Je ris trop fort, je mens trop bien,
Chaque sourire cache un rien.
Un gouffre rouge, un cri voilé,
Derrière mes dents bien alignées.

On aime ma gueule, mon éclat blanc,
On ignore le sang sous mes gants.
Je tends la joue, j’offre la paix,
Mais c’est ma rage qu’on ne voit jamais.

Je suis le calme, je suis la fête,
Alors que l’ombre hurle en ma tête.
Je mime la vie, j'imite les vivants,
Mon cœur s’éteint, lentement, doucement.

Mes yeux sont vides, mon rire sonne,
Comme un glas, comme une couronne.
Et si tu voyais sous la peau,
Tu fuirais loin, comme les autres, aussitôt.

Je suis ce masque, figé, glacé,
Un rire cloué, trop bien tracé.
Mais sous l’éclat, c’est l’hécatombe —
Un cri sans fin, un roi sans tombe.