Déviation.

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Le type même de chapitre que j’écris uniquement pour moi et que je suis seul capable de comprendre,

c’est comme un petit plaisir solitaire.

Comme quoi, je ne fais pas toujours dans le porno, ni dans le gore.

Mais c’est comme pour tous les petits plaisirs solitaires, ils ne faut pas en abuser, histoire de ne pas devenir sourd.

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Après ces années passées sous la férule de quelques maitres dont le dernier était Llamal, Ashka avait grandi comme un oiseau condamné pour longtemps au supplice de la cage. Chaque soir de cette vie elle avait été enchainée et jamais elle n’avait pu s’éloigner de l’auberge.

Aussi, depuis la pointe du jour, depuis notre sortie du caravansérail, elle frétillait d'allégresse. Et comme un pinson, elle secouait joyeusement ses ailes, jouissant de l'espace et de l'air pur, quoique torride. Elle s’épanouissait au sein de ce qui pour elle ressemblait à la liberté, voire au bonheur.

***

Ashka avait voué à son nouveau Maitre une affection enfantine presque sans bornes. Sans comprendre pourquoi, depuis le premier soir de leur rencontre, elle s’était éprise de celui que l’on nommait respectueusement Reg Teixó. Pourtant elle en avait vu des hommes, des plus jeunes, des plus beaux. Mais non, du plus profond de son être, c’est lui qu’elle voulait. Lorsqu'il s’absentait pour vaquer à ses affaires qu’elle jugeait bien étranges, elle frémissait à l’idée qu’il se lasse d’elle et qu’il demande à Llamal de lui fournir une autre fille, plus jolie, moins maigre et avec plus de formes. Mais non, chaque soir et même parfois des après-midi entiers, il la gardait auprès de lui. Alors dès qu’elle le revoyait, c'était avec des débordements de joie et d'affection semblables à ceux d'un chien, au retour de son maître qu’elle l’accueillait. Elle avait joué sa vie sur un coup de dés et elle semblait bien avoir gagné, même si présentement, elle allait nue et tatouée de la tête aux pieds. Elle savait que c’était la preuve d’un lien puissant qui les unirait l’un à l’autre. Elle avait compris qu’elle était l’outil précieux d’un être que beaucoup craignaient. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il soignait ses armes et son roojas pour en être convaincu.

***

Depuis le début de la matinée nous cheminions sur une plaine vallonnée mais déserte.

Nous étions alors en début d’après-midi, depuis longtemps la brise était tombée et le soleil déployait une force si grande que la route, malgré sa blancheur, irradiait une chaleur suffocante.

Je me félicitais d’avoir acheté des sandales pour mon esclave, ainsi je savais qu’elle serait plus efficace.

Le chemin poudreux de Migalana, était monotone, les kurts faisaient preuve de leur indolence accoutumée, ils tiraient le chariot aussi placidement que facilement, Ashka marchait devant l’attelage, elle tenait dans une main la poignée de brins attachés à l’anneau nasal des kurts, dans l’autre elle agitait une badine. J'étais en sueur au milieu de l'excessive chaleur de cette journée, j'essayais de secouer ma torpeur, aussi parfois je faisais courir mon bahwein, comme pour m'échapper de cette léthargie et surtout pour distraire ma pensée.

Les routes qui conduisaient à Migalana, étaient nombreuses, certaines formaient des bifurcations vers des hameaux maintenant en ruines. Au pas lent de l’attelage nous passâmes devant les décombres de la bourgade minière de Cuvidi, reconnaissable à ses puits de mine, ainsi qu’à ses crassiers. À sa sortie nous vîmes un des résultats des pillages des Greenheads sous la forme des restes d’un tombeau communal. Le tumulus éventré libérait son bagage de cadavres débarrassés de leurs linceuls. Ashka chantonnait, les roues du chariot grinçaient et mes drones tournoyaient dans un ciel serein, encore deux heures à se trainer et nous ferions halte pour monter le camp. Jadis, cette contrée, était plantée de vergers merveilleux, d'ombrages pleins de fraîcheur, de champs fertiles. Elle passait pour une terre enchanteresse aux fleurs odorantes. Les canaux qui entretenaient la vie en ces lieux étaient maintenant secs ; on aurait pu croire que leurs lits n'avaient été creusés que pour servir d'abris aux Greenheads. Puis nous traversâmes par le milieu une rizière maintenant en friche, ces herbes hautes nous camouflaient, autant qu’elles pouvaient abriter une horde de pillards, mais les drones veillaient et rien d’inquiétant n'était à prévoir. Quand enfin nous sortîmes de ce champ immense et ondoyant, ce fut pour recevoir le message alarmant d’un de mes drones ; à quatre parasanges se trouvait un camp de sauvages. En d’autres temps, j’aurais foncé dans le tas, massacrant tout, mais je jugeais que la petite n’était pas encore prête pour une telle équipée. Je préférai donc prendre un autre itinéraire passant par une petite vallée que je savais déserte.

La route serait bien différente, elle serait caillouteuse, et il nous faudrait avant d’atteindre la vallée, poursuivre en direction des collines plus abruptes qui se profilaient à l’horizon, sur l’autre versant, il n'y aurait point d'arbres, mais seulement des aloès, des figuiers de barbarie, et toute sorte de plantes grasses pourvues de légions d’épines. Cela ne serait pas du gâteau, mais au moins nous serions seuls.

Enfin, arrivés derrière les collines, voilées de brume, le couchant s’endormait. Un air tiède, comme une haleine, flottait mollement à l’entrée de la vallée. Pourtant le sol gardait toute son ardeur, quoique nous fussions déjà fort avancés dans l’obscurité, Minore et Majore se levaient enfin et c’est sous cette clarté doublement lunaire que nous arrivâmes sur une des rives de la M'uchanh.

Ashka était épuisée par cette si longue marche qui s’était prolongée bien au-delà de ce que j’avais prévu.

Elle sentait ses yeux peu à peu s'alourdir, ses jambes se dérober sous elle, presque, elle titubait.

  • Allons, gamine, lui dis-je, tu dors debout, il faut te coucher et te reposer. Je vois là-bas une grotte dans la falaise, nous allons y aller et tu t'étendras sur un bon couchage.

Je le veux bien, Maitre, dit-elle, mais à une condition, c'est que vous resterez près de moi.

— Ma petite esclave qui me donne un ordre ? mais, j'y consens.

La distance qui nous séparait de la caverne avait été encore longue, car, comme pour un effet qui arrive toujours en mer, le rivage est toujours plus loin, quoiqu'il parût tout près.

Sur le chemin de la falaise, je n’avais pas aperçu de traces de bêtes fauves et arrivé au pied de celle-ci c’était pour constater que l’entrée de la grotte était bien à cinq toises du niveau du sol.

  • Bon, assieds-toi pendant que je m’occupe de l’attelage et que je sécurise le coin. Je m’occupe de tout.
  • Bien Maitre. Je suis une bien mauvaise esclave.

Moins d’une demi-heure plus tard je revins vers elle. Elle dormait déjà à moitié. J’avais déjà envoyé un drone explorer notre futur refuge et pour moi tout semblait ok. La falaise était d’une difficulté moyenne, un 5 sup ou un petit 6A, deux drones éclaireraient mon ascension. Mais je jugeais que pour Ashka vu son état cela risquait d’être dangereux.

  • Gamine, grimpe sur mon dos, je vais enrouler une corde autour de nos tailles. N’ai pas peur, c’est une escalade de rien du tout.
  • Ah ! avec toi, Maitre, je n'ai pas peur, me dit-elle, en me passant les bras autour du cou. Tiens ! si je ne craignais pas de te fatiguer, je voudrais toujours rester ainsi, et si nous tombons ensemble, ce sera encore un bonheur pour moi.

— Eh bien ! Ashka, rassure-toi, et cramponne-toi sans crainte, car tu me sembles aussi légère qu’une plume.

J’arrivai rapidement en haut, il y avait une vire à l’entrée de la caverne. Je la déposais tout en pensant : ah les esclaves ne sont plus ceux qu’ils étaient, à ce demander qui est le maitre de qui ?

Malgré le ciel étoilé, mon Oracle m’avait prévenu de l’arrivée d’une forte dépression. Nul doute que notre halte en ce lieu devrait se prolonger plus que prévu. Il est vrai que nous aurions pu rester dans le chariot, mais y allumer un feu serait impossible et de plus j’avais des doutes sur l’imperméabilité de la toile. Alors il fallait voire cette grotte comme une chance à saisir, d’autant que la falaise plutôt haute accusait un fort dévers. La charrette haute sur roues serait un abri pour mon bahwein, et les kurts qui ne craignaient ni la pluie, ni le vent, se blottiraient contre la falaise. Il n’y aurait à craindre que les attaques des canis ou celles des loups. Afin d’être tranquille il me fallait disposer autour du chariot quelques éponges imbibées de sève des bois étranges ce que je fis.

Il me restait encore pas mal de choses à faire et après plusieurs aller-retour, entre le chariot et la grotte, pour monter tout le nécessaire pour rendre notre séjour le plus confortable possible je pu enfin allumer un feu et préparer notre couchage.

J’étais pour elle un homme trapu, barbu, basané de peau, habillé d'une tunique à frange en cuir de trabuk, la même que celle des rouliers. J’étais son maitre, un homme étrange qui pourtant n’avait pas l’air de lui faire peur.

Elle se coucha sous les fourrures, et s'endormit d'un sommeil léger.

Assis auprès d'elle, elle me prit la main. Je n'eus d'autre chose à faire que de la regarder et je le fis. C’est ainsi que l'amour pénétra mon cœur.

Outre la régularité des traits, elle avait cette beauté d'expression presqu’enfantine, que les Dominiens nomment attilatas et qui n'avait pas de nom dans ma langue. C'était quelque chose qui émanait de son visage, et qui ressemblait au velouté des pêches. C'était insaisissable, indescriptible comme la possibilité de l'âme. Elle était petite de taille. Mais je savais depuis longtemps qu’il ne fallait pas se fier à ce genre de femmes : Elles ont l'air de vous dire : Laisse-moi entrer dans ton cœur, je n'y tiendrais pas beaucoup de place, car je ne suis pas grande, mais une fois entrées, elles l'accaparent tout entier. Mes pensées vagabondaient afin de trouver souvenir d’une pareille chose, je ne comprenais pas cette étrange sensation, cette chaleur diffuse électrique qui émanait de cette paume offerte. C'est singulier, pensai-je, plus je la regarde et plus je la trouve jolie ; jusqu'ici je ne faisais pas attention à elle, pas plus qu'à une esclave.

***

Le matin nous surprit blottis l’un contre l’autre. La pluie n’avait pas encore fait son apparition mais les lourds nuages qui s’amoncelaient annonçaient un gros orage.

Il me fallait sortir, car je ne pouvais plus supporter son regard, je craignais trop de rougir devant-elle et je ne pouvais cependant me priver trop longtemps de la voir.

  • Ashka, prépare-nous un bon café, j’ai hissé la cantine et les outres, tu y trouveras tout ce qu’il te faut. Et couvre-toi, le temps s’est rafraichi. Aujourd’hui le soleil n’aura aucune action sur tes tatouages.
  • Bien mon Maitre.
  • Je descends, je vais faire une bonne provision de bois et pécher quelques poissons avant que le ciel ne nous tombe sur la tête.
  • OK, Maitre.

Je retournais trempé à la caverne, mais j’avais pu faire plusieurs fagots et mon filet était lourd d’une pèche miraculeuse.

Ashka, vêtue d’une palla, m’attendait à genoux devant le feu. Sans un mot elle me tendit un bol de café fumant et pendant que je le buvais à petites gorgées, elle entreprit de me déshabiller. Nous fîmes l’amour en silence, alors que dehors le tonnerre grondait. J’étais comme l’adolescent transi de jadis qui découvre les joies d’un premier amour. Puis, dehors ce fut l’accalmie, éclairs et tonnerres avaient cédé la place à une forte pluie dont les grosses gouttes martelaient le sol. J’en profitai pour interrompre nos ébats.

  • Petite, vide les poissons et nettoie les moules, elles sont moins bonnes que celle de mer, mais cela fera l’affaire. Je donnerai les vidures au bahwein. Pendant ce temps j’ai une petite chose à faire.
  • Comme le voudra mon Maitre. Mais mon Maitre n’est pas satisfait de sa petite esclave ?
  • Veux tu te taire petite chipie et faire ce que je t’ai demandé.
  • Bien Maitre, et dans sa voix il y avait comme un début de bouderie.

Il me fallait prévenir le caravansérail. Je pris une cage d’osier dans laquelle il devait y avoir une dizaine de Papillons messagers. Ils bougeaient peu, ils étaient comme endormis. Je savais que c’était dû à la pierre de sommeil* que j'avais posée en son milieu. Dans dix minutes, le papillon serait réveillé. Alors il s’envolerait, j'avais donc le temps d’agencer les couleurs des ailes de l’insecte pour qu’elles correspondent à un code préétabli. Je sortis délicatement un papillon aux ailes multicolores. J'utilisai un fin pinceau en poil de martre. Pour inscrire mon message qui en substance annonçait mon retard ainsi que le nombre de Greenheads et le lieu de leur campement. Je souris, satisfait de mon œuvre. J’ouvris un étui. « La boite à odeur », une goutte sur ses mandibules et le papillon n’aurait de repos que de trouver la pierre de sommeil qui correspondrait à cette odeur. Voilà, c’était fait, le papillon multicolore battait des ailes. Il s’élevait déjà, tournoyant dans la grotte à la recherche de la sortie.

Je me levai, allant à la rencontre de la fille dont la peau blanche, satinée et demi-nue, son épaule droite à peine éclose de la palla, me regardait avec cette candeur toute féminine. Mon dieu, qu'elle était séduisante ainsi !

  • Ashka tu n’as pas faim ?
  • Oh si, mon Maitre.
  • Tu sais cuisiner ?
  • Pas vraiment, mon Maitre j’étais juste une serveuse et une putain.
  • Quelque chose me dit… que je ne suis pas surpris. Va te recoucher, je sais que tu es encore fatiguée, je m’occupe du repas.
  • Oh non, Maitre, j’aimerais apprendre. Vous voir faire.
  • Bon alors, autant m’aider, va me chercher la besace rouge. Moi je vais choisir les ingrédients.

D’une cantine, je sortis un pot de concentré de tomates et deux grosses tomates bien mures.

  • Tu vois, un bon cuisinier dois toujours avoir de bons outils. Dis-je en sortant des couteaux et une planche à découper de la besace que me tendait Ashka. Tu vois, repris je, je vais choisir deux lames, deux couteaux. Et comme tous les bons outils, ils ont une histoire. Dans la main gauche j’ai un santoku, avec une finition kurouchi de la lame, il est très agréable à manipuler. Il propose selon moi un bon compromis, c’est un merveilleux couteau. Il est en acier aogami le plus dur qui soit, il offre un tranchant merveilleux ! Il restera affûté plus longtemps qu'aucun autre acier. Il est de conception San mai, laminé entre deux aciers damassés. Le manche en bois de rose morado se marie à merveille avec la finition peau de poire nashiji de la lame pour offrir un entretien facile. C’est ce beau résultat qui semble laisser le fini de surface de cette lame terne et rustique… Santoku se traduit dans une des langues de tes tatouages par « trois vertus », ce qui en fait un couteau polyvalent. C’est véritablement le couteau indispensable en cuisine et sa longueur permet un très bon contrôle. Essayer un Santoku, c’est tout de suite tomber sous son charme ! Dans la main droite j’ai un nakiri. La fonction première du nakiri est la coupe des fruits et légumes. Mais il peut aussi bien être utilisé pour d'autres types de coupe. C'est une lame vraiment mince et la hauteur de la lame est comme tu le vois plus longue. Quand ce couteau est fraîchement affûté c'est littéralement un rasoir ! Regarde bien cette lame elle représente le mouvement des vagues dans l'océan, ici sa finition damassée est exceptionnelle car ce damas est du wootz et non un damas de corroyage dû à un plongeon dans un bain d’acide. Le manche minimaliste, en bois de Chêne, se veut être la représentation d'une barque de pêche se balançant sur les l’océan. Le cœur de ce nakiri est composé du plus haut grade de l’acier avec une dureté inimaginable. Cet acier est inoxydable, facile d’entretien et aura un tranchant net et précis. Pour la coupe de n’importe quoi.
  • Mon Maitre je n’ai pas compris grand-chose à tout ce que vous avez dit.
  • Je sais, mais dans quelques temps tous ces termes te seront familiers. Mais sache que c’est avec un nakiri identique que j’ai mis fin à la vie de l’Ecclésiaste.
  • Ainsi, c’est donc vrai, ce n’est pas une légende… mon Maitre est un déicide…
  • Comme tu y vas… un Dieu, certes non ! Mais un escroc, un sadique et un assassin, certes oui. Mais revenons plutôt à ce que nous allons manger. Alors devant moi j’ai de la tomate sous diverses formes, de l'huile d'olive, du vinaigre, une échalote, une petite carotte, des feuilles de laurier, des branches de thym, des capres, du poivre rouge, quelques piments, du persil, une tête d’ail et pour finir un peu de cumin. Alors demoiselle, que peut on faire avec tout cela ? devant la mine incrédule de ma compagne et comme j’étais plutôt d’humeur « encyclopédique » je poursuivis, Eh bien nous allons faire une sauce escabèche. Comme tu es allée à l’école des scribes tu seras intéressée par sa vraie orthographe, tu vois si je l’écris comme cela se prononce je l’épellerais (e-s-c-a-b-è-c-h-e), mais son origine est catalane donc cela s’écrit : e-s-c-a-b-e-t-x, car dans cette langue, celle de mes lointain ancêtres, le X se prononce CHE. On peut parler de sauce ou de marinade à l'escabèche. Il existe autant de variantes que d'individus, la base étant de l'huile et du vinaigre. Pour le vinaigre, là encore tout est possible. Moi je vais faire celle que j’aime le plus, celle de ma grand-mère. Car oui petite, je ne suis pas né de nulle part. maintenant il est temps que tu mettes les poissons à cuire pour les moules tu attendras encore un peu. Alors pour réaliser cette recette de sauce escabèche, je vais commencer par préparer tous mes ingrédients. Je coupe ma carotte en fines rondelles, tout de suite je la mets à cuire dans une casserole avec un peu d’eau, je couvre. Bon, maintenant je hache l'ail et le persil grossièrement. J’en fais deux tas, dans un desquels j’ajoute mes capres. Dans ma poêle, je fais chauffer deux bonnes cuillères d'huile d'olive. Je fais suer l'ail, le persil et les capres pendant quelques minutes, puis j’ajoute mes rondelles de carotte, tu vois je mélange, je fais en sorte que cela n’accroche pas. Maintenant j’ajoute le poivre rouge, je suis généreux sur la dose. Bon j’y jette aussi les piments que je laisse entiers, car j’ai pitié de toi. Je les croquerai avec le poisson. Maintenant, je mouille avec le vinaigre. Sens moi cette odeur, écoute comme cela crépite. On laisse réduire quelques secondes. Maintenant j’assaisonne avec le sel, je poivre et… une pointe de cumin. J’allais oublier les feuilles de laurier et le thym, un peu d’eau, deux ou trois cuillères, puis enfin ma purée de tomates et celles que j’ai coupé en petits dés. Je laisse mijoter une petite dizaine de minutes. Une à deux minutes avant la fin de cuisson, j’ajoute le reste de persil et d’ail. Il n’y a plus qu’à la verser sur les poissons grillées et sur les moules décoquillées et cuites. Note que froide, cette sauce est aussi délicieuse sur des toasts. Elle relève aussi parfaitement des légumes, carottes, courgettes… Sur les frittes c’est délicieux. Personnellement je trouve l’escabèche à tomber avec des côtes de porcs, dans ce cas j’ajoute des cornichons. Bon si on passait à table ? Et pas de bêtises, on mange ensemble. Je ne veux pas d’une fille stupide qui me regarde manger. Tu me rendras service en restant le plus naturel possible.
  • Pourtant Maitre, je suis votre esclave, je suis juste bonne à manger vos restes.
  • Bon, tu arrêtes tes conneries ! mange tant que c’est chaud… la seule chose que je t’autorise à faire c’est de me servir du vin.
  • Mon Maitre est trop bon et ce qu’il a fait à manger est trop bon.

Dans son écuelle de bois, elle mit trois petits poissons, une grosse moule et une des grandes tartines de pain que j’avais mis à griller. Elle nappa le tout de sauce avant d’aller se coucher à plat ventre sur les fourrures pour manger.

Cette esclave que j’avais traité, d'abord, légèrement, avait pris une place qui absorbait un peu trop mes pensées, pensais-je. Mais mon Dieu qu'elle était belle. Sa voix est fraîche, profonde cristalline. Sa beauté est comme un parfum enivrant et trop fort qui pourrait me faire perdre la raison. Et malgré moi j’entendais comme un murmure à mon oreille, ces paroles enfantines : « Tiens ! si je ne craignais pas de te fatiguer, je voudrais toujours rester ainsi, et si nous tombons ensemble, ce sera encore un bonheur pour moi. » Ces paroles résonnaient en moi, comme un écho.

  • Mon Maitre, donne-moi tes mains que je les prenne, que je t’emmène les faire danser sur mon corps, je voudrais t’entendre crier, gronder entre mes cuisses.
  • Ashka, encore une fois pourquoi es-tu mon esclave ?
  • Oh, mon Maitre… pourquoi encore cette question ? Mais c’est pourtant simple… à l’auberge, j’ai juste eu le temps d'apprendre à te connaître, et si je n’avais rien fait, tu m'aurais quitté peut-être pour toujours ? Maitre, je voulais tout de toi, le bon, comme le mauvais. Quand tu n'étais plus là, je priais mes Dieux pour qu'ils te ramènent à moi. Je te veux encore et encore en moi. Oh je sais bien, que je ne suis qu’une petite esclave. Mais même en laisse comme une chienne, je serais la plus heureuse si c’est toi, mon Maitre qui la tient.

Tout amoureusement penchée, la jeune fille, sur la natte était couchée. L’émeraude de ses yeux chargés de langueur et ses paroles pleines de candeur, m’attiraient à elle comme un aimant.

  • Ashka, donne-moi ton cou que j’y respire ce parfum qui m’a rendu fou. Donne-moi tes yeux que j’y vois des mille soleils. Donne-moi ta bouche… que j’y pose mes lèvres. Donne-moi tes seins que j’y dépose mes mains, mes baisers.
  • Mon Maitre, donne-moi tout de toi et prends-moi tout ce que tu veux.

***

Après manger ils refirent l’amour. Ashka était de plus en plus certaine d’avoir fait le bon choix. Elle avait bien vite cerné la personnalité de celui qu’elle avait choisi comme Maitre. Car si certains disent que les femmes ont l’intelligence du cœur, ils se trompent, elles sont justes intelligentes.

Mais ce que ni elle, ni Teixó ne savaient, c’est qu’ils avaient été manipulés par le Blob, qui avait tout fait pour les réunir. Car si les plans du Blob n’étaient pas pénétrables, ils n’en été pas moins réels.

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La palla : est un manteau traditionnel romain porté par les femmes et attaché avec des fibules. Il était similaire au pallium que portaient les hommes.

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