J’ai fini par récupérer mes comptes bancaires un mois après la saisie. L’URSSAF a reconnu son erreur et m’a remboursé un an après les pénalités de retard indument facturées.

A la même époque, j’ai reçu un courrier du bureau du procureur de la république m’informant que ma plainte était classée sans suite, l’infraction n’étant « pas suffisamment caractérisée ». Il me semblait que la lecture des procès-verbaux était en elle-même suffisante, mais ils étaient tellement inintelligibles que même des professionnels de justice n’avaient probablement pas les compétences pour les comprendre.

Je n’ai jamais été remboursé ni des frais bancaires liés à la saisie, ni des frais de procédure engagés pour déposer plainte. Il est vrai que je n’avais pas pris d’avocat, croyant naïvement que la justice française était accessible au commun des mortels ; mais convaincu –encore aujourd’hui– que toute autre dépense de ma part n’aurait fait qu’engraisser des avocats et l’institution judiciaire sans aboutir à rien de positif de mon côté.

Il semble que les huissiers mis en cause dans ma plainte ne font aujourd’hui plus partie de l’étude en charge de mon dossier. Je ne saurai jamais si mon affaire aura été le déclencheur de ces changements. Et après réflexion, cela me paraîtrait improbable tant les agissements des auxiliaires de justice semblent en France échapper au champ d’action réel de la justice et jouir d’une impunité certaine.

Avec le recul, cette expérience n’était guère plaisante mais s’est dénouée sans grande conséquence pour ma famille et moi-même.

En revanche, j’imagine avec effroi des familles moins à l’aise avec la langue française, peu familières avec les réseaux sociaux et sans aucune connaissance juridique de base… et je me dis que ce système inhumain et injuste doit les broyer.

Alors j’ai honte de mon pays.

Et pourquoi n’ai-je pas porté plainte contre l’URSSAF me direz-vous ?

Parce que je n’ai pas eu le courage de m’attaquer au cuir épais d’un mammouth soviétique : qu’il reste dans son permafrost !