En ligne droite
En ligne droite, je me laisse emporter.
Le sol que je frappe se délite sous mes pieds.
J'ai l'impression d'être là, l'impression d'exister,
Un instant, et puis c'est fini.
Le train me tangue de gauche à droite,
Mes pas me bercent,
La musique de la ville qui assaillait mes oreilles,
Tout ce qu'il y avait de laid dans le béton et dans les gens,
Leurs corps trop droits dans des vêtements trop beaux,
Leur laideur de désespoir et leurs visages en sueur,
Tout a disparu sous la lumière du crépuscule.
Je suis là sans but, car je n'ai pas de nom.
Je suis plantée dans mon corps comme une fleur dans l'asphalte,
Inutile, une poétique, inquiétante étrangeté.
Je suis une trace sur le bitume, quelque chose qu'on a traîné là.
Les taches de couleur derrière mes paupières m'empêchent de voir la pluie.
Annotations
Versions