Mercredi 19 août 1981

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Un chapitre / Une musique

You're Not Alone · Perry Blake

https://www.youtube.com/watch?v=lzjaplbejEo&list=OLAK5uy_lu7fVpyQe86-adUty4oSF_e3VQAmI8tEU&index=7

*

Ce matin, lorsque je me réveille, j’ai l’impression d’avoir dormi des plombes. Mon père est à mon chevet.
— Comment tu te sens ?
Je papillonne des yeux pour m’habituer à la lumière du jour. Je déglutis. Ma gorge n’est plus enflée.
— On est quel jour ? ll est quelle heure ?
— Nous sommes mercredi. Il est 16h.
— Hein, quoi ? Mais hier je…
— T’as dormi pendant plus de 48h. Tu étais épuisé.
— Qu’est-ce que tu fous là ? T’es pas au boulot ?
— J’ai pu prendre quelques jours pour m’occuper de toi.
Je n’en reviens pas d’avoir dormi aussi longtemps. Et surtout que mon père soit là. Je retire les draps pour me lever. Mais ça me tire de partout.
— Doucement. Vas-y lentement.
Il m’aide à me relever. Ma tête me tourne.
— J’ai envie de pisser, lâche-moi, putain.
— Ok, ok, mais fais gaffe dans l’escalier.
Je descends lentement. On dirait un vieillard. Je ressors des toilettes, soulagé.
— Assieds-toi. Tu n’as presque rien mangé depuis deux jours.
Mon père a préparé une grande gamelle de pâtes. Je me précipite dessus.
— Doucement, tu vas t'étouffer, Lucas !
C’est trop bon. J’avais tellement faim. Mon corps me remercie. Mon père me regarde en souriant.
— Ça me fait plaisir de te voir reprendre du poil de la bête. Tu m’as fait peur, tu sais.
Je ne commente pas.
— Il est où mon vélo ?
— Dans le garage.
Je me précipite pour aller le voir. Aïe ! J’aurais pas dû me lever aussi vite.
— Lucas, attends, n’y va…
— Putain, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Il est tout bousillé !
— On l’a retrouvé dans la rivière, hier. T’inquiète, je vais t’en racheter un. Promis.
— Et avec quel fric ??
— Arrête de crier. Calme-toi, revient finir de manger s’il te plaît.
Je ne me suis même pas aperçu que je m’étais emporté. Ma tête me lance encore un peu. Je me rassois et finis mon assiette. Je me serre un grand verre d’eau.
— Comment je vais faire pour rejoindre Alex maintenant ?
Mon père me regarde, les yeux écarquillés.
— Lucas, s’il te plaît.
Je le fusille du regard.
— Tu ne m’en empêcheras pas.
— Lucas. Écoute-moi. C’est fini. Tu le sais.
Mes lèvres tremblent. Je sais bien qu'il a raison.
— Qu’est-ce que t’en sais ? crié-je.
Je me lève d’un bond, en faisant tomber ma chaise.
— Lucas, je t’en prie, calme toi. Je sais que c’est dur. Quand ta mère est partie…
— Mais putain, papa, ça n’a rien à voir ! T’es con ou quoi ?
Mon père s’approche de moi. Je recule. Fou de rage, je balance mon assiette contre le mur. Il essaye de m’attraper les poignets, mais je me défends de toutes mes forces. Je continue de crier, comme un fauve. Il finit par m’attraper et m'enserre dans ses bras. J'étouffe et en même temps, je capitule. Je tremble et sanglote comme un enfant de dix ans.
— Vas-y pleure, mon grand, pleure.

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