Jonathan

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Tiens, elle voudrait faire un voyage scolaire ? Et pourquoi veut-elle ces dossiers ?

Le ciel s’est assombri. Un petit vent glacial s’est soudainement mis à souffler.

Je regarde Natacha. Elle a l’air complètement perdue dans ses pensées. En fronçant ses sourcils, elle a créé cette fameuse ride du lion que je meurs d’envie de défroisser. Elle s’est mise à ronger l’ongle de son pouce et sa (jolie) bouche forme une petite moue vraiment adorable. Je crois bien qu’elle est à des millions d’années lumières de moi en ce moment. Je claque des doigts devant ses yeux : elle sursaute et se retourne vers moi, l’air un peu désorienté, avant de me sourire d’un air penaud.

  • Désolée… Je… J’étais complètement à l’ouest !
  • J’ai vu ça…

Je me demande ce qui la tracasse à ce point. Elle s’allonge sur le tapis et met un bras devant ses yeux. Je l’observe : elle a un corps parfait. Des joues rebondies parsemées de taches de rousseurs, des lèvres remplies qui semblent être la douceur incarnée. Ses épaules sont étroites et musclées et ses seins hauts et ronds. La taille fine…

Jonathan !

Voilà maintenant que c’est ma petite voix qui m’arrête… Je deviens fou. Je ne dois pas regarder Natacha, en tout cas pas comme ça. Je devrais être à la recherche d’informations en ce moment, pas en train de reluquer une fille. Même ( surtout ! ) si la fille en question est Natacha…

  • Pourquoi voulais-tu les rapports des conseils de discipline ?
  • Oh… c’est pour une amie… Elle fait des études de journalisme et… comment dire… Disons qu’elle a une dent contre ce lycée et qu’elle cherche des sujets croustillants à publier sur son blog…

Pourquoi me ment-elle ?

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’intime conviction qu’elle ne me dit pas la vérité. Soudain, le grondement sourd d’un tonnerre résonne dans le ciel bas. Natacha se met à crier et se roule en boule sur le tapis. D’instinct, je m’allonge à côté d’elle et elle se blottit contre moi, tremblante de peur. L’éclair illumine les nuages noirs et j’entends Natacha décompter doucement : “trois… deux… un…”, avant que le bruit assourdissant du tonnerre ne s’abatte sur nous. Elle enfouit sa tête contre mon torse tout en se bouchant les oreilles.

Mais moi…

Je n’entends rien. Uniquement les battements de mon cœur qui ne cessent d’accélérer. Sa tête est posée au creux de mon cou et elle est tremblante. J’ai refermé mes bras sur elle sans même m’en rendre compte, d’un geste protecteur. Je caresse doucement ses cheveux, attendant qu’elle se calme. Je n’ai aucune envie de rompre cette étreinte. J’ai l’impression qu’elle pleure mais je n’en suis pas sûr. Nous restons comme ça un moment, jusqu’à ce qu’elle-même passe les bras autour de moi et me serre elle aussi contre elle. Mon cœur rate un battement, j’ai même un hoquet de surprise. Nous restons ainsi dans les bras l’un de l’autre, n’osant bouger, jusqu’à ce qu’une pluie diluvienne nous oblige à nous enfuir.

Nous traversons la cour, main dans la main, jusqu’à un petit préau. Elle rompt notre contact pour essorer en vain ses cheveux courts. Un silence gêné s’est installé entre nous. Elle ne s’est pas encore retournée vers moi. Je la vois prendre une grande inspiration et croise enfin son regard. Ce que j’y lis me brise le cœur : regrette-t-elle à ce point ? Elle s’appuie contre le mur du fond et me fait signe d’approcher. Je me mets à côté d’elle et sens qu’elle grelotte. Je n’ose plus la toucher, je ne sais pas si je serai capable de me contrôler. C’est elle qui me prend la main. Elle regarde mes tatouages.

  • Ils sont super beaux, souffle-t-elle.
  • Je te l’ai déjà dit, je crois. J’ai eu super mal à certains endroits mais je ne regrette rien. Chaque symbole à une signification particulière voire personnelle. Tiens, celui-ci par exemple pour moi veut dire la famille et celui-là l’amour maternel.

La pression sur ma main se fait plus forte. Je me mets en face d’elle et nos regards s’accrochent. Ses yeux se sont assombris, je peine à savoir quel sentiment domine. Elle finit par les fermer et pose son front sur mon épaule, tout en faisant non de la tête. Elle n’a toujours pas lâché ma main. J’ose entrelacer ses doigts aux miens, elle se laisse faire, sans broncher puis serre mes doigts. Elle finit par m’attirer contre elle. Ses mains passent sous ma veste et se rejoignent dans mon dos. Je ne sais pas comment réagir.

  • Nat…
  • Chut… S’il te plaît ne dit rien… Laisse-moi juste profiter de la chaleur de tes bras… Encore un peu… s’il te plaît.

Je ne sais pas pourquoi mais ces mots écorchent mon coeur et le mettent à vif. Il oscille entre un bonheur sans nom et une douleur profonde. Mon corps ne m’écoute plus et je serre ce petit être frêle et sans défense contre moi, tout en respirant profondément son odeur afin de le marquer à jamais dans ma chair.

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