Réveil

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Un chapitre / Une musique

Morning song - Perry Blake

https://www.youtube.com/watch?v=EhqgqugX5Og

*

Mercredi 15 juillet 1981.

Nous sommes le mercredi 15 juillet. Il est tout juste neuf heures. Vous écoutez RTL. Tout de suite, les actualités de cette matinée. Nouveau rebondissement dans l’affaire du vol de la bijouterie parisienne Lagrange. La nuit dernière, la police a arrêté les deux malfaiteurs dans un appartement parisien. Il s’agit des célèbres frères Colombani. Le butin, quant à lui, n’a pas encore été retrouvé. La police soupçonne déjà que les bijoux ont fait l’objet d’un circuit de revente. L’information reste à confirmer. Les frères Colombani sont actuellement placés sous détention provisoire et seront prochainement entendus par un juge d’instruction. Leur avocat, Maître Lesourd, s’est rendu sur place. Il devrait très prochainement s’entretenir avec ses clients. Il a pour l’heure, refusé tout commentaire à la presse. La question se pose déjà dans l’opinion publique. Retourneront-ils à la prison de Fleury-Mérogis dans laquelle ils avaient déjà séjourné en 1979 ? Actualité internationale…

*

— Ta mère m’a dit que tu avais passé une bonne soirée avec Juliette. Elle me plaît bien cette jeune demoiselle. J'espère qu'à toi aussi

Voilà ce que mon père me dit, en entrant dans la cuisine. Vu comment il est habillé avec sa chemise et sa cravate, il doit avoir rendez-vous. Pour éviter d’avoir à lui répondre, je fais semblant de ne pas être encore bien réveillé, ce qui ne me demande pas trop d'effort.

— Tu ne dis rien ? Aurais-je touché un point sensible ?

Constatant que je ne décroche pas un mot, il abandonne. Je ne suis pas mécontent, même si mon silence lui laisse croire qu’il a raison.

— Il faut que je file. Le maire va m’attendre, dit-il, avant d’attraper sa mallette en cuir et un gros dossier sous le bras.

— Elle est où maman ?

— Partie faire des courses au marché de Saint-Amant. Elle ne devrait pas tarder à revenir. Prépare-toi à l’aider. Aujourd’hui, elle a le projet d’installer la bibliothèque dans le salon.

— La bibliothèque ? Mais on ne va jamais y arriver à deux. Je ne sais même pas comment elle se monte !

— C’est ce que je me tue à lui dire. Mais quand je lui ai proposé d’attendre l’arrivée de Gaspard, elle s’est mise à crier.

C’est reparti ! Ma mère peut se montrer très butée. Quand elle a décidé quelque chose, il est difficile de la faire changer d’avis. En revanche, je n’arrive toujours pas à m’expliquer pourquoi elle semble en vouloir à mon cousin. Encore un sujet que je préfère ne pas aborder. Elle est déjà assez à fleur de peau depuis que nous sommes ici, pas besoin d'en rajouter

— Et tu rentres ce midi ?

— Penses-tu ! Je n’ai pas pu refuser l’invitation à déjeuner de monsieur le maire. Je vais en avoir pour toute la journée. J’ai une tonne de choses à régler au plus vite si je veux que le cabinet ouvre la semaine prochaine. Sans compter qu’il faut que je m’occupe de mon bureau à l’étage.

— Tu parles de tous les cartons que j’ai montés ?

— Tout à fait, tous les dossiers de Paris sont à trier. J’aurais dû le faire avant le déménagement !

Je m’étonne effectivement qu’il ne l’ait pas fait avant que nous ne partions. Lui qui est si organisé.

— Je compte sur toi pour être patient avec ta mère.

Je hoche la tête, avant de me resservir du café. La perspective de passer la journée à déballer des cartons remplis de livres ne me plaît pas plus que ça. Mais je me connais, une fois lancé, je prendrai plaisir à les classer. Cela me permettra de retrouver aussi les miens. J’ai hâte de les avoir dans la bibliothèque de ma chambre.

Dix minutes après le départ de mon père, je vois ma mère revenir avec un panier rempli.

— Devine qui m'a vendu ces beaux fruits et légumes au marché ?

Je hausse les épaules.

— Lucas Mercier ! C’est lui qui m’a reconnu quand je suis passée devant son stand. On a discuté tout un moment. Et tu sais quoi ? Quand je lui ai dit que je voulais monter la grande bibliothèque, il s'est spontanément proposé de venir nous aider. C'est gentil, tu ne trouves pas ?

Je lui réponds, en cachant ma joie, qu’en effet, c’est gentil de sa part.

— Avec toi, il ne sait pas où il met les pieds ! dis-je.

— Moque-toi de ta mère, tiens ! Surtout, n’en parlons pas à ton père, j’ai bien envie de lui faire croire que nous y sommes arrivés tout seuls.

J'approuve aussitôt son idée. Ma mère précise que Lucas ne viendra qu’en milieu d'après-midi. Peu importe, je suis content de le revoir. Ma mère est surprise de me voir ranger les restes du petit-déjeuner avec entrain, avant de remonter dans ma chambre. Quinze minutes plus tard, je suis avec elle, à ouvrir les premiers cartons de livres.

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