Prologue. [corr Anne]

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Année 2760 du troisième calendrier de l’Ecclésiaste.

La mémoire a ceci d’étrange qu’elle est rarement fidèle.

Alors que dire de la mienne qui remonte à d’innombrables millénaires.

Évidemment, plusieurs fois je suis mort, évidemment, j’ai été reconditionné, rafistolé, régénéré autant de fois que cela fut nécessaire.

Peut-on dire que j’ai ressuscité plusieurs fois ? Non, je ne le crois pas.

Peut-on parler de clonage ? Je ne le pense pas non plus.

Mais laissons cela pour l’instant, je ne suis pas Nietzsche et je ne peux rien dire d’un éternel retour. Alors autant commencer ce récit au quatrième mois de l’année 2760 du troisième calendrier de l’Ecclésiaste. Calendrier d’un triste individu dont j’avais causé la perte, mais c’est une autre histoire.

À cette époque, j’avais sous mes ordres un escadron de cavaliers, constitué des pires vauriens, mercenaires de mortes-payes, rouliers des Hautes Terres, lanciers Cimmériens, Cataphractaire Salamandrins et même d’équites Bactriennes.

Nous avions pris part au sac des villes du Croissant, bien à l’ouest des Monts Chauves bordant le grand lac de Murdir.

Nous nous étions enrôlés comme auxiliaires dans l’armée des Citées Libres des Cambistes, sous les ordres du Grand Argentier, Théodor Argrigente.

Sous son commandement, nous avions ravagé les Cinq Provinces. Fait plus de morts que de prisonniers, incendié toute cette partie-ci du monde qui avait été si opulente, si civilisée, si convoitée.

Jamais depuis la prise de Pandora-Prime, spectacle ne fut si grandiose que cet horizon rougeoyant, que cette incandescence des cœurs et des choses qui nous avait transformés en monstres sans la moindre once de pitié ou de remords.

Les escarbilles des villes en flammes, emportées par le vent, avaient transformé toute la région du Croissant en une furieuse mer de feu et de cendre, ne nous laissant qu’un butin pitoyable glané dans des ruines fumantes encombrées de cadavres carbonisés.

Un prix dérisoire pour de si rudes combats.

Combien de pauvres hères avions-nous dû écorcher, alors que sur les marchés d’esclaves ils auraient accru nos profits ?

Contrariés et mécontents, harassés d’avoir massacré tant de gens pour une foi qui n’était pas la nôtre, mon escadron et moi décidâmes de nous séparer des forces de Théodore Argrigente.

Du reste, nous savions que la plus grande part de son trésor avait sombré au milieu du lac de Murdir.

Nous avions été ses alliés, mais il fallait bien qu’il s’acquittât d’une manière ou d’une autre de nos soldes.

Je sentais bien que l’or promis serait prompt à se transformer en acier de quelques lames destinées à hâter notre trépas.

Les villes rasées, les campagnes pillées la population exterminée. Il n’y avait plus rien de bon à s’attarder avec une armée victime de l’orgueil, du fanatisme et surtout de l’imprévoyance de son chef.

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