Plus forte que Borderline !
Je m'appelle Carla, j'ai 35 ans et je viens de Suisse. J'ai toujours été un peu spéciale.Quand j'étais toute petite, j'ai eu de gros problèmes de santé. Peu de temps après ma naissance, les médecins ont détecté plusieurs défauts dans mon cœur. Il s'agissait d'une "communication interventriculaire" (CIV) et d'une "communication interauriculaire" (CIA), ainsi que d'une malformation de l'aorte. J'ai donc été nourrie par sonde gastrique jusqu'à l'âge de onze mois. À ce moment-là, mes parents ont dû prendre une décision car je n'allais pas bien du tout. Je ne supportais pas le tube et je régurgitais toute la "nourriture" qu'ils me donnaient, ce qui ne m'a pas aidée à prendre du poids. J'étais très faible et je contractais infection sur infection. Les médecins ont dit que s'ils m'opéraient, il y avait de très grandes chances que je ne me réveille pas. Mais si on ne faisait rien, je mourrais aussi de malnutrition ou d'une autre infection. Mes parents ont donc pris la décision très difficile de me faire opérer. Quand j'imagine que mes parents avaient 24 et 25 ans à l'époque... Ce sont des super-héros d'avoir pu prendre cette décision et je leur en serai reconnaissante pour le reste de ma vie. Donc si je peux écrire ce "livre" et être reconnaissante envers mes parents, cela signifie que j'ai survécu à cette opération majeure.Pendant l'hospitalisation, on m'a également diagnostiqué des malformations de la colonne vertébrale. Une scoliose, une cyphose et deux hémivertèbres.
À cause de ma malformation du dos, j'ai commencé à avoir des douleurs atroces au dos, je ne pouvais plus jouer du piano, je pouvais à peine marcher. Mes jambes me faisaient tellement mal ! Le 8 septembre 2008, j'ai subi une arthrodèse de la colonne vertébrale à l'hôpital universitaire de Genève. Ils ont fixé et redressé une partie de ma colonne vertébrale avec des vis et des barres en titane. Mon séjour à l'hôpital a été très traumatisant pour moi.
En 2014, j'ai glissé sur une pente très dangereuse mêlée de dépressions, de mutilations, d'alcool, de boulimie, et ainsi de suite jusqu'à un moment où tout s'est écroulé. Mon père, ma sœur puis ma mère sont venus à Vienne en toute hâte pour s'occuper de moi car je leur ai avoué tous ce qu'il n'allait pas et ils étaient tous sous le choc. Ils ne s'attendaient pas à tout cela ! À cette époque, mon grand-père se battait contre un cancer du poumon et ma grand-mère contre la maladie d'Alzheimer. Donc tout ça en même temps ! Quand ma mère est arrivée, j'étais au plus mal... Je me coupais tous les jours. Ma mère a même dû s'occuper de mes blessures à un moment donné.. Rien n'allait plus et j'ai dû me mettre en arrêt maladie. J'ai pris rendez-vous avec une psychologue, ma psychologue, Debra, que je vois toujours et qui me fait beaucoup de bien. Pour ma psychologue, ça n'a pas été facile. Je suis arrivée avec d'énormes plaies ouvertes qui nécessitaient des points de suture mais je ne suis jamais allée à l'hôpital pour me faire recoudre. J'étais dans une telle détresse. Cela l'inquiétait beaucoup et elle m'a dit plusieurs fois que je devais d'abord aller en clinique pour me stabiliser avant de revenir la voir. Après de nombreuses discussions avec ma famille, j'ai été internée dans une clinique psychiatrique le 31 décembre 2014. Le meilleur réveillon de tous les temps, je vous le dis.. J'ai été là diagnostiquée borderline.
Ensuite j'ai alterné les séjours en clinique pour mon trouble du comportement alimentaire qui devenait de plus en plus sérieux. Et en 2017, j'ai rencontré l'amour de ma vie. Ma moitié, qui m'a accompagnée dans mes moments les plus sombres. Je me souviens que pendant les premiers mois où nous nous sommes fréquentées, elle venait à la maison avec un croissant, une brioche etc, n'importe quoi pour que je mange ! !! Elle était tellement inquiète. Elle est restée avec moi pendant mes hauts et mes bas, les problèmes d'alimentation, les coupures, les dépressions, les changements d'humeur..... Je l'aime tellement et parfois je me demande pourquoi elle est toujours avec moi car je suis une personne tellement compliquée. Je t'aime et je te remercie pour tout, Zoé. .Bien sûr, pour qu'une relation dure, il faut y travailler et j'ai beaucoup appris de Zoé et de notre amour. Nous sommes ensemble depuis presque 6 ans et nous vivons ensemble avec notre chien Angel depuis 4 ans. Angel était à l'origine le chien que j'ai eu après mon opération du dos. Je l'ai eu en 2010 et elle est le premier amour de ma vie. C'est ma plus longue relation et elle est si importante pour moi. Elle m'a vu dans des états lamentables et elle a toujours été attentionnée et certains jours, je pense que sans elle, je ne serais plus de ce monde, alors Angel..... Je te remercie !Je suis beaucoup plus stable en ce moment, mon travail me rend très heureuse et je sais que je suis appréciée par mes collègues et mes élèves. Certains de mes collègues sont même au courant de mon diagnostic ou, du moins, savent que je ne suis pas aussi stable que je le semble. J'ai toujours des hauts et des bas, je suis toujours suivie par ma psychologue. Ma psychiatre me traite avec une médication lourde mais qui m'aide, c'est ça l'important. Ma psychologue et ma psychiatre sont mon point d'ancrage dans ma vie. Je les vois maintenant une fois par mois si tout va bien ça m'aide beaucoup. J'ai des rechutes de temps en temps mais j'ai l'impression d'être dans la phase "calme après la tempête". J'ai eu des années très difficiles derrière moi et maintenant je me remets lentement. J'ai pris du poids... Beaucoup de poids. Trop de poids ! Mais on dit que c'est typique de la période post-boulimie. Je ne suis toujours pas guérie de mon trouble alimentaire et je pense qu'il me suivra toute ma vie, mais il est sous contrôle. La prochaine étape est d'être capable de perdre du poids de manière saine et de retrouver un poids normal. Pas trop haut, pas trop bas. Je me coupe une à deux fois par an, ce qui était impensable il y a quelques années. Je peux dire que je profite de la vie même si j'ai des périodes très difficiles, pleines de doutes et d'anxiété, mais j'ai appris à faire avec. Lorsque les choses ne vont pas bien, j'essaie de m'occuper, même si c'est difficile... J'écris, je lis, je peins, je fais de la musique, je colorie des mandalas, je me promène, je caresse mon chihuahua, je parle à mes amis et à ma famille. J'ai appris à utiliser ces compétences pour m'aider à traverser mes crises. Même si je les oublie parfois, voire souvent, j'ai l'amour de ma vie pour me les rappeler.Je peux dire maintenant que j'aime la vie et que je suis curieuse de voir ce qu'elle va m'apporter.
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