Apparition

9 minutes de lecture

Un chapitre / Une musique

Alba - Bruno Bavota

https://www.youtube.com/watch?v=vNEGB4T2TRw

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Avertissement.

ce chapitre contient un passage sensible avec certaines scènes “olé olé”. Si tu as peur pour ta santé mentale, cache tes yeux et saute le paragraphe en question.

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Lundi 10 août 1981.

Aujourd’hui, le bulletin météo annonce 32 degrés dès la fin de matinée. Nous avons bien fait de programmer d’aller nous baigner avec Alex. En entrant dans la boulangerie, je transpire déjà.

— Bonjour madame Langlois !

— Bonjour mon petit Lucas, une baguette, comme hier ? Pour te faire des sandwichs ?

— Oui, c’est ça !

— C’est vrai qu’avec le temps splendide que l’on a aujourd’hui, autant en profiter. Mais ça ne va pas durer, ils prévoient de forts orages en fin de semaine.

— Oh, vous savez la météo, elle se trompe tout le temps !

— Dis moi, mon petit Lucas, tu n’aurais pas vu Juliette hier par hasard ?

J’aime pas quand elle m’appelle “mon petit”, même si je sais que c’est affectueux. Et pourquoi me demande-t-elle pour Juliette ?

— Non, je ne l’ai pas vu, pourquoi ?

— Ses parents la cherchent partout. Il ne manquerait plus qu’elle nous ait fait une fugue !

Je la reconnais bien là à supposer le pire. Je suis tout de même étonné pour Juliette. Mais je me méfie avec la boulangère, je sais qu’elle et la famille Leduc, ce n’est pas le grand amour.

— Et bien, bonne journée madame Langlois !

— Oui, c’est ça, bonne journée.

Sur la place de l’église, je vois mon père et un de ses collègues suspendre la traditionnelle banderole pour la fête des cascades qui a lieu le 15 août. C’est vrai que c’est bientôt, déjà ! Je leur passe le bonjour avant de retourner à la maison.

*

Il est à peine 10h du matin. Il fait déjà chaud. Je le retrouve à l’entrée du chemin de la rivière. Nous nous sautons dessus pour nous embrasser.
— Tu m’as manqué, hier soir, tu sais ?
— Oui, toi aussi, dit-il, timidement.
— Quelque chose ne va pas ?
Alex prend son temps pour me répondre. Il finit par me raconter sa discussion avec sa mère dans sa chambre.
— Et si j’avais été trop dur avec elle depuis des mois ? dit-il.
— Pas la peine de te torturer pour eux, Alex. C’est leur histoire, et tu ne peux rien y faire. Profitons de la journée, plutôt, non ?
Je le vois me sourire.
— Ouais, t’as raison, dit-il en venant m’embrasser.

Après avoir planqué nos vélos, nous passons par le raccourci et arrivons rapidement à la rivière. Le pont traversé, nous montons directement à la grotte. Je n’ai qu’une envie, c’est de me retrouver allongé avec lui, dans ses bras. Je devine au regard d’Alex qu’il pense la même chose. Mais lorsque nous arrivons, nous constatons tout de suite que quelqu’un est venu. La couverture sur le lit de branchage est par terre. Nous nous regardons.
— Quelqu'un a dormi ici ! dit Alex.
— Oui, je crois bien, fallait être idiot pour penser que nous étions les seuls à connaître cet endroit.
— Qu’est-ce qu’on fait ? On reste ici quand même ? La personne pourrait revenir, non ?
— J’en sais rien. Allez, viens, on décampe. Suis-moi…

Nous repartons en direction des cascades. Nous retrouvons notre havre de paix, où personne n’ira nous chercher. Nos habits laissés négligemment sur les rochers, nous nous jetons à l’eau, en nous éclaboussant. Nos cris reflètent la joie d’être ici, tous les deux. Nous nous couvrons de baisers, avant d'entamer de longs mouvements de brasse. Je vois Alex filer à l’autre bout du bassin. Je le rejoins au niveau d’une petite cascade que nous n’avions pas pris le temps de découvrir.

Il commence à faire l’idiot en se plaçant sous les chutes d’eau. Je viens m’amuser à ses côtés. Des gerbes d’eau nous aveuglent. Je plonge sous ses jambes pour le faire basculer en arrière. Il se laisse tomber, boit la tasse, en me menaçant de prendre sa revanche. Ce qu’il fait rapidement en enfonçant la tête sous l’eau. Je remonte à la surface en rugissant. Je m’accroche à lui, plaqué contre son dos. Il attrape mes jambes, les cale de chaque côté de ses hanches. Il nous fait avancer lentement. J’ai les bras étendus, parallèles à la surface de l’eau et nous traversons les chutes d’eau en hurlant pour nous retrouver derrière elle. Nos voix résonnent dans la cavité dans laquelle nous sommes à présent. Assis sur de larges rochers, nous reprenons notre souffle, admirons devant nous les chutes.
— On est aussi bien ici, me dit Alex.
— Ouais, c’est clair.
Hormis le bruit de la cascade, le silence nous enveloppe dans une semi-pénombre. Alex se penche vers moi et vient m’embrasser. Je l’accueille dans mes bras et lentement, il vient s’allonger sur moi. La roche, au contact de mon dos, est glaciale, mais peu importe, la chaleur de son corps vient me réchauffer instantanément.

(scène sensible)

Il descend pour découvrir mon sexe déjà dur, qu’il prend en bouche pour ma plus grande joie. Je me laisse entièrement porter par mon plaisir. Il me regarde en me suçant, ce qui ne manque pas de m’exciter encore plus. Il revient vers moi en m’embrassant et me chuchote à l'oreille pour savoir si je veux bien me retourner sur le ventre. Je lui obéis sans réserve. Ma position est, au départ, inconfortable, car la roche dure et glacée ne me facilite pas les choses. Je bouge un peu pour être plus à mon aise. Il se met à califourchon sur moi et j’attends avec impatience ses mains sur moi.

*

Je ne peux résister à poser mes mains sur ses belles fesses brunes. Mon massage débute au creux de ses reins, par de petits cercles concentriques. Je remonte lentement, le long de la colonne vertébrale. Je ressens le dos de Lucas se détendre au fur et à mesure du passage de mes doigts. La zone de son cou m’offre la possibilité de finir d'achever son plaisir. J'ai vu juste, il pousse de longs soupirs extatiques. Il ne bouge plus, la tête sur le côté, les yeux fermés. Je profite de ma position pour continuer à le regarder. Je suis excité comme jamais. Je commence à me masturber d’une main, l’autre posée sur ses fesses. Mon envie d’aller plus loin dans nos rapports intimes est une évidence. Pourtant, il me semble, au préalable, nécessaire d’aborder la question avec lui. Mais comment faire ? Je rougis rien qu’à l’idée de lui en parler. Je n’oserai jamais. Je décide tout de même de venir m’allonger contre lui, mon sexe posé entre ses fesses. Je me frotte doucement contre lui, en le couvrant de baisers. Il semble aimer ce que je fais, en me gratifiant de petits ronronnements. Je descends d’un cran mon bassin, afin que mon sexe trouve un chemin encore plus intime entre ses fesses. Mon excitation monte d’un cran. Lucas écarte légèrement les jambes en se cambrant de façon à me faciliter le passage. Je commence à trembler tant je me sens à la fois excité et intimidé par ce qui est en train de se passer. J’entrevois la possibilité d’un plaisir décuplé par la pression de mon sexe contre son orifice. Mais rapidement, je me rends compte que Lucas est contracté, que je ne sais pas trop comment m’y prendre, et que la situation est en train de m’échapper. J’arrête là ma tentative pour venir me placer sur le côté et retrouver ses lèvres. Lucas me regarde tendrement.
— J’aime beaucoup ton imagination, tu sais Alex. C’est très très agréable ce que tu viens de faire.
Je dois être cramoisi.
— J’ai envie de toi, Lucas. Tu me plais. Mais je veux être sûr que toi aussi, tu as envie des mêmes choses et…
— Chuuut, moi aussi, j’ai envie de le faire avec toi. Mais je crois qu’il va nous falloir de quoi faciliter les choses, dit-il, en m'agrippant les fesses. Je sens un de ses doigts titiller mon orifice.
Je me mets à rire, car je suis soulagé. À peine me suis-je allongé complètement sur le dos que Lucas attrape mon sexe entre ses mains. Il joue avec quelques instants avant de le prendre dans sa bouche. Le plaisir monte rapidement. Son regard me fait fondre. Je rejette ma tête en arrière pour profiter. Soudain, je sens que je ne vais plus pouvoir me retenir plus longtemps. J’ai à peine le temps de lui dire d’arrêter que j’éjacule par surprise sur ses lèvres et sur sa joue.
— Putain, je suis désolé, Lucas, j’ai pas pu me retenir…
Il se met à rire, ne lâchant pas pour autant mon sexe qu’il continue à caresser.
— Surprenant, mais pas désagréable !
Il dépose délicatement un baiser sur mon gland. Sa langue vient tourner rapidement autour. Je frisonne de la sensation que produit ma semence sur mon sexe. Il revient s’allonger sur moi et vient m’embrasser. Le goût salé de sa langue me procure un sentiment à la fois curieux et inédit.
— À mon tour, me dit-il, en se mettant à califourchon sur mon ventre. Je l’admire se masturber devant moi. Il ne lui faut pas longtemps pour inonder mon torse. Quelques gouttes viennent se poser dans mon cou et sur mon visage.
— Désolé, je ne sais pas trop viser ! dit-il en rigolant.
Il vient de nouveau s’allonger sur moi, en léchant les gouttes de sa semence dans mon cou pour finir de mélanger sa langue à la mienne. La sensation est de nouveau étrange, mais l’excitation et le plaisir l’emportent.
(fin de la scène sensible)

Nous restons allongés tous les deux sans rien dire, comme pour prendre conscience de l'intimité de ce qui vient de se passer. Nous nous regardons en nous souriant. Je ne sais pas si c’est le bon moment, mais ce que je ressens à cet instant, a besoin de sortir de ma bouche. Mon cœur s’accélère. Je déglutis.
— Lucas, je crois bien que je suis tombé amoureux.
— Ah oui ? Et bien figure-toi que moi aussi.
J’ai envie de prononcer ce qui me faisait rougir enfant lorsque j’entendais ces quelques mots qui me semblaient réservés aux adultes. J’hésite, j’ai peur qu’il me trouve ridicule. Nous nous regardons encore un long moment. J’ai envie de rester là encore des heures. Lucas finit par s’asseoir, puis se lever. Nous sortons de la grotte, en passant le filet d’eau qui a le mérite de nous faire hurler, tellement l’eau semble glacée. Elle nettoie nos corps, nous nous enlaçons une nouvelle fois. Nos baisers redoublent d'intensité. La brume d’eau des cascades forme comme une brume qui nous enveloppe. Nous décidons de plonger dans l’eau pour regagner l’autre bout du bassin. À mi-parcours, cette brume devient plus dense et continue de flotter à la surface de l’eau. Comme si elle s’était transformée, en quelques secondes seulement, en un épais brouillard. Bientôt, une couche lumineuse bleue éclaire le bassin tout entier, se reflétant sur nos corps nus.
— Alex, regarde, il y a quelqu’un là-bas !
J’aperçois une vague silhouette. Je n’arrive pas à distinguer la personne qui se trouve à côté de nos habits. Elle est entourée d’un halo de lumière d’un blanc éclatant. Elle ne bouge pas. Nous nous regardons, stupéfaits.
— Mais c’est quoi ce truc ! J’hallucine, ajoute Lucas.
Je n’en ai pas la moindre idée. Nous décidons de nous approcher prudemment. Plus nous avançons, plus la silhouette perd de son intensité. Elle finit par disparaître complètement. En quelques instants à peine, la brume a totalement disparu.
— Si on raconte ça, à n’importe qui, on nous prendra pour des fous ! dis-je.
— Je crois bien que t’as raison.
Nous nous habillons sans rien dire, encore sous le coup de l’émotion.

Le long de la rivière, sur le chemin du retour, Lucas me prend la main. J’aime cette sensation. Je me sens en sécurité.

Lorsque nous arrivons sur la place de l’église, nous voyons un attroupement inhabituel de personnes autour du bar-tabac Les Cascades. Le soleil est toujours haut dans le ciel et continue à taper, malgré cette fin d’après-midi. Lucas me propose de nous approcher. La tension qui règne est palpable. Ça ne présage rien de bon.

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