Jonathan

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Lorsque l’infirmière parle mes côtes fêlées, souvenirs douloureux de ce fameux mercredi après-midi, Natacha me regarde avec des yeux furibonds.

Oups.

Mme Gobalé les met dehors séance tenante avant de se mettre à désinfecter ma blessure.

  • Bon ce n’est rien de grave, beaucoup de sang pour trois fois rien. Fais tout de même attention : ne te lave pas les cheveux pour le moment et si jamais tu ressens des vertiges ou des maux de tête, n’hésite pas à revenir me voir. Tu es impossible ! La prochaine fois se sera quoi ? Un bras cassé ?

Je lui souris et elle me le rend. Mme Gobalé n’est pas une méchante femme, simplement elle donne énormément de sa personne. Lorsque je suis venu la voir pour avoir des analgésiques ce fameux mercredi, elle s’est mise en colère. Il faut dire que je n’étais pas au mieux de ma forme : un œil aux bords noirs, les lèvres coupées, des jolis bleus et… au moins trois côtes fêlées. J’ai refusé de passer une radio. Je n’ai pas de couverture sociale et je risquais d’être découvert. Il a fallu que je revienne la voir le soir même pour Nat ! Lorsque je lui ai dit que je l’avais portée, je me suis pris un de ces savons !

Une fois soigné, Mme Gobalé me donne une autorisation d’entrée en cours et je file en classe.

Ah oui ! La fameuse journée sportive… Quelle plaie…

Le groupe classe a été divisé en deux : Stev et moi sommes ensemble. Personne n’a semblé le reconnaître. La tête de certains valait le détour ! Nous effectuons le recensement des équipes : qui joue à quoi. Ennuyeux. Natacha est dans l’autre groupe, je ne la verrai pas de la matinée. Je repense à ce matin. A la chaleur de son corps. A la douceur de ses lèvres. Je souris malgré moi. Steven le remarque.

  • Oh oh… C’est quoi ça ?
  • Ça quoi ?
  • Non, non, tu ne m’auras pas ! C’est quoi ce sourire stupide ?

Je ne peux pas m’empêcher de lui raconter. Il éclate de rire avant de me féliciter. Un peu tôt à mon goût… Ce n’était qu’un petit baiser. J’aperçois Virginie au loin.

Merde.

Elle s’arrête puis nous fixe, sourire mesquin aux lèvres. Elle finit par s’approcher, Laura sur les talons. Elle se plante devant Steven, les poings sur les hanches.

  • Je n’y croyais pas : il fallait que je le constate par moi-même... Alors ça y est ? Tu as fini de jouer ? Pfff… Ridicule… Bref. Après tout ça ne me regarde pas. Comment vont les affaires Nathan ? Tu as bien gagné ce week-end, dis-moi ?
  • Vas-y mais dit-le plus fort, je crois que le prof là-bas ne t’a pas entendue…
  • Franchement ? Rien à foutre ! Oh… À moins que…

Son sourire devient plus méchant. Elle fait mine de chercher quelqu’un.

  • À moins qu’ELLE ne soit pas au courant. A voir vos têtes, c’est exactement ça ! Natacha n’est pas au courant que vous êtes de mauvaises fréquentations ! Je me demande ce qu’elle en dira !

Elle part dans un énorme éclat de rire avant de tourner les talons.

Quelle garce !

Je regarde Steven et je sais qu’il pense exactement la même chose. Il va falloir tout raconter à Natacha avant que cette peste n’aille en rajouter.

Bip bip.

{ Alors Nathan cette blessure ?}

Je lui réponds, la boule au ventre. Virginie ne gâchera pas ce que j’essaie de construire avec Nat. Hors de question.

{ Juste un petit bobo de rien du tout ! Même plus mal !}

Steven me regarde et perçoit mon malaise.

  • Pas d’autres choix. Il va falloir tout lui raconter. Et ce midi. Sinon, Virginie risque de tout gâcher.
  • Très bien.

Mais je ne compte pas tout lui raconter… Juste la même version qu’à Steven.

Stev lui répond. Le compte à rebours est lancé. Plus que deux heures avant midi.

Avant de les rejoindre, je dois passer voir Mme Gobalé, histoire plus de la rassurer que pour vérifier mon état de santé. Tout se présente bien. Je redescends vers les gradins où je les aperçois. Tout le monde dévisage Steven qui n’en a strictement rien à faire. Il discute avec Natacha d’un air détaché. J’inspire un grand coup pour me donner du courage. Je ne sais pas si Natacha va toujours vouloir me fréquenter après ça… Je m’installe exprès entre eux.

  • Bon Nathan. Je crois que tu as des choses à nous avouer.

Nat ne perd pas une seconde. Je lance un regard entendu à Steven avant de me lancer dans mon récit. Elle est bien trop expressive ! Son visage passe de l’étonnement à la peur en passant par le dégoût. Elle finit sur une expression… d’incrédulité.

Je ne comprends pas. Elle semble réfléchir, sa petite ride du lion s’est formée, son visage s’est fermé.

Mais que se passe-t-il ?

DDDDRRRRIIINNNNGGGG

Fichue sonnerie ! Elle met fin à la pause déjeuner et donc reprise des préparations de la journée sportive. Natacha se lève.

  • Bon ! À plus tard les garçons !

Elle s’enfuit. Sans plus d’explication.

Et merde.

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