Chapitre 10 - Preuve

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Du coin de l’œil, je vois le visage d’Aleksy se décomposer progressivement. Il n’en mène pas large, alors que des souvenirs désagréables doivent sûrement se reconstituer dans son esprit. Cassandra fait les yeux ronds en nous apercevant. Elle semble également surprise de nous retrouver ici, mais elle reprend bien vite son air confiant si insupportable.

C : Qu’est-ce que vous faites ici ?

Aleksy détourne le regard et semble s’enfermer dans un mutisme. Pour lui épargner cette confrontation, je prends la parole.

N : Et toi ?

C : J’étais convoquée.

N : Cool.

Je coupe court à cette conversation déplaisante, autant pour Aleksy que pour moi. Je me dirige avec autorité vers l’entrée, sans même la regarder, mais elle ne semble pas l’entendre de cette manière. Elle ne m’ouvre pas le chemin et reste bien campée devant la porte.

C : Vous venez pour Xavier ?

N : En quoi ça te concerne ?

C : Parce que c’était la raison de ma convocation.

N : Je ne vois pas ce que ça change. Laisse-nous passer, on n’a rien à se dire.

Elle ne bouge pas d’un iota. Mes poings commencent à se serrer alors que j’envisage sérieusement d’avoir recours à la force pour la dégager du chemin, s’il le faut.

C : Vous avez des preuves que c’est Xavier ?

N : Tu rigoles, j’espère ? Tu n’imagines quand même pas que je vais tout te déballer alors que tu défends cet enfoiré ?

C : Je ne le défends pas.

Je plisse les yeux afin d’observer les mimiques de son visage. Bien que rien ne la trahisse, je ne crois pas un mot de ce qu’elle dit.

N : Tu penses réellement qu’on est assez naïfs pour gober ça ?

C : J’ai mes raisons.

Un de mes sourcils se lève sous le coup de l’étonnement. Même si sa phrase m’intrigue, j’en déduis rapidement que c’est juste un gros coup de bluff.

N : Arrête, ça ne marchera pas avec nous. On n’a pas de temps à perdre avec tes conneries.

Cassandra soupire de dépit. Sûrement parce que sa technique de manipulation n’a pas fonctionnée.

C : 124, rue Montesquieu.

Je la regarde d’un air ahuri, sentant que je suis en train de perdre le fil de la conversation.

N : Quoi ?

C : C’est à cette adresse qu’ils ont retrouvé Mathis.

N : Que… Comment tu le sais ?

C : Parce que c’est là où j’habite.

Un mélange de fureur et d’effroi prend possession de mon cerveau. Mes lèvres se pincent et mes yeux acérés la prennent pour cible. Mes bras en tremblent, alors que je suis prêt à lui sauter à la gorge.

N : T’étais dans le coup ? Et tu oses me le dire en face !?

C : Je n’étais pas au courant.

N : Alors qu’est-ce qu’il foutait dans ton immeuble !?

C : C’est Xavier qui l’a emmené là-bas, sans que je ne le sache.

N : Arrête de te foutre de notre gueule, ça n’a aucun sens !

C : Tu penses vraiment que je l’aurais laissé là si j’étais responsable ? Qui serait assez idiot pour faire ça ?

Je ne lui réponds pas dans l’immédiat. Sous le coup des émotions, mon cerveau met du temps à analyser les informations. Qu’aurait-elle à gagner à me mentir, alors que je ne lui ai rien demandé ? Elle m’a plus ou moins avoué qu’elle était liée à cette histoire. Si c’était faux, pourquoi prendrait-elle des risques aussi démesurés, juste pour savoir ce que l’on sait sur l’affaire ? Je ne sais plus quoi penser, alors j’opte pour la défensive.

N : Qu’est-ce que tu nous veux ?

C : Qu’on aille discuter dans un endroit plus tranquille, avant que tu n’ameutes tout le commissariat à force de gueuler.

Même si la colère est légèrement retombée, je pose tout de même un regard suspicieux sur elle. Ça sent le piège à des kilomètres. Un sourire narquois se dessine sur mon visage, bien trop heureux de ne pas la laisser me berner.

N : Merci pour la proposition, mais c’est non. On est pressés avec Aleksy, peut-être une autre fois.

C : Moi qui croyais que tu voulais en finir avec tout ça, je me suis plantée…

J’ignore sa provocation et lui adresse un dernier regard dédaigneux. Cette fois-ci, elle s’écarte de l’entrée et nous laisse libre accès au commissariat. Aleksy et moi, nous nous pressons de rentrer à l’intérieur, mais elle me glisse une dernière phrase alors que je passe à proximité d’elle.

C : Quand Xavier sera sorti, ce soir, j’espère que vous ferez attention en traversant…

Un frisson de panique agite mon corps, de part et d’autre. À cette perspective, mes mains deviennent moites et mon esprit, fébrile. Mon rictus de tout à l’heure s’est complètement effacé pour laisser place à une expression bien moins assurée. Je pose un regard glacial sur son visage cynique.

N : Qu’est-ce que t’as dit ?

C : T’as très bien entendu.

N : Comment t’es au courant ?

C : Si tu veux le savoir, suis-moi. Ma proposition tient toujours.

Je regarde en direction d’Aleksy, qui est resté silencieux et stoïque depuis tout à l’heure. Ses yeux s’affolent, et je peux facilement ressentir son angoisse. Je sais pertinemment qu’il aimerait en finir avec cette discussion, depuis un bon moment déjà. Je devrais ignorer les propos de Cassandra, ne pas la laisser me manipuler. Mais je tombe dans le panneau, parce que si le risque est grand, le bénéfice l’est peut-être encore plus.

N : Très bien, mais je choisis l’endroit, pour m’assurer que tu ne prépares pas un coup fourré. Et si tu tentes le moindre truc louche, on se casse et on te dénonce aux flics.

C : Comme tu veux.

Je jette un rapide coup d’œil aux alentours, et j’aperçois un petit parc inoccupé. À proximité du commissariat, en bord de route, à la vue de tous mais loin des oreilles indiscrètes, c’est parfait. Si je vois qu’elle essaye de nous faire perdre du temps, on ne se sera pas trop éloignés au moins.

N : Là-bas, ça sera très bien.

Cassandra acquiesce sans négocier. Son visage ne trahit pas le moindre signe d’agacement ou d’impatience. C’est plutôt rassurant, mais je ne dois pas baisser ma garde. Aleksy, lui, me regarde, dépité. J’essaye de m’excuser muettement, même si ce n’est pas vraiment facile de s’exprimer sans mots. Je ne lui aurais pas tenu rigueur de ne pas se joindre à nous, mais il a quand même l’air de vouloir nous suivre, au cas où.

Nous allons sans plus attendre vers la petite bande de verdure. Tandis qu’Aleksy et moi nous dirigeons vers un banc, Cassandra s’adosse contre un arbre. Pour ne pas se retrouver à la regarder de bas, nous nous asseyons tous les deux sur le dossier, et laissons nos pieds reposer sur l’assise.

N : Alors, qu’est-ce que tu sais ?

C : D’abord, j’ai une condition.

C’était trop beau. Un mauvais pressentiment m’envahit, et je me prépare déjà à faire demi-tour vers le commissariat, selon la condition qu’elle posera.

N : Quoi ?

C : Que vous m’innocentiez, vous et Mathis, s’ils vous interrogent à mon sujet.

Aleksy et moi nous regardons, incrédules. On ne sait pas encore ce que ça signifie réellement, mais ça sent les manigances à plein nez.

N : Comment tu peux être sûre qu’on le fera vraiment ?

Son visage se tend légèrement, pour la première fois. Ce n’était sûrement pas la réponse à laquelle elle s’attendait. J’ai réussi à la déstabiliser.

C : Je ne peux pas. Mais c’est la seule solution qu’il me reste, alors…

C’est à mon tour d’être déboussolé. Sa proposition sonne franchement malhonnête, pourtant elle apparaît complètement désemparée, comme si elle se plaçait en victime. Je cherche à savoir si elle joue la comédie ou non, mais elle semble on ne peut plus sérieuse.

N : Ça dépendra de ce que tu nous révèleras.

Elle acquiesce docilement, mais affiche une mine peu confiante. Le rapport de force semble doucement s’inverser, comme si son aplomb se lézardait.

C : De base, j’ai été plus ou moins entraînée de force dans cette affaire de taré.

N : Plus ou moins ?

C : Oui… J’ai fait la connerie de suivre Xavier dans un plan de merde sans savoir où ça allait me mener… Tu te rappelles de notre embrouille en classe ?

N : Ouais…

C : Eh bien, quand il est revenu du bureau du directeur, je l’avais rarement vu aussi énervé. Je ne sais pas ce qu’il s’est pris, mais il avait clairement envie de tout péter. Dans ces moments-là, j’évite à tout prix de lui parler, et il n’a quasiment plus rien dit de la journée. Il est même parti à toute vitesse à la sonnerie, et je ne l’ai pas revu aux arrêts de bus.

Je ne bronche pas, afin de lui laisser continuer son explication.

C : Quelques jours après, il m’a dit qu’il voulait se venger de toi, et qu’il avait besoin de moi pour ça. Vu ce que tu m’avais dit ce jour-là, j’ai pas hésité à le suivre…

N : Attends, t’es en train de me dire que t’es complice de mon empoisonnement !?

C : Justement, il ne m’a jamais parlé de poison… Je n’aurais jamais accepté sinon !

N : Mais si tu l’as accompagné, tu l’as bien vu en verser dans ma bouteille d’eau !?

C : Non, il m’a demandé de faire le guet devant la porte, pour le prévenir si quelqu’un arrivait…

N : Mais… il t’a dit qu’il faisait quoi, alors ?

C : Qu’il vidait des gélules d’anti-androgènes dans ta bouteille d’eau…

N : Des… quoi ?

C : Des hormones pour… les transsexuels, en gros…

Mon cerveau vrille en entendant ça.

N : T’es sérieuse ? Même ça, c’est super grave !

C : Je sais, j’avais trouvé ça marrant au début, mais j’ai vite voulu qu’il arrête avant que ça n’aille trop loin… Mais impossible de le faire changer d’avis…

N : C’est difficilement excusable…

C : Je sais bien… C’est pas la première fois qu’il fait des crasses à quelqu’un, avec du viagra ou du laxatif par exemple, mais ça a pris des proportions démesurées avec toi, et ça m’a fait flipper.

N : Mais pourquoi ?

C : J’en sais rien… D’habitude, il lâche l’affaire après avoir fait passer un sale quart d’heure à sa victime, mais toi, tu étais devenu une obsession pour lui. Ça vient de plus loin qu’une simple embrouille…

N : Je ne comprends pas, je ne lui ai jamais rien fait avant ça…

Cassandra ne répond pas, elle non plus ne semble pas connaître la source de toute cette haine. Mais je ne vais pas laisser mes soucis parasiter la discussion. J’ai encore plusieurs choses à lui demander.

N : Et Mathis dans tout ça ? Comment il a su que c’était Xavier ?

C : Il l’a chopé sur le fait.

N : T’étais pas censée faire le guet ?

C : Tout ce délire commençait à me saouler. J'avais plus envie d'y participer, mais lui me l'imposait. Alors, un jour, pendant qu'il faisait sa petite affaire, je suis allée aux toilettes. Et puis, comme personne n’avait jamais essayé de rentrer dans la salle, je me suis dit que ça n'avait pas d'importance…

N : Mais il l’a surpris à ce moment-là…

C : Voilà…

N : Il s’est passé quoi, ensuite ?

C : Xavier a complètement pété un câble. Il était à deux doigts de démolir Mathis. Il lui a tellement fait peur sur le coup que je ne m’attendais pas à ce qu’il dévoile la vérité un jour.

N : Avec le résultat qu’on connait…

Je marque un temps d’arrêt, histoire de me remettre les idées en place. Je n’ai qu’une vague idée de ce que Xavier a pu faire subir à Mathis, mais je ne compte pas spécialement connaître les détails.

N : Et toi ?

C : Il ne m’a jamais vraiment pardonné cette gaffe. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a déposé Mathis dans mon immeuble, après l’avoir tabassé.

N : Pour se venger ?

C : En quelque sorte. Il connaissait le digicode, il avait besoin de détourner l’attention, de trouver un autre coupable. Mathis m’a vu à plusieurs reprises avec Xavier, donc si les policiers l’interrogent sur mon cas quand il sera réveillé, je suis foutue. Son père est avocat, il arrivera sûrement à tout me mettre sur le dos…

Je la regarde, dubitatif. Je commence à comprendre pourquoi elle souhaite qu’on l’innocente. Sa version semble cohérente, et j’ai du mal à imaginer qu’elle ait pu inventer tout ça. Si on nie tous son implication, elle sera sans aucun doute écartée de l’affaire. Ça me dérange de mentir, surtout pour quelqu’un qui n’est pas totalement innocent, mais si ça peut augmenter nos chances de voir Xavier derrière les barreaux…

Il me reste encore certaines choses à lui demander, peut-être que j’y verrai plus clair après.

N : Quand est-ce que tu as appris que c’était du cyanure, finalement ?

C : En même temps que les autres. Enfin, j'avais commencé à avoir des doutes quand tu t’es mis à saigner comme pas possible, et qu’ils t’ont emmené aux urgences. J’ai tout de suite fait le lien avec ce que te donnait Xavier, et comme je savais pertinemment qu'il ne m'aurait jamais dit la vérité, j’ai fouillé dans son sac pendant la pause. Mais je n'ai jamais trouvé les gélules dont il parlait, ni quoi que ce soit d'autre...

N : Attends, ça veut dire que, quand les policiers t’ont interrogée… tu n’as rien dit ?

C : Dénoncer Xavier, c’était me dénoncer moi-même.

N : Donc tu l’as laissé faire, sans réagir !?

C : On ne s’apprécie pas, Niels. Je n’allais pas foutre ma vie en l’air pour te sauver.

N : Mais c’est dégueulasse !

C : Et toi, si t’étais à ma place, t’aurais été prêt à aller en taule pour me secourir !?

J’ouvre la bouche pour répliquer, mais aucun son n’en sort. Parce que je n’ai pas la réponse. Il serait facile pour moi de répondre oui, à cet instant. Mais l’aurais-je vraiment fait si la situation s'était présentée ?

C : Tu vois…

N : Donc tout ce que tu me dévoiles aujourd’hui, c’est uniquement pour sauver ta peau ?

C : En premier lieu, oui… Mais j’ai la possibilité de rattraper les erreurs que j’ai commises, du mieux que je peux. On ne s’aime pas, mais je n’ai pas envie de te voir mort pour autant. Tout ce que je souhaite, c’est en finir avec cette histoire de merde, une bonne fois pour toutes, et que je n’en entende plus jamais parler.

A : Comme si c’était si facile…

Je me retourne subitement vers Aleksy. Il s’est tellement effacé depuis le début que j’avais oublié sa présence ici. Il fixe ses pieds, le regard vide, comme s’il avait prononcé ces mots par inadvertance. Mais ce n’est pas le cas.

A : Si toi tu peux facilement oublier, ce n’est pas le cas de ceux qui ont subi.

Le visage de Cassandra se décompose, alors que je comprends qu’il ne parle pas seulement de l’empoisonnement. J’étais tellement obnubilé par mon raisonnement que j’ai complètement omis l’opinion d’Aleksy. Un sentiment de malaise m’envahit.

C : Écoute Aleksy, je… C’était une idée de Xavier, mais je n’aurais jamais dû accepter. Je suis désolée…

A : Pourquoi tu l’as fait ? Juste pour m’humilier ?

C : Le fait de voir que je ne t’excitais pas, c’est… ça a blessé mon égo. Et j’ai réagi comme une conne. Je remarque seulement maintenant que j’ai fait beaucoup de conneries que je regrette, quand j’étais avec Xavier. Il avait une mauvaise influence sur moi. Enfin… je me suis laissée influencer, plutôt. Désolée pour le mauvais moment que tu as passé…

A : Un mauvais moment, hein…

Aleksy retrousse ses manches. Je le regarde, les yeux exorbités, alors qu’il dévoile, aux yeux de Cassandra, ses fines cicatrices blanchâtres partiellement résorbées. Cassandra blêmit en les apercevant.

C : Qu’est-ce que…

A : Les conséquences de ce mauvais moment.

C : Je… Je ne sais pas quoi te dire… Je me sens vraiment mal…

A : Quand j’ai rejoint votre groupe, vos soirées, c’était pour me vider la tête, pour penser à autre chose. J’étais déprimé, au fond du trou à ce moment-là, et vous m’y avez enfoncé encore plus profondément. Tellement profondément que j’ai cherché la façon la plus rapide d’en sortir.

Ses mots me glacent le sang alors que je me rappelle ce douloureux moment avec lui, dans mon garage. Ce jour où il m'a confié à demi-mot ce qu'il avait subi, pendant cette horrible soirée chez Xavier, et que Cassandra avait entièrement filmée pour le faire taire.

A : J’ai réellement essayé avec toi, j’ai fait de mon mieux pour que ça marche, même si c’était perdu d’avance. Mais si j’avais su ce qui m’attendait, jamais je ne t’aurais approchée. C’est Niels qui m’a sauvé de tout ça. S’il n’avait pas été là, je ne sais pas jusqu’où je serais allé. Grâce à lui, j’ai compris qu’en finir n’était pas la solution, parce que les gens qui m’aiment vraiment ne méritent pas que je les fasse souffrir en allant dans votre sens.

Je souris fébrilement, à la fois ému par ses propos et surpris par sa force de caractère. Comme s’il venait de faire face à ses démons, droit dans les yeux, sans fléchir.

Cassandra, elle, s’essuie discrètement les yeux, du revers de sa main. Bien qu’elle ne souhaite pas afficher ses faiblesses, la déclaration d’Aleksy semble l’avoir fait craquer.

C : Putain, j’ai vraiment été horrible… Je ne sais pas comment agir pour me faire pardonner… Je n’ose même plus vous demander de m’innocenter après ça...

A : On le fera quand même.

Cassandra et moi regardons Aleksy avec incompréhension. Moi qui pensais qu’il s’opposait complètement à cette idée après ce qu’il vient de dire, il me prend une nouvelle fois à contrepied.

A : On ne t'a pas pardonné, et on ne le fera probablement jamais. Si ça ne tenait qu'à moi, je te mettrais dans le même panier que Xavier. Mais on a besoin de mettre toutes les chances de notre côté pour le piéger. On ne le fait pas pour toi, mais seulement pour nous. Prends ça pour une chance qu’on t’offre.

C : Merci...

A : À une condition.

C : Laquelle ?

A : La vidéo…

C : Oui, évidemment, je la supprime tout de suite !

A : Non, je la veux.

Mais bien sûr, pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? Ça règle absolument tous nos problèmes, les miens comme les siens !

C : Que… Pourquoi ?

A : Moyen de pression, au cas où. Si tu ne plaides pas contre Xavier, si tu nous as menti à un moment ou si tu nous refais une crasse à l’avenir, les gens sur la vidéo se feront un malin plaisir de te balancer, y compris Xavier.

C : Ok… Ça me va.

Cassandra fouille dans ses dossiers digitaux pour débusquer cette pièce à conviction. Une fois trouvée, elle l’envoie par mail à Aleksy. L’échange ainsi fait, nous nous levons tous pour clore cette discussion. Avant de nous séparer, Cassandra interpelle Aleksy.

C : Une dernière chose, Aleksy. Je sais que… je ne suis pas en position de le dire, ni même que tu ne me croies, mais… j’ai apprécié les moments passés avec toi. Alors… encore une fois, désolée pour tout. Et j’espère que tu trouveras la personne qui est vraiment faite pour toi, si ce n’est pas déjà fait…

Elle nous adresse un dernier, ou premier, sourire de connivence avant de s’en aller. Je regarde Aleksy, interloqué.

N : Merde, tu penses qu’elle a compris pour…

A : Peu importe, on a la vidéo.

Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un petit rire malgré la situation. Je reprends vite mon sérieux, et je le regarde profondément dans ses yeux noisette.

N : Aleksy, tu es sûr que tu ne veux pas dénoncer tous ceux qui t’ont fait du mal sur la vidéo ? On se débrouillera pour Xavier, même sans Cassandra.

A : Tout va bien Niels, j’ai envie de tourner la page avec toi, pas de me lancer dans une nouvelle affaire judiciaire. Cette vidéo, plus personne ne la regardera. Je vais la ranger dans un dossier bien caché et elle n’en sortira plus jamais.

Je lui souris chaleureusement et joins mes lèvres aux siennes. J’ai envie d’y croire, à cet avenir. Un optimisme rayonnant envahit tout mon être, comme si j’arrivais enfin à apercevoir le bout du tunnel. Pour tendre vers cet idéal, il ne nous reste plus qu’à rejoindre le commissariat et leur révéler tout ce que l’on sait.

Alors que nous nous y dirigeons, Aleksy, le téléphone entre les mains, s’arrête en chemin. Étonné, je m’arrête également pour savoir ce qu’il fabrique.

A : Niels, pas besoin de portrait-robot.

N : Comment ça ?

Aleksy tourne son portable dans ma direction. Sur l’écran, j’aperçois la vidéo, ou plutôt la miniature de cette dernière. En second-plan, assis sur une chaise, une cigarette à la main, du moins en apparence, on discerne un homme brun aux cheveux courts. Est-ce que…

A : On a trouvé Bono.

Fin de la partie 4…

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