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Elle ne se fige qu’un instant face au cadavre amoureux et la monstruosité que je suis pour s’engouffrer dans la demeure des Murata, perdu pour elle-même à jamais, car elle n’en sortira jamais que sous la forme d’ossements et d’excréments
Elle est perdu, dit la mère ville, perdue à jamais, tu vois, tu ne la goûteras pas, tu aurais dû m’écouter, ne pas attendre mais va, il te reste le garçon, de la bonne viande, la meilleure je te dis, goûte mon petit, goûte !
Mais sa viande n’ouvre pas mon appétit contrarié et la haine m’ordonne de dépasser l’ōdo, d’en soustraire la belle à ses monstres pour devenir sa bête, me délecter de ses fumets
pauvre fou, hurle la mère, tu ne tueras mes enfants et je ne veux pas qu’ils te tuent à l’arquebuse, ils ont des balles, tu le sais et ta vie m’est précieuse comme à Inunaki qui sans toi ne serait que fantôme
Il suffirait d’une balle, mon enfant, pour que tu disparaisses, un sort pire encore que le seppuku, tu devrais voir honte d’y penser, mais honte au-delà des possibles
Mère pleuré-je un peu de larme noire sur mon visage blafard, je ne peux me résoudre à l’abandonner ainsi
Il en est d’autres qui viendront, et des vierges : un jour, tu pourras en avoir une, répond-elle glaçante, mais le moment n’est pas venu, mène le cadavre au temple et dévore-le, que la raison te revienne
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Il écoute la mère ville : 50
Il n’écoute pas la mère ville : 86
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