Phrases Lentes
Le feu s'émancipe des braises, son tact embrase la fissure entre le monde et l'autre-côté du voile.
J'ai des plans comestibles, j'ai des peines fusibles.
J'ai l'eau moelleuse et limpide.
Ces impies et parjures me fatiguent, je veux une chaise, un balcon et Yemoya.
J'ai été choisi par Yemoya.
Je suis persécuté pour mon innocence et ma fleuraison. Créer est le mourir que je partage avec la feuille, l'oraison de ma flûte.
À l'aurore quand le jour est encore un peu contigu à la nuit, j'étire ces lignes resplendissantes de l'adresse de la lumière.
Hors du passé, derrière le temps, proche de l'éternité, loge le vrai maçon.
Annotés, mes poignets scintilleront des symboles anciens et d'un candomblé de bracelets.
Je peindrai l'écriture que je n'ai pas le talent d'offrir, j'offrirai la lucidité que je n'ai pas la force de supporter longtemps.
Dans les draps du tombeau, mon mal de cœur soporifère, se décompose et vermillon déploie un spleen qui réjouit Baudelaire, qui vivifie Vioran.
J'ai des doigts dentelles qu'aiment porter ces dames autour du cou.
Ce n'est seulement hors du passé que le temps se réinvente. Ma vie est le surf en mer arctique, c'est une variation du sein de nos mères. Mes rideaux de préjugés sont longs, pourtant n'empêchent pas la vue sur le soleil.
J'ai tué le lion de Nemée ne gagnant que le respect du sol que j'ai foulé, fils de boue, je veux mourir en encens, tonnant vers les étoiles.
Je dénie ma terre d'un lustre dégoût.
Les chaînes de l'inconscience pèsent encore plus que celles de la conscience.
Comment créer sans copier ? Comment danser sans s'anticiper ? Comment regarder dans le cœur des intentions ?
Comment voler le feu et la lumière ? Comment distinguer le souvenir de l'instant passé ? Comment acclamer avec l'esprit les œuvres du créateur ?
Viens, suis-moi, délie tes reins et pense.
Ceins tes yeux et danse, brûle tes dieux et fredonne le chant de la seule profondeur même dans l'omnipotence, l'omniprésence.
Profondeur dans le vent, le temps, le regard de Râ. Plonge ta main dans le titre de ma chanson, tue les toi.
Si seulement les cristaux d'été existaient.
Ils y a des oiseaux qui viennent s'abreuver à mes sens, il y a Godot qui attend et puis je suis franc, j'ai fait des prêts chez le néant.
Donc, il m'arrive de me tromper de chaussures, d'argumenter la fatigue, de stimuler le suicide.
Vous ne me comprendrez sûrement jamais et c'est ce que je veux. Je ne veux pas être compris, je n'habite pas l'esprit. Ma maison est dans le cœur, derrière les peurs et en hauteur face à la mer des larges grandeurs "intellectuelles".
Le piano coule dans les mains du pianiste et moi je fume, je fume. Je fume la pensée, je décortique le vin, j'asperge le papier de sincérité. Je rédige le tôt-testament des vérités mourantes, agonisantes.
Je prêche pour les fleurs du pré, pour le son ré, pour l'accalmie du péché, pour qu'on laisse en fin le diable en paix. J'eus à peine, fini de compter mes jours qu'ils m'arrivent de nouveaux problèmes, de nouvelles femmes, de nouvelles teneurs dramatiques.
Mes premiers cahiers d'encres sont nés en terminale, dans l'ombre des moqueries j'ai développé mon style. Euripide, je versais des larmes censures de mon côté jeune fille, film, cinématique et "tarkovskiesque".
Je suis l'androgyne pas tout fait, ego sum Dionysos.
Les miroirs dispersent la vanité. Le teint glacé des dames blanches de la capitale de Lomé m'inspirent une nouvelle vénus. J'ai envie de manger l'accent de jeunes demoiselles espagnoles à l'intonation de doigts fève de cacao et aux rythmes des sentiments impromptus eau de coco. Les femmes sont des arabesques de Debussy, des huis clos de sartes, des cigares à la menthe et au jalapeno.
Écoute-moi, basané, étiolé.
J'ai toujours fait des présents d'insanité, alors, tenez prenez. J'ai envie de ressentir des pays perses. J'ai envie de ranger toutes les étoiles et de laver sept fois par jour ma douche. J'ai aussi souvent peur de regretter l'acte d'avoir célébré. J'ai fini par éclabousser mes prières de trop d'impuretés, les dieux ont rejetés. Je me sens comme dansé, comme si...
Pensé par l'été, foudroyé par l'hiver, séché à la pluie, déterré par moi depuis moi-même. À l'ouest de l'ouest, j'écrivaille des récits de tailles louables, d'envergures attachantes, on n'achète pas le style, qu'on ne te trompe pas. C'est lui qui te montre du doigt.
Je n'ai pas encore lu Thucydide, qu'Allah m'en donne le temps. J'en sais tellement peu, je parle beaucoup trop.
Si je vais à l'armée, je déteindrai sur l'armée.
Je suis bissap-café et quand ces femmes me boivent par mes joues qu'elles sucent, elles s'étonnent d'entendre les étoiles, de goûter à un plats de plusieurs mets. Je suis plusieurs, mais, anticipé par un. Je suis l'écrivain dragueur des cieux, courtier des folies et atterrisseurs de passions.
J'ai des actions dans les chemises roses, j'ai fait des investissements dans l'or rose porté au pied. Je n'ai pas de filets, pourtant j'attrape des cœurs volants. J'ai un passé scabreux, n'y fouille pas, m'étant levé du mauvais pieds, j'aurais sûrement fini ténébreux, chef de gang, psychopathe des lettres d'amour.
Moi, Jacques-Charles, Film noir carré rose avec bande-son Gary Coleman. J'ai le style impeccable, le diable essaya autre fois de manger mon talent, il le recracha secoué par les traces d'éternité et de prêchées de Marduk.
Oui, car moi j'ai compris, je suis tout le monde, je suis un, je suis passé, je passerai et je passe. Dieu...
J'attire la passion, les baisers et les rouges à lèvres. J'attire les étrangers aliénés, les cœurs brûlants brillants et les étoiles personnifiées.
Je suscite l'action, le rouge sur tout le corps, le tchip rougélicat de mes femmes africaines que je déifie.
Quand mon âme a commencé à rétrécir, j'ai arrêté de plaire.
Mon père a dit que j'étais un gâchis, mais, moi dans le ciel, tard la nuit, je vois mes élans de la journée resplendissants, écrits par Dieu dans les plus grands quasars et nébuleuses.
<< Fundamenta huius novae artis pono.
Ex ipso symbolorum profundo loqui, animam exspuere et se a ratione liberare.
Haec est aetas imaginis. >>
Je ne suis pas pur, mon père non plus, mais, j'ai changé de père.
Je prie Râ maintenant, des fois je pense à Vishnou, mais mon préféré c'est Ogun.
Tu veux me connaître ? Va chercher de l'eau dans un cimetière, Eshu te vendra du vin, décide de quoi payer. J'espère ne pas me suicider avant d'avoir un aquarium et d'assister à une cérémonie du thé.
Je suis entouré de traîtres et de faux rires d’aînés. De sourires de taureaux ailés, de souris en ruées.
Rien à voir.
Mes écrits sont déchaînés comme des flots au large, enchaînes pourtant, comme le sang aux veines.
Je me rappelle d'un vieil arabe que j'ai connu, il s'appelait kabbani.
Nizar Kabbani.
J'ai déjà fait le désert, j'y ai fumé avec les esprits.
La route des champs a toujours été peuplée de djinns et de fées. Je suis venu avant le temps qui m'était destiné, je mourrai les mains vides de ne pas y avoir goûté. L'esprit pourrira et la chair l'emportera, mais, ce ne sera pas long.
Dieu sursoufflera.
Le téléphone sonne. Je réponds. C'est qui ? C'est moi, toi qui ? Moi-même.
J'ai déjà réussi à blesser l'eau, j'ai déjà gémi de haine, j'ai déjà compris de fureur, j'ai déjà fumé un bâton de cannelle tard le soir, sans raison. Je connais le pilier qui mène aux cieux, il se respire.
L'illusion d'être me désagrège, j'ai les tympans assommés par les cymbales des prières quand je passe le dimanche dans les rues de ces quartiers abandonnés de l'esprit, du désir, de l'ordre, même par dame chaos et Érèbe.
Yemoya, j'ai la gorge sèche et les mains attachées, parce que j'ai bu de l'eau de vie, j'ai mangé à la table des dieux. J'ai trinqué à l'Hadès et je peux réciter du Machiavel.
Aide-moi.
Le terre est ronde, ce vin est plat, changez-le moi. J'ai apprivoisé le clair de lune, mon train de vie est parti, j'ai tous les partis pris.
Cette charmeuse de sourires, cette danseuse aux voiles de cauris, c'est Yemoya.
Yemoya et moi, on fait l'amour et toi, tu lis.
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