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La chaleur et l’excitation dans la chambre étaient telles que même quasi-nus, les amants étaient pourtant recouverts de sueur. Dans le piège de Clémence, la situation était bien pire. N’y tenant plus, elle commença à s’effeuiller à son tour. Pour l’occasion, elle avait prévu des vêtements faciles à ôter. Un gilet à fermeture éclair, une robe portefeuille et un soutien-gorge qui s’ouvrait par devant.

— Clémence ! Arrête de bouger ! la rabroua Karima avant de comprendre ce qu’elle faisait.

— Je meurs de chaud, expliqua la coupable sans mentir le moins du monde. Si je reste habillée, je vais tomber dans les pommes. Comment tu peux tenir toi ?

— Je… j’ai la tête qui tourne en fait, réalisa Karima, mais je ne peux pas enlever mon gilet, je n’aurai jamais assez de place.

— Je vais t’aider alors.

Malgré elle, Karima la laissa faire. Lorsqu’elle ôta son chandail, elle prit soin d’embarquer le maillot de corps avec et sa prisonnière découvrit jusqu’où elle s’était déshabillée lorsque son dos dénudé entra en contact avec l’humidité qui recouvrait le ventre de Clémence.

— Attends, mais t’es à poil ? siffla Karima.

— En soutif… oh la vache ! relança Clémence pour obliger sa détenue à reporter son attention sur la pièce adjacente.

Thomas avait été libéré de son fourreau. Toujours debout, il faisait face à sa partenaire qui le massait avec fermeté, allant d’avant en arrière pendant qu’ils s’embrassaient d’une façon étonnamment douce.

— Elle va le sucer, lâcha soudain Karima. Ça me donne envie de gerber.

Prise au dépourvu, Clémence ne répondit pas. Sa robe pendait désagréablement sur ses hanches et elle se trémoussa jusqu’à la faire tomber. Karima portait un pantalon large retenu par un simple élastique. Alors qu’elle était parfaitement absorbée par ce qui se passait de l’autre côté, Clémence en profita pour passer ses index sous la ceinture, provoquant une réaction plus vive que prévu. Dans un mouvement réflexe, Karima voulut porter ses mains pour retenir le tissu, mais l’un de ses coudes heurta la porte en bois, provoquant un bruit sourd suivi d’un gémissement de douleur.

— Tu as entendu ? s’inquiéta Élodie.

— Entendu quoi, réagit Thomas d’une voix où perçait l’incertitude.

Le coude blessé contre son ventre, le poing contre sa bouche, Karima était autant tendue par la douleur que par la nécessité de ne plus émettre un son. Le glissement de l’élasthanne contre ses hanches la prit d’autant plus au dépourvu et elle ne fit pas un geste pour se défendre jusqu’à ce que le tissu soit entièrement tombé sur ses chevilles.

— C’est rien, surement un gros rat, ricana Thomas.

—Un rat ne ferait pas un bruit pareil.

—Un très gros rat, insista Thomas en se portant de nouveau vers elle. Vraiment très gros.

—Ah oui ? Gros comment ? gloussa Élodie en reprenant ses caresses.

— Pardon, s’excusa Clémence. Je ne voulais pas te surprendre. Tu t’es fait mal ?

— Ça va, éluda Karima. Tu peux me le remettre ?

— Avec cette chaleur ? Non, je ne peux pas l’atteindre…

— Merde… on ne peut pas rester là. Je ne peux pas rester là. Je crois que je ne vais pas le supporter.

— Hé, c’est mon mec de l’autre côté, pas le tien.

Karima reporta son attention sur les effusions qui avaient repris de plus belle. À genoux, Thomas tentait d’embrasser chaque parcelle du corps offert, profitant des flashs pour changer de zone ou pour faire tourner son amante sur elle-même.

— C’est vrai, admit Karima.

Elle reprit sa position initiale, les mains posées de chaque côté de la grille et Clémence profita de sa taille pour poser sa main gauche juste au-dessus de celle de sa proie. Malgré son avantage en termes d’allonge, cela l’obligea à se presser contre le corps brûlant et ruisselant de transpiration. Karima tressaillit mais ne protesta pas.

Encore une limite de franchie…

Toujours à genoux, Thomas avait placé Élodie dos à l’appareil et entreprit de faire lentement glisser la culotte sur ses fesses. Flash après flash, le tissu révélait la peau légèrement plus pâle et le sillon entre ses cuisses qu’il caressait à l’occasion. Les mouvements de bassin de leur amie leur apprirent qu’il la caressait également par devant, hors de leur champ de vision. Clémence sentit le mouvement de Karima plus qu’elle ne le vit. La main droite de celle-ci s’était décollée un cours instant du mur avant d’y revenir.

Tu aimerais être seule à présent, n’est-ce pas ? Seule pour t’adonner à ta luxure, pour profiter pleinement de cette petite torture mise en scène rien que pour toi… mais non, tu ne peux pas te débarrasser de moi. Que vas-tu faire maintenant que tu l’as réalisé ?

Retournée avec vigueur, Élodie leur fit face. Des doigts inquisiteurs apparurent, passant entre les cuisses pour aller caresser les chairs encore masquées par la culotte. Celle-ci était presque totalement descendue, révélant une toison sombre et le triangle quasi-complet de son sexe. Une vision purement érotique que Karima ne put supporter. Oubliant apparemment toute mesure, elle laissa sa main droite quitter le mur en feu pour disparaître dans une obscurité que Clémence ne pouvait percevoir. Les mouvements des fesses charnues de sa victime contre les hanches de sa tortionnaire lui apprirent ce qu’elle avait besoin de savoir.

Karima pensait-elle vraiment être protégée par le noir ou le champ de vision restreint de Clémence… ou bien s’en fichait-elle à ce stade ?

Alors que la culotte était sur le point de dévoiler son précieux contenu, la main massive de Thomas se retira de l’entrecuisse pour réapparaître sur le nombril. Avec une lenteur qui arracha un gémissement de plaisir à Élodie, il descendit le vallon du bas ventre pour se plonger entièrement sous le reste de tissu carmin. De son autre main, il fit descendre le sous-vêtement sèchement, directement des cuisses aux chevilles. Les flashs continuèrent ainsi, capturant l’intimité dévoilée et pourtant toujours protégée, plus indécente que si elle était nue.

Malgré l’épaisseur de ses doigts qu’on aurait dit taillés dans le bois, Thomas agissait sans rudesse, jouant de douceur, visant les zones qui faisaient le plus réagir son amante pour mieux s’en éloigner et y revenir. Insupportable séance de satisfaction et de frustration, de privation et de délice. Les va-et-vient s’accordaient peu aux tressaillements de Karima, mais ses mouvements suffisaient à Clémence pour se déplacer sur le corps de cette dernière de façon discrète, changeant de position innocemment, se plaçant sur sa trajectoire pour que ce soit Karima qui la touche et non l’inverse, chaque fois qu’elle bougeait.

Telle un serpent constricteur, elle enlaçait implacablement sa proie en profitant de son inattention. Peu à peu, son bras libre se plaça contre celui fort occupé de sa cible. Son menton trouva sa nuque sous les cheveux bouclés, puis ses lèvres effleurèrent son cou. Elle aligna ses jambes sur celles de son amie, l’humidité provoquant un glissement électrifiant au moindre mouvement de Karima. Ils étaient de plus en plus nombreux. De moins en moins discrets.

Thomas souleva sa partenaire comme si elle ne pesait rien. Elle s’accrocha à ses hanches l’enserrant avec ses jambes comme par réflexe, découvrant pleinement le sexe de son amant aux deux voyeuses. Clémence retint un sifflement admiratif. Il n’était pas seulement aussi massif que son propriétaire, mais également d’une rare beauté dans sa forme. Arqué par le désir, parcouru de veines longues et épaisses, il pulsait comme un cobra royal.

Prise au jeu des préliminaires et des faux semblants, Élodie ne le laissa pas entrer en elle. Une main sur la nuque de Thomas, l’autre contre son sexe pour le tenir fermement, elle le frottait contre elle, ajoutant le mouvement de ses hanches à ceux de ses doigts. Thomas n’y tenait plus, cherchait la bouche de sa maîtresse, se libérant une main pour explorer son dos, sa nuque, ses seins. Sa respiration était si forte qu’elle ressemblait à un grognement sourd, mais plus il se montrait impatient et plus Élodie le provoquait en se tortillant pour l’empêcher de la pénétrer. Son sourire mutin répondait à ses mimiques mêlant extase et frustration.

L’avant-bras de Clémence se rabattit lentement autour du torse de Karima. Finalement, lors d’un tressaillement incontrôlé, le téton de celle-ci effleura sa paume. Une fois. Par accident. Puis une seconde fois. Encore un accident, peut-être. Et une troisième fois.

Les flashs s’enchaînaient, poussant Élodie à se donner en spectacle. Elle força Thomas à se tourner pour présenter leurs profils à l’appareil et s’arqua pour séparer leurs torses. Seulement unis par leurs hanches, retenue par les mains de Thomas sur sa taille et par les chevilles croisées d’Élodie au-dessus de ses fesses, elle se laissa choir en arrière jusqu’à ce que ses doigts frôlent le sol. Au même instant, le sein de Karima entra en collision avec la main de Clémence, provoquant un gémissement rauque chez l’une et un sourire de victoire chez l’autre.

Profitant de la position incongrue, Thomas s’écarta suffisamment de son amante pour que son sexe au bord de l’explosion se presse contre le bouton de rose qui ne demandait qu’à éclore. Élodie poussa alors un long gémissement de plaisir, une invitation bestiale pour lui ordonner de continuer. À moins de deux mètres de là, les doigts de Clémence s’enfoncèrent dans la chair tendre et généreuse de Karima, massant le sein sous le tissu du soutien-gorge sans rembourrage. Lorsque Thomas s’écarta pour se positionner, Clémence recula ses doigts de la même façon sur la poitrine de Karima. Lorsqu’il pénétra enfin Élodie, Clémence se faufila entre la peau et le coton, l’exclamation de sa victime étouffée par le gémissement sonore d’Élodie.

Il était trop tard pour que Karima arrête Clémence, pour lui dire qu’elle avait dépassé les bornes ou qu’il s’agissait d’une erreur. Qu’elles s’étaient méprises, l’une comme l’autre. Karima était en feu, tirée vers l’obscénité par Élodie et Thomas, poussée dans la luxure par Clémence. Prise au piège, martelée de tous côtés jusqu’à céder à tous ses vices, sans plus s’inquiéter de honte ou de morale. Clémence avait connu cela. Elle avait expérimenté dans sa chair cette douloureuse libération, cette passion dévorante pour l’interdit, cet éveil des sens par-delà les limites de ce qu’on qualifiait de raisonnable ou d’acceptable.

Élodie criait maintenant sans retenue, enfin remplie au-delà de ses espoirs de la lubricité qu’ils n’avaient fait qu’effleurer jusqu’à s’en rendre fous. Thomas poussait les mêmes grognements que lorsqu’il faisait l’amour à Laura.

Non, pas tout à fait !

Plus le temps passait, plus les grognements se muaient en cris, comme si faire l’amour à Élodie était trop pour lui, comme si le plaisir de leur étreinte allait le briser de l’intérieur. Clémence réalisa qu’il passait lui aussi un cap. Il se savait observé, il avait conscience de tromper sa partenaire, de l’exposer au regard d’autrui, de se servir d’elle alors qu’elle se donnait pleinement à lui. Et ça l’excitait. Ça l’excitait !

Clémence n’y tint plus. Maladroitement, elle se retira du corps de Karima et arracha pratiquement les agrafes de son soutien-gorge pour libérer les seins lourds de son amie. L’intéressée chercha à se retourner, sans doute pour l’embrasser, mais elle la força à lui tourner le dos. À regarder dans la bonne direction. Elle ne cherchait pas le désir de son amante pour elle-même, elle avait besoin de son désir pour Élodie, de la perversion dans laquelle elle la ferait sombrer en faisant l’amour avec elle tandis que toute son attention était portée sur cette dernière.

Lorsqu’elle tira sur sa culotte pour la faire descendre jusqu’à mi-cuisse, Karima s’arqua pour l’aider. Se libérant à son tour de son soutien-gorge, Clémence se plaqua contre sa victime et lorsque ses doigts tâtonnèrent pour à la recherche de son giron, elle sentit les jambes de Karima s’écarter légèrement pour lui faciliter le passage. Une main brûlante l’attrapa par la nuque, plongeant son visage dans les boucles mouillées par la transpiration. Clémence s’écarta juste assez de la chevelure épaisse pour apercevoir le couple en plein ébat dans l’autre pièce.

Thomas avait plaqué Élodie contre l’armoire, lui permettant de s’accrocher des deux mains à son sommet. Ainsi soutenue, elle se balançait littéralement contre lui, imprimant un tel mouvement à ses hanches que leurs rencontres ressemblaient plus à un combat de lutte qu’à une étreinte amoureuse.

— Je vais jouir ! avertit Thomas.

— Putain non ! rétorqua Élodie, pas encore !

Trop tard, il se retira abruptement et le spectacle désolant de sa semence se répandit sur le ventre et la cuisse de sa partenaire.

— Merde, désolé. C’était trop bon… je n’ai pas pu me…

— Dis-moi que ce n’est pas fini, souffla Élodie.

Après un bref moment de silence, Thomas se décida.

— Non, sauf si tu as un rendez-vous.

— Plusieurs mêmes.

Riant derechef, elle le poussa sur le lit, attrapant au passage le mouchoir qu’il lui tendait pour s’essuyer. Une fois le plus gros nettoyé, elle l’enfourcha avant de s’asseoir brutalement sur lui.

— Et maintenant ? demanda-t-il.

— Maintenant, je crois que tu vas t’occuper de moi. Le temps que tu retrouves… tes esprits.

D’un geste, il l’attrapa et la retourna pour la plaquer sur les oreillers, prenant le dessus sur elle.

— Et je commence par où ? questionna-t-il pour la provoquer.

— Étonne-moi, ordonna-t-elle.

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