Jonathan

4 minutes de lecture

Vincent s’approche l’air mauvais. L’un des deux autres gars aide Brandon à se relever. J’ai l’impression qu’il me jauge. A quatre contre un, ils doivent penser avoir l’avantage.

  • Alors Nathan… Que viens-tu faire là ?
  • Je rendais visite à une vieille connaissance voilà tout, répondis-je d’un air détaché.
  • C’est comme ça que tu dis bonjour toi ? Avec un coup de poing ?
  • Oh c’est une habitude entre Bandit et moi. Hein Bandit ?
  • Va te faire voir ! crache Brandon. Tiens on va jouer à ce jeu que tu aimais tant à l’époque. Tenez le moi les gars.

Les deux autres sautent sur moi : je réussis à envoyer valser le premier d’un violent coup de pied dans le diaphragme mais le second me colle deux coups de poings dans l’estomac. Je plie sous la douleur. Il profite de ce moment d’inattention pour m’attraper les bras et me les maintenir dans le dos. Une lumière prédatrice s’est allumée dans les yeux de Brandon : je ne la connais que trop bien pour en avoir fait les frais. Seulement cette fois, je ne compte pas me laisser faire. Brandon et Vincent s’approchent, frappant du poing dans leur main. .

Arrêtez les gars… Je suis mort de trouille.

Un petit sourire passe sur mon visage. J’ai comme un air de déjà vu.

  • Alors comme ça, après avoir paradé au bras de ma Virginie, tu t’affiches avec cette salope de Natacha ?

Oh oh… mauvais plan...

  • Je peux pas t’en vouloir… Un mec reste un mec hein ?

Pente glissante...

  • Après tout, c’est vrai que Natacha écarte les cuisses pour pas grand chose à ce qu’il paraît…

La ferme.

  • Pas que je n’y tremperai pas mon biscuit tient… Il se peut qu’elle soit délicieuse après tout…

Cette dernière phrase fait rire les trois comparses. Je vois rouge. La colère ne cesse d’augmenter en moi. Je me redresse et réussis à faire lâcher prise à celui qui me tenait “prisonnier” et l’envoie rejoindre son camarade dans les fourrés en le faisant passer par-dessus mon épaule. J’entends un craquement sinistre mais n’y fait pas attention. Ces deux-là ne demandent pas leurs restes et s’enfuient. La fureur doit déformer mes traits car Brandon et Vincent ont cessé de rire. Brandon, en bon lâche, se cache derrière Vincent.

  • Aller, approche le gros dur.

Inutile de réitérer l’invitation. Vif, je cherche à lui asséner un coup au visage qu’il pare d’une feinte. Si la droite a échoué, la gauche le touche en plein dans les côtes. Il a un petit rictus de douleur avant de me mettre un crochet du droit. Je sens un liquide poisseux s’écouler de mon nez. Je ne m’y attarde pas et arme ma main droite pour un uppercut que je sers après un bon coup de genou à l’estomac. Le voilà à terre. Brandon n’ose plus bouger, ne serait-ce que pour relever Vincent. Ce dernier crache un peu de sang avant de fouiller dans sa poche. Il en sort un cran d’arrêt.

  • Mauvais plan, Vincent…
  • C’est ça oui. Passons aux choses sérieuses.

Je me mets en position de défense. Finalement, les bagarres au sein de la prison vont m’être utiles. Vincent n’est qu’un gamin se prenant pour un homme qui ne ferait même pas peur au plus fragile des prisonniers. Mon intuition est la bonne : son couteau devant lui, il fonce droit devant sans réfléchir. Je m’écarte tout en lui donnant un coup violent au poignet. Le voilà déséquilibré et désarmé. Il s’effondre au sol, pris dans son élan. Je n’ai plus qu’à ramasser son cran d’arrêt. Très beau d’ailleurs. Je le retourne et m’assois à califourchon sur lui.

  • Comme tu le disais : passons aux choses sérieuses, lui dis-je tout en passant la lame près de son oreille.
  • Brandon fait quelque chose !
  • Tututut… Bandit n’approche pas veux-tu… Il serait dommage que ma main glisse et… érafle cette jolie petite oreille… Dire que je ne voulais qu’entrer dans le business… Quel accueil !
  • Combien tu veux ?
  • Je vois que l’on redevient raisonnable. Combien êtes-vous dans le coup ?
  • Brandon, moi et quelques copains, nous sommes neuf en tout.
  • Bien avec moi ça fera dix ! J’aime bien les comptes ronds. Alors, ce petit business à deux pas du lycée et aucun adulte n’est au courant ?
  • Officiellement non…
  • Officieusement ?
  • M. Marais.

Tiens, tiens… encore ce CPE.

  • Ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça…
  • Écoutez-moi bien tous les deux… Je ne suis pas quelqu’un de très patient...

Je sors alors l’arme à feu que je dissimulais. La peur se lit dans leurs yeux. Je crois que j’ai atteint mon objectif.

  • Maintenant que j’ai toute votre attention… Mon petit Vincent, que vendons-nous ?
  • De la marijuana.
  • Uniquement ?
  • Bon nous avons quelques fois des cachets mais en très petite quantité. C’est Éric qui nous les fournit, son père est pharmacien.

Je ne pense pas que ces deux-là puissent mener le grand trafic sur lequel je planche. Ma déception doit se voir sur mon visage car Vincent me sourit d’un air mauvais.

  • Tu t’attendais à autre chose ?
  • Je dois avouer que je suis un peu déçu. J’étais prêt à m’investir dans quelque chose d’un peu plus… festif tu vois…

Son sourire s’évanouit tandis que je me lève, tout en laissant mon Smith et Wesson bien en vue. J’observe le cran d’arrêt de Vincent : ce dernier est gravé d’un nom et prénom masculin.

Son père, je suppose.

Je le mets dans ma poche en regardant Vincent dans les yeux, l’invitant presque à me l’interdire. Ce dernier se tait et baisse les yeux. Bien. Très bien.

  • Brandon, j’ai réactivé mon Facebook. J’attends donc de tes nouvelles. Ah. Une dernière chose, précisai-je en m’adressant directement à Vincent. Ne t’avise surtout pas de poser tes sales pattes sur Natacha. Le renvoi d’ascenseur risquerait d’être… brutal.

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