais je ne pouvais entrer en hibernation alors qu’ils avaient tous besoin de moi. L’herbe était rase et rêche. N’ayant pas mangé ma ration, je m’étais instinctivement nourri de racines et de quelques petites plantes qui poussaient çà et là. Quant à Napoléon, il arpentait le terrain en quête d’herbe comestible, se contentant des quelques touffes encore suffisamment vertes.

Un jour, je m’étais senti plus fatigué qu’à l’accoutumé. Et lorsque William était venu nous voir, il avait été surpris de me voir couché auprès de Napoléon. Il s’était approché, inquiet.

-Tu n’as pas l’air malade. Ce doit être l’hiver qui approche et tu vas hiberner comme les autres reptiles. Et dire qu’on prévoyait d’aller chercher du bois… Je vais y aller tout seul du coup.

A ces mots, je m’étais redressé d’un bond, me cabrant en rugissant. Napoléon, surpris, avait fait un écart et mon maitre s’était reculé. J’avais gratté le sol d’une patte.

-Toi alors… t’es un sacré numéro. Allez, vient.

Il m’avait mené à la cariole pour m’y atteler. William souhaitait me monter sans harnachement. Il avait dû se munir d’un escabeau pour m’enfourcher. Sa mère était sortie.

-Soit prudent, Will.

- Ne t’inquiètes pas. Rex, marches.

Il avait accompagné sa demande d’une légère pression des mollets, s’agrippant à l’une des pointes de mes voilures. Nous avons marchés marché ainsi pendant plus d’une heure pour atteindre la forêt. William m’avait fait arrêté dans une clairière avec quelques arbres déracinés puis il avait mis pied à terre pour me libérer.

Ce n’était qu’en fin de journée que nous étions rentrés à la ferme. William m’avait félicité pour mes efforts. A peine m’avait-il libéré que j’avais galopé en bas du champs pour y retrouver le vieil âne, lui racontant mon aventure. Peu après, mon maitre vint nous voir pour distribuer du foin.

-Désolé, Rex, mais cette nourriture conviendra plus à Napoléon qu’à toi.

Il était reparti mais j’étais d’humeur joueuse. M’élançant au trot, j’étais venu décrire un cercle autour de lui. Il s’était aussitôt mis à me suivre du regard. J’avais pris un petit galop ample et peu rapide. Il avait alors profité d’une ouverture pour s’échapper et courir dans la montée longeant le champs. Je l’avait imité sans pour autant chercher à le dépasser, passant de sa gauche à sa droite. Nous avons ainsi gagnés le sommet du mamelon. Epuisé, William en était tombé sur les fesses, la respiration forte et rapide. Je lui avait donné un petit coup de museau avant de m’allonger derrière lui pour poser ma tête sur ses jambes comme certains chiens avec leurs maitres. Cela avait amusé le mien, de toute évidence. Nous étions rester ainsi pendant un moment, observant les derniers rayons du soleil. Puis la mère du William l’avait appelé. Comprenant qu’il devait partir, je m’étais redressé. Il s’était frictionné les bras.

-Il fait de moins en moins chaud…

Puis il était rentré dans l’habitation. Je m’était avancé pour voir à travers le vitrage. La femme et le jeune homme préparaient leur repas du soir tandis qu’un maigre feu brûlait dans la petite cheminée. J’étais ensuite parti rejoindre Napoléon, occupé à manger son foin.

Le matin suivant, ce n’était pas William qui était venu nous nourrir, mais Madeline. J’en était intrigué.

-Désolé, Rex, mais William est parti tôt ce matin pour aller au village.

J’avais aussitôt bondit sur mes quatre membres. Jetant un œil au vieil âne, je m’étais élancé sans attendre sans prêter attention à Madeline qui me hurlait de revenir. J’avais bondit au-dessus du muret et j’avais rejoint le chemin de terre, galopant aussi vite que je le pouvais. J’avais ainsi rejoins William assez rapidement. Lorsque celui-ci s’était retourné, quelle n’était pas sa surprise.

-Rex ?

Je m’étais cabré face à lui. Il m’avait caressé entre les cornes tout en demandant ce que je pouvait bien faire ici.

-Bon, puisque tu es ici, autant que tu m’accompagne. Il faudrait que je puisse monter sur ton dos… Rex, couches-toi.

Je m’était exécuté et il m’avait enfourché. Je m’étais redressé et nous nous étions remis en route. William disait qu’en fait, un harnachement n’avait pas d’utilité. Qu’une simple selle suffisait. Me monter ainsi était un excellent exercice de confiance, assurait-il. Il m’avait par la suite demandé un petit galop. Et il tenait remarquablement bien sur mon dos. Nous avions ainsi atteint le village en peu de temps. Aujourd’hui était le jour du marché, semblait-il. William m’avait fait arrêté et était descendu à terre. Il m’avait caressé.

-Rex, reste.

Il s’était avancé vers une étale pour faire quelques achats. deux enfants s’étaient approchés de moi. Ils avaient tendus les bras. Ils étaient plus jeunes encore que Claudine. Ils étaient donc plus fragiles. J’avais baissé la tête et je m’était laissé caressé. Puis ils étaient repartis. Quelques curieux étaient venus aussi m’en donner une ou deux et j’avais même reçu une pomme. Mais voyant William s’éloigner dans le village, je les avaient abandonnés sans hésitation pour suivre mon maitre qui ne m’avait pas réprimandé malgré que j’ai désobéi à son ordre. Puis, lorsque mon maitre avait fini, il était monté sur mon dos et nous étions partis pour retourner à la ferme.

A peine m’avait-il libéré que j’étais parti en bas du champs pour y retrouver mon compagnon. L’âne paraissait petit à mes côtés. Le ciel était blanc ce jour-là et le froid était intense. Fatigué, je m’étais couché puis roulé en boule. Dans l’après midi, William nous avait rendu visite.

-Mon pauvre Rex, tu n’es pas en forme, avait-il dit en s’agenouillant pour me caresser. Je vais préparer la grange pour ton hibernation.

Il avait donné une caresse à Napoléon et avait remonté la pente. Quant à moi, je luttais contre ce sommeil toujours plus présent.

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