Apocalypse humide

2 minutes de lecture

Vous vous souvenez de la bible ? L’Ancien Testament, Noé ?

Eh ben là c’est pareil, sauf que ça n’a pas duré 40 jours et 40 nuits mais ça fait exactement 440 jours qu’il pleut sans arrêt. Et pas une petite bruine genre crachin breton... Non, non, des trombes d’eau genre épisode cévenol. Vous imaginez ? Plus d’un an de pluie continue.

C’est terrible, il n’y a plus de terre dans les champs, rien ne pousse, toutes les semences de l’année dernière ont été emportées par le ravinement et on n’a rien pu planter. Je me retrouve avec mes semences de maïs qui ont pourri dans la grange (forcément avec l’humidité de 100% en permanence). De toute façon, mon tracteur n’avance plus. Il y a quasiment 50 cm de boue liquide partout et la plupart des rues et des routes sont maintenant des rivières, voire des fleuves.

La plupart des maisons se sont effondrées, même celles qui avaient plusieurs étages. Les fondations et le rez-de-chaussée baignant dans l’eau pendant près d’un an, le ciment, le plâtre, bref tous les mortiers ont fini par se dissoudre. Plus rien ne tient.

Tout part à vau l’eau. C’est le cas de le dire. Et puis même la peau se décolle. Au bout des doigts on voit presque les os, tout est parti. C’est comme si je me dissolvais petit à petit. Je préfère ne pas regarder ce qui se passer au niveau de mes pieds dans mes bottes. Si ça se trouve, ce n’est plus qu’un mélange épais de chairs et d’os dissous.

Je suis tout seul, il n’y a plus personne dans la région. Le vieux Marcel qui habitait à 10km de chez moi s’est noyé il y a deux jours. Et je n’ai pas eu le courage de plonger le chercher. Je ne supporte plus cette eau. Il y a quelques mois, j’ai voulu me faire sauter le caisson avec mon fusil de chasse mais pas moyen, la poudre était trempée. J’ai pensé aussi à me pendre avec une corde dans la grange mais il n’y a plus de grange, plus d’arbre non plus. Tout a été emporté par cette flotte de merde.

Et je ne veux pas finir noyé. Il parait que c’est la mort la plus horrible. On sent ses poumons se remplir d’eau, petit à petit on étouffe et puis on s’asphyxie. Très peu pour moi !

J’ai réussi à sauver un tonneau de rhum brun de Martinique. Je ne me souvenais même pas que j’avais ça. Mais quand la grange s’est effondrée, il a miraculeusement fait surface. Je vais monter un peu dans la montagne, me trouver un endroit au sec, une grotte peut-être. Je vais m’allonger sous le tonneau, bien calé et je vais lentement faire couler ce rhum dans ma gorge... jusqu’à ce qu’il soit vide.

Je vais mourir noyé certes, mais dans le rhum, pas dans l’eau !!

Annotations

Vous aimez lire Fred Larsen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0