suite de la visite

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Suzanne retourna dans le hall où l'attendaient ses camarades. Personne ne semblait avoir remarqué sa disparition éphémère.

Qu'est-ce qu'ils ont bien pu faire pendant que je mangeais cet affreux repas ?

Tous les autres, sauf Spencer et Norman, tenaient une torche pour éclairer le long corridor : l'unique ampoule était grillée.

« En haut de cet escalier se trouve votre repaire : à gauche, celui des filles, à droite, celui des garçons, expliqua Spencer.

  • On peut se mélanger ?
  • Non. Après on n'empêchera pas les visites surprises nocturnes.
  • Cool, répondit James en se frottant les mains.
  • Arrête de me fixer ainsi, tu ne toucheras pas mon corps splendide, Princess t'en empêchera.
  • Quoi ?! Le gentil petit chien chien à sa mémère, ironisa le basketteur en désirant caresser le haut du crâne de l'animal. Toutefois, ce dernier grogna et dévoila ses canines.
  • On dirait que Princess t'a pris en grippe, se moqua Mike. J'aurais peut-être plus de chance que toi.
  • Pas la peine, je préfère les médecins ou les avocats. J'ai un standing à tenir, moi.
  • Quand tu y auras goûté, tu ne pourras plus t'en passer, lança James en désignant son entrejambe.
  • Faudra déjà qu'il y parvienne, tacla Britanny.
  • J'ai bien envie de découvrir notre chambre. Et si Britanny ne veut pas, tu pourras toujours me voir, déclara Alycia d'un air coquin.
  • J'espère que mon lit sera grand : Naza aime les King Size, tout comme moi.
  • Je propose de jouer le meilleur lit aux échecs, dit Luke.
  • Et pourquoi pas sur Call of Honor ?
  • Vous me faites flipper tous les deux. Moi, je prendrais celui le plus proche de la fenêtre pour contempler l'extérieur, annonça Kate.
  • Tu crois vraiment qu'il y aura des fenêtres ? Tu n'as pas dû regarder les autres saisons, toi.
  • Je prendrais celui près de l'entrée dans ce cas. Pour être la première à la douche.
  • Pas question. C'est mon privilège de passer la première dans la salle de bains. Je vous préviens, même Madonna passe moins de temps que moi pour se préparer, s'insurgea Brittany.
  • OK. Mais si je me réveille avant toi, ce n'est pas ton mini sac à puces qui me fera partir.
  • Princess, n'écoute pas ces idioties. Je sais que tu serais incapable d'avoir des puces. Tu es trop pur.
  • Seul Naza est pur et grand. Tu devras te purifier pour ton blasphème, cria Babeth en fixant d'un regard noir Britanny.
  • Bon, si on passait aux choses sérieuses », coupa Spencer.

Babeth le fusilla de ses yeux sombres.

Les adolescents se turent et se dirigèrent vers l'escalier monumental menant à l'étage.

Norman s'attarda sur la rampe qui l'attirait. En ébène et finement sculptée, on y distinguait un géant qui maintenait dans ses bras colossaux des dizaines de créatures cauchemardesques ; on y trouvait, entre autres, des corps de lion avec des oreilles de fennec et une queue de scorpion, des ventres velus avec des antennes et des branchies, des abdomens d'abeilles colorés de points noirs.

Cette fresque hypnotisait Norman qui n'avait jamais vu autant de réalisme dans du bois et qui, dans le même temps, lui procurait des frissons.

« Petit, viens voir ça. C'est autrement plus instructif que ta rambarde », lança Benjamin.

Norman, à contrecoeur, monta les marches. Il leva ses yeux pour fixer ce que lui montrait son compagnon. Son visage s'éclaira d'un large sourire. Plusieurs tableaux décoraient le mur. Celui qui intéressait Benjamin était osé : il décrivait le pont d'un bateau où tous les marins étaient dans le plus simple des appareils ! Le peintre avait même poussé le vice en zoomant sur les attributs d'un garçon de l'âge de Norman. Benjamin lui donna une bourrade amicale.

« Qu'est-ce que je t'avais dit. N'est-ce pas plus intéressant que ton morceau de bois ? »

Le plus jeune ne répondit pas et observa les autres toiles.

La première représentait une vieille femme au nez crochu et aux joues couvertes de verrues, accompagnée d'un homme. Elle le guidait dans une forêt dévastée par une tempête.

Sur la seconde figurait une autre sorcière, accompagnée cette fois par un petit groupe, deux nobles et deux roturiers, qui paraissaient sortir d'un autre temps, avec leurs fières montures, dont un superbe étalon et une fougueuse jument baie.

La troisième dévoilait l'intérieur d'un vaisseau et son équipage : deux humains, très grands, une créature humanoïde, mais d'une taille gigantesque, une tête d'écureuil monté sur deux longues pattes longilignes, une femme aux traits humains, mais avec une peau mauve et des cheveux flamboyants. Ces derniers fixaient un astéroïde sur lequel deux grosses têtes jaunes allongées et très courtes sur pattes, environ dix centimètres, se provoquaient en duel. Sur le cadre, on pouvait lire « Duel de Glorkys ». L'un des nains était coiffé d'une casquette Hughette Ramou.

La quatrième mettait en valeur un violoniste désignant fièrement son archet empourpré.

La cinquième croquait un spectre en face d'une Égyptienne sur le dessus d'une pyramide.

Norman ne savait plus où donner de la tête, tous les personnages paraissaient vouloir communiquer avec lui !

Je perds la boule. Respire. Tu as mal dormi, la nuit dernière, tu étais trop excité d'arriver ici. Respire.

« Tu vas bien ? s'enquit Alycia, qui était venu le chercher.

  • Un coup de chaud, mais ce n'est rien. C'est passé. »

Le benjamin grimpa les marches jusqu'au sommet.

« Les garçons, c'est à droite. Mais si tu veux, tu pourras passer nous souhaiter bonne nuit. »

Norman fut si interloqué qu'il ne répondit pas et s'engagea vers sa chambre.

On y trouvait six lits accompagnés chacun d'une table de nuit. Sur chacune, était posé un foulard.

Norman se dirigea vers le seul matelas de libre et posa sa valise.

Ensuite, il se déchaussa et s'allongea.

Quelques instants plus tard, il perçut un léger craquement. Au début, il n'y prêta pas attention, mais ce dernier persistait et provenait du traversin. Discrètement, il se pencha sur lui, c'est alors qu'il aperçut un être microscopique qui agitait les mains, comme pour lancer un SOS. Il se rapprocha davantage et tendit l'oreille.

« Aide-moi. Ils m'ont oublié. Je veux retourner chez moi. »

Un autre bruit alerta le plus jeune des candidats. Ainsi qu'une odeur de brûlé qui provenait du tiroir de sa table de chevet !

« Excuse-moi, parfois, je ne maîtrise pas mon pouvoir. Je m'appelle Ikki, et toi ? » interrogea l'image d'un garçon de son âge.

Norman ferma le tiroir et remit ses chaussures à toute vitesse. Il devait rejoindre les autres au plus vite, s'il ne voulait pas définitivement basculer dans la folie !

Des milliers de voix retentirent alors dans sa tête

« Aide-nous Norman. Toi seul peux le faire. Aide-nous... » suppliaient-elles dans une cacophonie.

Le benjamin se rua vers la sortie.

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