Poète, pouet
Mes amis, Ce matin, je suis de bonne humeur. Aussi ai-je décidé de vous écrire une poésie en prose. L’idée m’est venue tandis que je déféquais sous l’arbre du voisin. Le voisin, c’est un banquier. Il porte toujours un costard noir et une cravate rayée. Son allure impeccable masque avec peine l’odeur du fric, de l’arnaque, et de l’immoralité assumée des grands de ce monde. Ça crève les yeux que cet homme se sent bien au-dessus des humbles prolétaires que nous sommes. Son regard s’émerillonne quand, le matin, il démarre sa Porsche rouge, rouge comme le sang qui ruisselle de ses mains.
On le déteste tous dans le voisinage. Heureusement, sa femme est un peu salope, enfin je veux dire sexuellement libérée, ce qui fait que tout le quartier lui est passé dessus, sauf les castrats, ça va de soi. Les salauds m'ont toujours semblé moins antipathiques dès lors que je les sais cocus. Un peu comme si j’observais un paon, orgueilleux prince de la basse-cour, se faire sodomiser publiquement par un putois syphilitique. Toutefois, il y a une justice. La transparence qui fait défaut aux ignominieuses transactions financières de notre cher pilier du capitalisme, on la retrouve joyeusement dans les nuisettes de sa tendre épouse.
Mais laissons là ce triste arriviste et revenons-en à la poésie. Les cerisiers en fleur, les drapeaux noirs, les lueurs de l’aube, les crânes inclinés et les cœurs gravés sur un tronc d’érable. Et l’amour qui dure toujours. Celui d’avant qu’on se retrouve tout seul comme un con.
La poésie est une promesse, un halo de douceur, de finesse et de subtilité. Une victoire de la conscience sur les tourments de l’existence. Un peu comme un jour d’Halloween où tous les monstres seraient gentils, comme Casimir sur son île, et joueraient de la harpe au vent mauvais.
La poésie, c'est se mettre à nu. Accepter ses faiblesses, sa honte et sa lâcheté.
La poésie, c'est aimer le Nutella tout autant que les abats.
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