Juliette avait retrouvé au fond du grenier

Un souvenir d'enfance assoupi

Dans un coffre en osier

Depuis des décennies.

Pour la jeune femme, il était grand temps

De libérer ses bonheurs passés

Qu’elle avait enfouis pour se préserver

Du chagrin omniprésent.

Sa grand-mère lui manquait

Ses parents tout autant

Ils étaient partis à pas feutrés

Rejoindre les cieux étincelants.

Elle avait dû tourner la page

Avancer avec force et courage.

L’adolescente, qu'elle était encore,

Se fondit dans le décor.

L’art la sauva, un exécutoire.

La peinture transforma sa vie

Son grand père aussi

Seul phare dans ses nuits noires.

Quand Oscar frappa à sa porte

Doucement il métamorphosa son quotidien

Le jeune homme fit en sorte

D’embellir chaque instant de petits riens.

Ce soir, Juliette était si fière

D'être à son tour devenue mère.

Elle dévala les escaliers,

Un étui dans les mains.

Son regard pétillait

D’un espoir serein.

Elle tendit l’instrument

À son grand-père hésitant.

Il y avait tellement longtemps

Qu'il n'avait pas joué un air entraînant.

Il pinça du bout de ses lèvres fluettes

Le bec de la clarinette

Sous les yeux attendris de Juliette.

Oscar et les petits se joignirent à la fête.

Un do glissa

Le ré l'accompagna

Quand le mi s'emballa

Leurs visages s’illuminèrent.

Le fa, d'aise soupira

Au sous sol, la note s’emporta

Des la la en choeurs se baladèrent

Quand le si s'abandonna

Docile sous les doigts du maestro

Les spectateurs réclamèrent

Aussitôt un nouveau morceau.