Le Garde-Foi

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Une fois leur petit-déjeuner terminé, la petite compagnie paya leur nuit passée dans l'auberge et sortirent afin d'aller chercher leurs montures. Les deux chevaux avaient été brossés rapidement et semblaient reposés des deux journées de cavale qu'ils avaient endurées.

Lylith avait eu le temps de prendre un bain et une nouvelle énergie circulait dans ses veines. Le regard d'Orpheus était lui aussi vif tandis qu'Hector restait à bonne distance de ses deux compagnons. Lorsque Lylith lui avait demandé en souriant pour quelle raison il les évitait, l'ancien général avait plongé ses yeux bleus dans les siens avant de se détourner vers son cheval pour le seller. La soldate avait donc supposé qu'il était encore sous le choc de son récit avec Helioth et ne s'en était pas plus préoccupée.

Oclock piaffa en voyant sa cavalière arriver et tapa du sabot. La jeune femme lui caressa la tête et passa les rênes par dessus les oreilles. La soldate monta sur l'étalon noir et sortit de la petite écurie au pas. Orpheus l'attendait, discutant avec Hector perché sur sa jument grise. À l'arrivée de Lylith le sorcier se détourna dans un claquement de cape noire et monta devant Lylith.

-Ce n'est pas très loin, fit-il. Nous ne sommes qu'à quelques rues de son appartement.

Et il lança Oclock au petit trop, Garette et son cavalier à sa suite.

Orpheus avait dit vrai, après cinq minutes passées dans le labyrinthe des rues des Mines, il leur demanda de poser pied à terre car ils étaient arrivés. Lylith se laissa donc glisser de sa selle pour atterrir dans un grand « splash » d'éclaboussures de boue et d'ordures. Dégoûtée, elle jeta un regard à ses bottes en cuir crottées par le voyage. Puis la jeune femme leva ses yeux vers le luxueux bâtiment devant lequel ils s'étaient arrêtés.

Rouge, noir et or étaient les couleurs majoritaires de la façade de l'immeuble. Les fenêtres étaient faites de verre écarlate qui filtrait la lumière changeante venant de l'intérieur. Des rideaux de la même couleur encadraient ces fenêtres et des montures en bois noir mettaient en relief les vitraux et la lourde porte en chêne ébène. Sur ces planches de bois étaient sculpté des arabesques, Lylith supposa que c'était du véritable or, qui luisaient joyeusement aux faisceaux de lumière que projetait l'intérieur de la salle. On pouvait entendre une musique entraînante s'échapper du bâtiment de l'extérieur. Quand on prenait du recul, seule cette bâtisse se détachait du reste gris et terne des autres maisons et restaurants. Au dessus de la belle porte en bois noir, en or, brillait un dragon rugissant aux ailes développées. Lylith réprima un frisson en reconnaissant les pupilles écarlates, ici symbolisées par deux rubis, d'Helioth.

-Tu es sûr que ton Garde-Foi vit ici ? Demanda la jeune femme à Griffin. Cela ressemble plus à une maison de plaisirs qu'un refuge pour un ancien prêtre royal...

L'homme eut un léger sourire.

-Ne t'en fais pas, j'en suis absolument certain.

Et d'un pas vif, presque léger, il ouvrit la porte à toute volée.

A l'intérieur, des gens masqués dansaient en ronde, sourire aux lèvres. Ils semblaient heureux et riaient gorges ouvertes. L'atmosphère était chaude et humide, désagréable à souhait mais en même temps enivrante et rassurante. La pièce était spacieuse, meublée par des canapés en velours pourpre, parfois brodés de dentelles noires, sur lesquels étaient assis des femmes au masque imitant le visage d'un chat, et aux vêtements moulants noirs et luisants. L'une d'entre se détachait des autres, ses cheveux étaient d'un violet sombre et sa tenue était plus raffinée que celles qui l'entouraient, sertie d'une broche où brillait une améthyste. Les autres femmes étaient habillées de riches robes, aux tissus couteux et soignés. Le genre opposé avait quant à lui, sorti son plus beau costume, aux couleurs éclatantes.

Dans cet univers raffiné et aisé, Lylith se sentit soudainement sale et insignifiante dans sa tenue de cuir usé et ses bottes crottées par la boue de Casteldroit. D'ailleurs, certains de ces bourgeois ne manquaient pas de dévisager les intrus avec des regards méprisants et méfiants, tout en continuant à danser. Intimidée par ces yeux emplis d'animosité, Lylith rejoignit son groupe pour y chercher une certaine sécurité.

-Nous ne sommes pas les bienvenus, remarqua Hector, nerveux.

Orpheus ne répondit pas, n'étant visiblement pas dérangé par ces comportements. Avant que le Sorcier ne puisse s'avancer plus dans la grande salle, une voix recouvrit la musique et fit taire toutes sortes de son:

-Griffin Orpheus, quelle sacrée surprise!

Lylith leva la tête pour tenter de repérer de qui venait cette voix masculine, mais elle fut aveuglée par la lumière émise par d'étranges lampes en forme de fleur.

-Il parait que tu te balades avec une jeune femme pour sauver le monde, fanfaronna encore l'homme.

-Arthurus! Il parait que tu as encore gagné une ride, répliqua sur un ton aigre le Sorcier Sombre.

Il eut un silence avant que les deux hommes n'éclatent de rire, ce qui fit drôle à Lylith de voir Orpheus rire ainsi.

-Descend de ton perchoir vielle branche, cria l'Ensorceleur. Que je puisse te serrer la main!

Lylith entendit le bruit d'un homme qui descendait les marches couvertes de moquette rouge à petite vitesse. Après un moment qui sembla interminable, la soldate aperçut un homme à la barbe blanche très longue et tressée. Il portait une robe satinée noire, nouée à la manière d'un peignoir. Des lunettes aux montures rondes venaient grossir ses yeux d'un rose pur et de fines rides donnaient du relief à son visage en longueur. Des chaussettes d'un vert éclatant venaient agrémenter le tout. Malgré son style vestimentaire qui laissait perplexe Lylith, elle fut obligée de reconnaître que l'homme nommé Arthurus dégageait une certaine aura de respect. Il se déplaçait de manière droite avec de petits pas, les mains croisées devant son torse. Arrivé devant la petite troupe, il serra chaleureusement la main d'Orpheus.

-Comment vas-tu mon cher ami? Demanda l'ancien Garde-Foi, un grand sourire aux lèvres.

-Je vais très bien merci Arthurus, répondit Griffin avec cette même chaleur. Nous sommes venus chercher refuge pour la journée si tu nous le permets. Mes amis et moi avons besoin de repos.

Il s'était tourné vers Hector et Lylith, restés en retrait. Arthurus se pencha vers eux et remonta ses lunettes, l'air septique. Puis, son visage changea et il dit d'une voix enjouée:

-Les amis de Griffin sont mes amis! clama t-il, rétablissant l'ambiance musicale. Je peux vous offrir un refuge, bien sûr. Mais dites-moi, comment vous appelle-t-on?

Hector prit la parole en premier, tendant la main vers le Naturel:

-Hector, Hector Blark. Ancien Général de la Quatrième Garde.

Le vieil homme serra la main que lui tendait le jeune homme:

-Enchanté Blark, répondit-il avant de se tourner vers la jeune femme.

-Et vous, ma jeune demoiselle, vous êtes? s'enquit-il, les yeux perçants.

-Je m'appelle Lylith, Lylith Ashford Monsieur.

Et elle tendit la main à son tour. L'homme lui serra la sienne. Et retira immédiatement sa main de celle de la jeune femme, visiblement surpris. Il jeta un regard étrange à son ami qui avait levé un sourcil avant de bafouiller:

-Bien, bien je vais vous montrer vos appartements, veuillez me suivre.

Arthurus fixa encore une fois la jeune femme avant de se détourner et de monter les marches des escaliers à petits pas.

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