La fin de Rélahya ville des Terres de l'Ouest.

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Rélahya, était bâtie à l’extrémité des Marches des terres de l’Ouest. Ce n’était pas vraiment un village, mais plutôt une petite ville. De sorte qu’elle était entourée d’une étroite enceinte de pierre et de quelques tours de guet suffisantes pour la protéger des pillards. Ces maisons étaient frileusement serrées les unes contre les autres, souvent faites de colombages et d’adobe, elles étaient plus hautes que larges, avec des toits pentus et de hautes cheminées. Seule la grande rue principale était pavée, sinon pour le reste elles étaient étroites et sinueuses. La place du foirail, comme son nom l’indiquait, était occupée par une halle qui faisait la fierté de la petite citée et chaque matin elle était utilisée pour les marchés. Les gens y vivaient assez proches les uns des autres tant par la proximité de leur habitation que par les relations que les familles avaient su nouer au fil des générations. Cette petite ville comprenait un temple et deux chapelles et collé à l’enceinte extérieur, un monastère qui servait à enseigner la religion et à fournir un refuge aux pèlerins et aux nécessiteux.

Bien que petite, Rélahya, disposait de nombreux commerces. Ses habitants y trouvaient une grande varité de services et de produits, allant des remèdes aux tissus colorés. Du fait de sa proximité avec les Terres Sombres, et de par sa localisation, à trois jours de marche d’une autre cité, cette ville était le seul endroit où les gens pouvaient obtenir des marchandises rares et précieuses, ce qui en faisait un lieu de commerce très célèbre. Ses habitants travaillaient dans des métiers variés, souvent liés à l’exploration des Terres Sombres, et des artisans spécialisés tels que les recycleurs, y créaient des objets souvent étranges mais recherchés. Cette petite ville abritait également quelques tavernes qui ne désemplissaient jamais, ainsi qu'une imprimerie, la seule à des dizaines de lieux à la ronde. Hormis sa presse à bras, elle possédait une bibliothèque de livres rares et de brochures en tous genres glanés par son propriétaire. C'était un homme étrange, qui venait d’une contrée lointaine. Il avait la peau sombre, un nez aquilin et un regard de braise. De Saad-Ohm, à Rélahya il était connu sous le nom de Youssef Al'Mahzuz Aithnayn, car il avait un jumeau. De lui on disait qu’il avait pactisé avec quelques démons, car il semblait immunisé contre le mal des Terres Sombres.

***

Malheureusement pour elle, cette ville avait attiré l'attentions des AZ.

Graf Garmer von Grugger ne pouvait plus les laisser explorer son territoire. La populace savait pourtant que cette zone était néfaste pour la santé, qu’elle était même mortelle pour ceux qui y restaient trop longtemps. Le malheur de cette ville, viendrait d’individus tel que Youssef Al'Mahzuz. Car il était un de ces hommes, qui avaient soif de connaissances, d'un savoir pourtant interdit au commun des mortels. Rélahya était un nid d'explorateurs, d'aventuriers qui faisaient fit des dogmes et de la religion, il fallait donc sévir avant que le mal de la connaissance ne contamine Saad-Ohm.

***

Pour Jade, c’était un jour comme les autres. Le réveille au chant du coq, s’habiller, s’occuper de quelques tâches ménagères, ranimer le feu dans l’âtre, prendre son brouet et sa tisane matinale. Puis commencer à réduire en poudre des herbes qui étaient dans des bocaux rangés sur les étagères.

Bien que très jeune, elle était une herboriste reconnue de ses paires. Et à la fin de cet hiver, elle devait devenir Magister herboriste.

Ce triste matin, elle alternait entre son mortier et sa balance, quand elle entendit des cris. Elle pensa, probablement que c’étaient des enfants qui jouaient ou que c’était du bétail en liberté. Elle préféra se concentrer sur son travail. Mais les cris ne faiblissaient pas, c’étaient plutôt des hurlements, toutes sortes de hurlements. Puis le tocsin sonna à la volée. Alors elle sortit de son magasin. À sa grande horreur, elle vit des êtres étranges, vêtus d’armures des plus bizarres, tantôt on les voyait tantôt ils étaient invisibles. Ils tombaient du ciel. Puis au pas, ils parcouraient les rues accompagnés de femmes nues tenues en laisse. Entre temps, des villageois s’étaient armés avec des épées, des haches et des piques pour combattre les étrangers… mais ces défenseurs étaient frappés de loin par d’horribles armes ressemblant à des lances qui crachaient des traits lumineux.

Rapidement, elle rentra se cacher au fond d’une armoire. Elle était terrorisée.

Elle ferma les yeux et se boucha les oreilles. Les cris se calmèrent, mais elle n’osa pas sortir. Juste au moment où elle pensa être sauvée, elle réalisa qu’on entrait dans sa boutique. Elle n’entendit pas qu’on fouillait chez elle, aucun bruit de meubles renversés, aucun bruit de vaisselle cassée, ni de grincements de portes d’armoires ouvertes, rien ! Les étrangers parlaient assurément la langue commune, mais leur accent était si étrange, qu’elle ne pouvait comprendre qu’un mot sur quatre. Elle crut saisir qu’un homme disait :

  • Cherche ! Traqueuse, Cherche ! et une voix de femme qui répondait :
  • Là ! maitre, là, dans cette armoire.

Jade comprit qu’on l’avait trouvée. Les portes du meuble furent ouvertes. Elle était recroquevillée, et elle s’était retrouvée à regarder l’un de ces étrangers étrangement habillés, il portait un casque qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle connaissait, il était accompagné d’une femme qui ne portait qu’une ceinture où pendaient de nombreux colliers fait d’un métal qui venait des Terres Sombres. Tous les poils de son corps avaient été rasés. L’homme attrapa Jade par le bras et la tira dehors.

  • Avance fille ! … Traqueuse*, passe-lui un collier de soumission.

L’autre lui répondit :

  • Bien, maitre.

Tremblante de terreur, Jade sortit de chez elle. Elle marcha devant eux, mais ses jambes flageolaient, elle tituba comme saoule, plus d’une fois elle sentit qu’on la soutenait par le bras. Puis elle s’évanouit.

Alors qu’elle était portée, sa tête commença à se balancer et elle se rendit compte qu’elle avait été entraînée dans les rues d’une ville qui venait d’être saccagée. Certains bâtiments étaient réduits à des monceaux de ruines fumantes et pas une fois ils n'étaient passés devant un groupe de gens combattant les incendies.

De nombreux corps atrocements mutilés gisaient dans les rues.

Elle se racla la gorge qui lui brûlait à cause de la fumée qu’elle avait inhalée.

  • Ah, foutre dieu ! Le petit bout est maintenant réveillé, entendit-elle, c’était la voix d’un de ces êtres étranges qui lui tenait les jambes. Si vous vous arrêtez un moment, je pourrais la fourrer ici, elle a un petit cul bien rond, et elle sentit ses cuisses s’écarter.
  • Ta gueule, idiot ! Et continue à marcher, à moins que tu ne veuilles que le Graf t’écorche la peau du dos ?
  • J’aimerais te voir ! Si t’étais à ma place, et tu verrais se tortiller ce morceau de viande juste devant tes yeux tout le temps. Elle a la robe retroussée, elle a même pas de culotte !
  • Pense simplement à Hans et à Alfred, à quoi ils ressemblaient, cloués entre deux arbres, avec leurs couilles fourrées dans leur bouche. C’est ce que tu obtiendras pour avoir désobéi ! Nous sommes des soldats disciplinés !
  • Oui, chef ! Discipline, chef ! D’accord, chef !

Le soldat devant lui donna un coup de pied dans un corps gisant sur son chemin.

  • Là, tu vois ce qui arrive à une armée indisciplinée ! Et à ceux qui défient le Graf ! Je préfère vivre et attendre. En attendant, on pourra toujours se soulager avec une traqueuse. C’est jamais qu’une putain, un animal docile. En tout cas c’est ce que je ferai, jusqu’à ce que le Graf nous donne notre part de butin.

Ils transportèrent Jade jusqu’aux ruines du monastère. Le toit manquait à certains endroits et beaucoup de murs étaient effondrés, mais le cloitre était déjà débarrassé des débris.

Jade entendit des sanglots et des pleurs en entrant, avant d’être jetée dans un coin, où d’autres filles étaient recroquevillées.

Puis une voix grave retentit.

  • Ah enfin, encore une autre !
  • Oui caporal, mais je ne pense pas qu’il y en aura beaucoup d’autres à venir. J’ai trouvé celle-là dans une armoire.
  • Oui, ajouta l’autre soldat, c’est une femme libre, pas de collier, pas de tatouage ou de marque apparentes. On lui a juste mis un de nos colliers
  • Ne vous inquiétez pas, pour le reste, nous nous en occuperons.
  • Caporal, assurez-vous simplement qu’elle ne puisse pas s’enfuir.
  • Soldats, s’il vous plaît, restez simple ! Je passe la moitié de la journée à dénouer des nœuds fantaisistes qui se détachent difficilement ! De combien de corde avez-vous besoin pour attacher les poignets d’une fille comme elle ?
  • Ah caporal, allez ! Les forces combattantes méritent au moins un peu de plaisir, avant que vous ne posiez la main sur elles.
  • De qui vous vous foutez soldats ? Comme si beaucoup d’hommes étaient nécessaires pour foutre la volée à deux ou trois peignes cul ? Une fois que les drones ont fait leur boulot vous ne faites que passer la serpillère !
  • Ah bon caporal ? Je n’ai pas vu autant de bâtiments effondrés depuis longtemps ? À quoi bon conquérir une ville, si tout est brisé et ruiné ?
  • Soldats ! vous êtes cons ou quoi ? c’est une opération "Colère Divine" ! qu’est-ce que vous ne comprenez pas ?
  • Et merde ! ça veut dire qu’il n’y aura pas de pillage.
  • Avant de partir, s’il vous plaît aidez-moi à transporter ces boîtes de colliers et d’entraves ici. Elles ne portent pas toutes des colliers. Heureusement que l’intendance a vue large.

En s’adossant au mur en position assise, Jade, pouvait voir un colosse parmi bien d’autres, choisir une fille à côté d’elle. Il la tenait par les cheveux, il lui arracha ses vêtements.

  • Sois une bonne fille et bouge pas pour que je puisse te passer un collier, sinon je vais te battre comme plâtre.

En pleurs, la jeune fille obéit, elle avait maintenant une étroite bande de fer fixée autour de son cou, la même que Jade portait déjà. Puis il la poussa contre une sorte de portique et il lui attacha les mains à un des anneaux métalliques qui pendaient à une tringle au-dessus de sa tête.

  • Encore cinq autres pour remplir la rangée, alors celles qui ne sont pas encore marquées recevront leur sceau d’esclave, annonça a-t-il joyeusement. Certaines des filles dans la file commencèrent à crier, à prier et à pleurer implorant une vaine pitié. Tais-toi. Je n’ai pas le temps d’entendre tes jérémiades, donc ce sera juste un petit tampon sur ton épaule, ça ne fera pas très mal.

Sans se soucier davantage des filles qui pleuraient, il attrapa la suivante.

  • Ah, déjà muni d’un collier et d’une marque d’esclave, sourit-il, tu connais la musique, chérie.

En effet, la fille ne semblait pas avoir peur du tout, mais elle jeta plutôt à l’homme un regard engageant et elle prit une pose obéissante. Impassible, l’homme l’attacha au portique comme toutes les autres, mais lui donna une tape sur les fesses avant de continuer.

Jade comprit que toutes les filles capturées dans la ville, qu’elles soient esclaves ou anciennement des femmes libres, étaient rassemblées dans cet endroit.

Les filles fraîchement réduites en esclavage frissonnaient de terreur, pleuraient, certaines essayant même de lutter contre leurs liens ou essayaient de s’enfuir, d’autres apathiques sous le choc ou par résignation se laissaient pendre aux tringles. Les esclaves de longue date étaient beaucoup plus détendues, même si certaines d’entre elles semblaient inquiètes ou même pleuraient parce qu’elles avaient perdu leurs repères.

Le bruit des coups de fouet, des cris et des détonations indiquait à Jade que les hommes étaient traités de la même manière dans la cour adjacente de l’autre côté du mur.

Le caporal, aidé d’un certain nombre de grands gars travaillaient méthodiquement asservissant les filles, posant les collier, les déshabillant si nécessaire et les attachant en ligne aux nombreux portiques. Lorsque qu’ils furent tous remplis, le caporal appela avec un appareil étrange un assistant de l’autre cour. Il arriva portant un tube dont une des extrémités était rouge, il parcourut les rangées pour demander à chaque fille si elle était marquée. Les filles qui ne pouvaient pas présenter une marque d’esclave ou un tatouage été attrapées par les cheveux, et elles recevaient un coup de tampon avec le tube sur leur épaule gauche. Le sceau consistait évidemment en une multitude de fines aiguilles qui l’espace d’une seconde pénétraient la peau. Et avant même que le sang ne commence à couler, le marquage avait eu lieu, le soldat essuyait rapidement l’encre rouge pour laisser voir une marque en forme de « 8 ».

L’homme indifférent continua son travail jusqu’à ce qu’il finisse. Il ne montrait ni méchanceté ni sympathie.

Une fois que toutes portèrent la marque de l’esclavage, des roues sortirent des pieds des portiques qui se soulevèrent arrachant du sol les brochettes de filles qui y pendaient comme du linge sale.

Jade avait attendu immobile son heure, la tête inclinée. Attachée, nue, attendant la suite des évènements. Finalement. Son rythme cardiaque accélérait chaque fois qu’elle pensait à être marquée. Est-ce que ça ferait très mal ? finalement elle n’avait presque rien senti.

Les portiques avançaient seuls se dirigeant vers d’énormes conteneurs.

Mais avant que ce ne soit le tour de son portique, un officier apparut, mieux habillé avec tous les signes d’une autorité innée.

  • Salut caporal ! c’est le Baron Von Trooper qui m’envoie. Il a besoin de dix ou douze de ces chiennes pour décorer les murs de la salle des réceptions. Des « AZ » sont attendus et le Graf veut leur donner un beau spectacle.
  • Faites votre choix, comandant. Il y en a plus qu’assez. Petites, grandes, bronzées, pâles, potelés ou maigres, grosses ou petites poitrines ... j’ai tout ce que le Seigneur préfère.
  • Eh bien caporal, dit-il en riant, je n’ai pas été invité à ses soirées récemment, donc je ne sais pas ce qu’il aime. Je suppose que je vais prendre un mélange avec un peu de tout. Comme la blonde avec les gros seins que vous ne faites que tripoter.

D’une certaine façon, Jade pensait qu’elle avait de la chance, car sa jeune sœur Aurore, était chez sa tante à Saad-Ohm.

Jade sentit une main forte saisir ses cheveux.

Et cette petite rousse avec la drôle de coupe de cheveux.

  • Elle vient juste d’être marquée et munie d’un collier. Mais c’était une femme libre.
  • Peu importe, elle fera l’affaire. Je crois que le Baron a quelque chose de spécial en tête et je dois me dépêcher.
  • _ Vous voulez des garçons dans le mélange ? Ils sont là-bas, dans la cour voisine.
  • Non, le Baron a spécifiquement demandé des filles.
  • Si vous voulez plus de choix, les conteneurs sont pleins, vous trouverez sûrement ce dont vous avez besoin.

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