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Au fil des pas comme on déroule une frise, au-delà de la bordure des arbres aux feuillages touffus, échancrant un champ de vision fermé sur l’infini d’un simple rond de verdure, apparaissent quelques noka au toit yosemune : le village enfin se dévoile aux yeux de Doriane et Simon !

Si ce dernier n’a de cesse de rabâcher en lui ces légendes incongrues qui peuplent internet, repensant à cet avertissement gravé sur stèle en pierre, avertissement qui le fait frémir au plus profond des chairs, Doriane, elle, se sent l’âme à s’envoler. D’un pas plus pressé encore, elle délaisse la main de Simon pour s’élancer sur le village avec l’empressement d’une idiote qui va au loup, d’un dévot qui se brûle au mirage qui danse devant lui.

« Attends-moi ! »

Mais Doriane n’en fait qu’à sa tête et n’attend qu’une chose : en découvrir plus de ce village qui se dessine à mesure de ses pas. Un joli village comme hors du temps, au confluent des époques. Ce goût d’hier la ravit et l’intrigue tout à la fois : elle n’a jamais rien vu de semblable si ce n’est sur quelques photographies en noir et blanc.

Que voit-elle, dans ce monde sans électricité, loin du clinquant des publicités, des sollicitations mercantiles et autres signaux incessants qui peuplent nos vies contemporaines ? Les promesses d’un dépaysement ? Un anachronisme foudroyant ? Une curiosité qui recèle sans doute quelques sombres secrets ? Non, contrairement à Simon qui s’en inquiète vivement, elle ne voit que ce qui filtre au travers de ses yeux :

Un semble de noka jumelles qui se jouxtent et se dupliquent autour d’une place vide où se promène, sous l’ombrage délicat d’une ombrelle aux filaments carmin, une geisha en kimono de soie, et, plus loin, deux enfants en guenilles qui jouent à même la terre au kamizumo, égrenant leurs rires à mesure d’un combat haletant.

Plus loin, une noka différente des autres, bien plus longue, déroule sur sa devanture spacieuse les promesses d’un monde merveilleux : « Bienvenue au bazar du chien silencieux, seule boutique de souvenirs et épicerie d’Inunaki. » Ce slogan intrigue Doriane qui dodeline tendrement vers Simon, darde son plus beau sourire, celui auquel il est vain de résister puisqu’il conjugue l’amour à l’enfance, la beauté à l’espièglerie. Dans sa voix pétillante dansent les envies de mordre la vie :

« Simon, regarde ! Un magasin de souvenirs, ça te dit qu’on y fasse un tour ? »


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Doriane et Simon vont dans le magasin : 2

Doriane va dans le magasin et Simon l’attend : 180

Simon refuse, ils continuent la visite : 165

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