Féérie

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Un chapitre / Une musique

Kerlann · Yann Tiersen

https://www.youtube.com/watch?v=KVX9NsXmg64&list=OLAK5uy_lq3-26YLM94FcwyH7QT6XSsU-W3GiA74o&index=1

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Avertissement.

ce chapitre contient un passage sensible avec certaines scènes “olé olé”. Si tu as peur pour ta santé mentale, cache tes yeux et saute le paragraphe en question.

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Vendredi 31 juillet 1981.

— Garde les yeux fermés, steup !

Alex joue le jeu avec joie. J’en profite pour sortir nos victuailles de nos deux sacs à dos sur une couverture que j’ai installée sur un grand rocher plat. Deux grosses bougies viennent ajouter à la magie des lieux, en plus de l’eau phosphorescente qui nous éclaire. Je lui fais faire demi-tour.

— C’est bon, tu peux les ouvrir.

Je le vois comblé.

— On devrait passer une bonne soirée, non ? dis-je rayonnant, avant de m’asseoir. Il ne dit rien et vient à mes côtés.

— T’inquiètes, j’ai retenu la leçon, en attrapant une bière. Je vais l’ouvrir sans risque cette fois-ci !

Il me regarde la décapsuler, mais un jet de mousse s’échappe dans tous les sens. Nous éclatons de rire.

— Bravo, Lucas ! dit-il en me volant la bière des mains.

— Et calmos ! Laisse-m'en !

Il a une moustache de mousse. J’hésite. Après tout, il n’a rien dit tout à l’heure quand j’ai déposé mon doigt sur sa bouche. Pourquoi ai-je fait ça d’ailleurs ? Parce que j’en avais très envie tout simplement. Il me regarde. Ses yeux sont magnifiques. C’est pas vrai que ça recommence. Ça s'active sévère dans mon caleçon. Cette fois, ce n’est plus la gêne qui s’empare de moi, mais un réel plaisir de me retrouver dans cet état devant ce garçon. Je réitère mon culot et lui enlève délicatement la mousse au-dessus de ses lèvres. Il émet un petit rire gêné et se met à secouer la bouteille avant de retirer son pouce d’un coup. Le reste de bière pétille de mille gouttes sur nos visages. Nous rions, à ne plus pouvoir s’arrêter ! Je le vois s’emparer d’une autre bière. Elle subit le même sort. Un feu d’artifice de mousse explose et trempe nos t-shirts ! J’ai du mal à reprendre mon souffle tellement je ris. Alex est dans le même état que moi. Nous nous allongeons sur le dos pour regarder le ciel. La fraîcheur du bassin aide à calmer nos respirations.

Je me sens hyper bien. Je tourne la tête vers lui. Il me regarde avec attention. Quelque chose se passe dans son regard ou est-ce moi qui me fais des films ? Je déglutis. Je me sens rougir. Je sais ce qui est en train de nous arriver. Je ne peux pas y croire. Mon excitation se mélange à mon intimidation. Je prends une grande respiration. C’est maintenant ou jamais. Je m’aperçois que je tremble en déboutonnant mon short en jean. À mon grand soulagement, Alex en fait autant avec son bermuda.

*

(scène sensible)

Je fais glisser à mi-cuisse mon caleçon. Je bande comme un taureau. Je n’ose plus le regarder. Je commence à me branler. J’entends sa respiration s’accélérer. J’ai l’impression que ce que nous sommes en train de faire n’est pas réel, et pourtant. Il est bien en train de se branler lui aussi. Je suis excité comme jamais. Ce n’est pas la première fois que je fais ça avec un autre garçon. Mais cela n’a rien à voir avec ce que j’ai pu connaître avec Mathias les quelques fois où ça nous est arrivé alors que nous avions trop bu. C’était l’excuse de l’alcool pour se faire du bien. Je sais qu’avec Alexandre, c’est différent. Parce que je ressens pour lui autre chose. Ce soir, impossible de me mentir. Comme si tout ce qui bouillonnait depuis quelques années dans ma tête sortait de manière limpide. Avec une certaine appréhension mélangée à une joie immense. Et aussi la possibilité de tout gâcher et de perdre l’amitié unique d’Alex. J’accélère le mouvement de ma main. Et puis merde, je n’ai qu’une envie, celle de le regarder. Il a senti que je tournais la tête, je le vois faire de même. Il doit être aussi rouge que moi. Nous nous regardons droit dans les yeux, concentrés sur notre affaire. Je sens que je ne vais pas tarder à jouir. Je vois qu’il est dans le même état. Je résiste encore un peu. Le plaisir que je ressens semble se décupler à l’infini. Je ne m’aperçois même pas que je suis en train de jouir avant de sentir quelques gouttes de sperme dans mon cou. Putain, comment ça fait trop du bien. Alex me regarde. Lui aussi s’en est foutu partout. C’est plus fort que nous, nous explosons de nouveau de rire, probablement à la fois gêné et heureux.

(fin de la scène sensible)

*

— Une petite baignade s’impose non ? dit-il.

Nous retirons aussitôt nos vêtements avant de glisser dans l’eau. Étrangement, elle ne m’apparaît pas aussi froide qu’en journée. Nous nageons en silence, en nous éloignant quelques instants avant de nous retrouver pour finalement ressortir. Je prends la couverture que je donne à Alex. Il me remercie, se sèche rapidement avant de me la passer. Nous remettons nos vêtements. Le paquet de chips me donne faim. Nous piochons alternativement dedans dans le silence le plus complet.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes sortis de l’eau, mais nous constatons que nous avons déjà bu les autres bières. Le vent a fini par se lever. Alex enfile son gilet, moi ma veste en jean. Il regarde l’heure à sa montre. Déjà 3h du matin ! Nous décidons de repartir.

Lorsque nous arrivons au parc, je commence à être sérieusement fatigué. Pourtant, je suis comme sur un nuage. Je n’ai pas envie de quitter Alex qui m’aide pourtant à récupérer mon vélo. Je le pose contre le mur. Nous nous regardons ne sachant pas trop comment nous quitter. Nous n’avons pas échangé la moindre parole depuis que nous sommes sortis de l’eau. Nos lampes commencent à faiblir. J’éteins la mienne. Alex fait pareil. Nous nous retrouvons plongés dans l’obscurité. Nous devinons à peine nos visages.

— Lucas, je voulais te dire… Je ne suis pas près d’oublier cette soirée.

Moi aussi, Alex. Mais pourquoi je n’arrive pas à lui dire, simplement ? Sûrement parce que je suis trop ému. J’aurai presque envie de pleurer tellement je suis heureux. Heureusement qu’il ne me voit pas. Tant pis si j’ai l’air bête dans ce que je m’apprête à faire. Sans prévenir, je le prends dans mes bras, le serre fort, tout contre moi. Il se laisse faire. Je respire son odeur. Elle me plaît. Je sens ses mains entourer ma taille. Nous restons là un moment collés l’un à l’autre. Je finis par le lâcher. Nous nous regardons. Je sens son souffle sur mon visage. Je vois à peine ses yeux. Je m’approche encore un peu de lui. Je ferme les yeux. J’ai envie de l’embrasser.

Soudain, des bruissements de feuilles derrière nous.

— Qu’est-ce que c’est ?

— J’en sais rien, dit-il.

— Attends, écoute, je crois entendre quelque chose !

Finalement, rien ne se produit.

— Je ferais mieux de rentrer, dit-il.

— Oui, moi aussi.

Je monte sur mon vélo, un peu désarçonné de le quitter comme ça. J’ai envie de reprendre là où nous avons été interrompus. Mais il est trop tard, la magie de l’instant a disparu et rien de ne me vient à l’esprit pour prolonger encore quelques minutes notre escapade.

— Bonne nuit Lucas.

— Bonne nuit Alex !

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