Natacha

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Je ne sais même pas depuis combien d'années je n’ai pas vu Stéphane et Cédric… Ce sont des amis de mon grand-père. Lorsque j’étais petite, Papy m’emmenait partout avec lui : aux combats de coq, au football ou simplement à ses sorties entre amis. J’étais sa seule et unique petite-fille après tout ! J’étais si fière !

Lorsqu'il a décroché, Scorp a été plus ou moins surpris. Je crois qu'en fait il attendait que je l'appelle. Il me semble qu'il est sorti de prison il y a à peine un an. J'ai su qu'il avait repris sa place de docker grâce à Varaud…

Papy a toujours travaillé sur le port maritime : c’était un solide gaillard ! J’adorais le retrouver sur son lieu de travail, bien que je n’y avais pas le droit ! C’est là que j’ai rencontré Stéphane et Cédric : ils étaient les meilleurs amis de mon grand-père. Tous les trois avaient grandi ensemble : ils étaient tout bonnement inséparables !

N’ayant pas de famille, ils m’ont adopté en tant que petite-fille, au grand dam de Papy ! J’étais heureuse : j’avais trois grand-père pour le prix d’un ! Et qui dit trois grand-père, dit trois fois plus de cadeaux ! Lorsque Papy est mort d’une brutale crise cardiaque, ils m’ont été d’un soutien sans faille, comparé à mes propres parents.

Mais… Lorsque j’atteignis la fin du collège, Dada et Dady ont failli commettre l’irréparable. J’étais sidérée : eux d’une nature si douce, ils auraient commis cette atrocité ? Je n’ai jamais su pourquoi… Dès que mes parents ont eu connaissance de leur emprisonnement, je n’ai plus eu le droit d’avoir un quelconque contact avec eux… Lorsque j’ai eu ma propre indépendance, quatre ans après, je n’ai jamais osé les rappeler…

Main dans la main avec Nathan, je sors de la maison. Je le sens tendu mais il reste droit et fier. Arrivés devant Stéphane et Cédric, Nathan passe son bras autour de ma taille, possessif, puis lève les yeux sur eux, sans aucune peur apparente. Je souris et crois bien que je rougis.

Scorp et Cobra le toise, un air mauvais peint sur le visage. J’ai envie de rire mais me retiens : c’est comme si Nathan passait devant un tribunal informel.

Il s’agit de ma famille la plus proche après tout. Même Joshua n’a pas eu cet honneur !

Ils n'ont pratiquement pas changé. Du haut de leur mètre quatre-vingt-quinze, la couleur émeraude de leurs yeux ressortent toujours autant sur leurs peaux café. Ils sont toujours aussi musclés, malgré une légère bedaine, certainement dûe à la bière qu'ils affectionnent tant. Les seules choses qui aient changé, ce sont la longueur et la couleur de leurs cheveux : à présent ils sont tout blancs et la tresse leur arrive au bas du dos. Les revoir me fait un bien fou.

  • Alors c'est toi le nouveau copain de mon ange ? demande Stéphane, un peu brusquement.
  • Oui c'est bien moi, lui répond Nathan sur le même ton.
  • Fait gaffe. Si tu lui brises le cœur, je te brise les jambes.
  • Si t'y arrives, papy.

Stéphane ne tient plus et finit par éclater de rire, suivi de près par Cédric et moi-même.

  • Ange, tu l'as trouvé où celui-là ?
  • À Domenjod, dada, je lui réponds, clin d'œil à l’appui.

Nathan se crispe, je l'embrasse tendrement sur la joue en lui murmurant :

  • Test passé haut la main, bébé…
  • Je l'aime bien, annonce Stéphane. Il a du cran celui-là au moins… Et lui c’est qui ?
  • C’est Steven, mon meilleur ami.

Stev me regarde, limite choqué par le terme employé.

  • Très bien. Bon, on y va?
  • Ça y est ? questionne Cédric. Tu as fini de jouer au dada protecteur ?

Dady se moque mais je sais qu’il n’en pense pas moins.

  • Je peux ?
  • Tu sais encore conduire toi ?
  • Hey ! T’exagère ! C’est toi qui m’a appris, je te signale !

Je tremble d'impatience à l'idée de conduire la GSI. Dada m’avait montré comment faire, il y a des années… Malgré le fait que Papy était contre ! Nathan et Stev restent éberlués lorsqu’il m'envoie les clés.

  • Fais-toi plaiz, ma puce ! me dit-il, en souriant et en contournant la voiture. Tu connais encore le chemin ?
  • Évidemment !
  • C’était quoi ce petit manège ? me demande Nathan, à demi en aparté.
  • Un rite d’acceptation, lui répondis-je, avant de rire devant l’air faussement scandalisé de Stéphane.

Nathan lève les yeux au ciel puis me sourit. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Il s'approche, m'attrape par la taille et pose ses lèvres sur les miennes. Je m'accroche à son cou pour approfondir ce baiser.

  • Toi alors ! C’est incroyable comme je t'aime.

Je ne me lasse pas de ces mots.

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