1. Hurlement

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Yale

Je claque une nouvelle fois la porte derrière moi, faisant trembler les murs du manoir. J’entends mon père qui continue à m’engueuler en s’éloignant, me traitant de fils ingérable et irresponsable. Que s’est-il passé ? Et bien encore une fois il a refusé que je participe aux activités du club. Cela fait sept ans que j’ai ma majorité, mais pourtant il se comporte avec moi comme si je n’étais qu’un adolescent pré pubère. Je n’en peux plus, je fais tout pour que mon père soit fier de moi. J’ai fini mes études, eu mes diplômés avec mention, passé mon permis moto. J’ai fait tout ce qu’il m’a dit de faire, mais il me tient toujours à l’écart du club, je suis pourtant plus vieux que les plus jeunes prospects.

Je me mets à faire les cent pas, tel un lion dans sa cage. Serrant la mâchoire jusqu’à avoir des crampes. Je lâche un hurlement de rage et enfonce mon poing dans le mur. Évidement cette manœuvrer m’arrache une éclaire de douleur et je couine en m’asseyant sur mon lit. J’entends quelqu’un toquer doucement contre ma porte.

— Ouais ! dis-je froidement.

Rowan ouvre la porte et la referme délicatement dans son dos. Il s’approche de moi et s’assoit juste à côté de moi, lâchant un long soupire. Ce mec est le vice-président du club, un brun au regard sombre, une légère barbe de quelques jours se dessine sur sa mâchoire. Il est le parti le plus disputée par les brebis du club, elles bavent tout sur son passage, ou mouille leur culotte plutôt.

— Mon père t’envoie encore jouer les nounous ? Ce n’est pas dégradant pour le VP non ? grognais-je.

— Arrêt ton cinéma, si tu n’étais pas aussi invivable je n’aurais pas besoin de m’abaisser à nettoyer la merde que tu as au cul.

Je me lève d’un coup, lui lançant un regard des plus assassin.

— Mais putain, je suis plus vieux que toi quand tu es entré dans le club, pourquoi mon vieux ne veux pas que je rentre dans le club, j’ai tout fait ce qu’il me disait.

— C’est dangereux…

— Arrêt ton cinéma ! Je sais que la vie de biker n’est une partie de plaisir, qu’on peut se faire tirer dessus lord d’un run, mais putain ce n’est pas plus dangereux pour moi que pour les gamins de dix-huit ans qui on le badge de prospect, hurlais-je.

— Ouais, mais pour le Pres’ ce n’est pas pareil.

— Mais putain ferme ta gueule et dégage de ma chambre, si c’est pour toi aussi me faire la morale dégage.

Il lâche un long soupire avant de se lever et de se diriger vers la sortie. Il pose la main sur la poigner avant de se retourner vers moi.

— Tu devrais parler avec ton père, plus posément, et ne pas te braquer dès qu’il ouvre la bouche.

— Dégage Rowan !

Il me fait une grimace avant de finalement claquer la porte derrière lui. Il m’énerve lui aussi à me prendre de haut, à essayer de me balancer des pseudo phrases de sage. Pour lui c’est facile, il est le vice-président, il a déjà une place très ancrée dans le club. Mais il est a ma place à moi, celle du VP devrait me revenir à moi, pas à lui qui a débarqué il y a seize ans de nulle part. Je n’ai jamais su vraiment comment il avait atterri dans le club et pourquoi mon père l’avait pris immédiatement sous son aile. Moi j’avais beau me débattre pour attirer son attention, c’est lui qui en avait reçu le plus. Je détestais Rowan, je le haïssais, car j’avais cette impression qu’il m’avait tout volé, même l’amour de mon père.

Je me passe les mains nerveusement dans les cheveux, me remettant à faire les cent pas. Si je reste ici, je vais encore m’en prendre au mur et finir par me casser la main. J’ouvre la fenêtre regardant dehors, je vois le groupe dans la cour faire les derniers préparatifs pour le Run qui doit commencer aujourd’hui. Les gars doivent réaliser une livraison d’arme dans notre Chapter du Nord. Un gros client du Kansas nous a passé une belle commande, les groupes partent donc de notre QG qui se trouve dans le Texas. Nous avons installé notre Club le « Dragons Skull » dans un grand manoir que mon père a hérité de ma défunte mère.

Ma mère était une très belle femme, très riche, et je ne sais toujours pas comment une comtesse comme elle a pu tomber amoureuse d’un biker bourru. Sa famille venait de France et c’était installé dans la région. Ils avaient fait construire le manoir il y a quatre-vingts ans, et ma mère en a hérité quand ses parents sont morts dans un accident d’avion.

Le bâtiment est dans le style des vieux manoirs américains, ceux qui sont dignes des films d’horreur. Même l’intérieur est rempli de statue de marbre au visage inexpressif. Un décor totalement à l’opposé des habitants, un club entier de biker macho et de brebis en chaleur. La cour qui se trouve devant le manoir est goudronnée, ou une centaine de motos et de pick-up y sont garés. À l’arrière se trouve un immense parc entretenu par une dizaine de prospects, il y a même un étang dans le fond avec un banc de Carpe-Koï. La seule chose qui prouve que ce manoir a appartenu à ma mère, c’est un immense tableau ou elle est avec mon père à côté d’une moto. Les Dragons Skull étaient l’un des seuls clubs ou la présidente était une femme, ma mère.

Ma chambre se trouve au troisième étage, sur les quatre du manoir. Pour moi ce n’est pas un problème, je sais faire le mur, les gouttières et les vieilles statuettes à l’extérieur sont mon mur d’escalade préférer. J’enjambe la fenêtre et commence mon parcours avec agilité. C’est en quelque minute que je pose les pieds sur le sol, longeant les murs pour arriver jusqu’au garage où se trouve ma bécane. Une Harley Street Bob de 2020 rouges, mon dernier cadeau à moi-même.

Je monte en selle, tournant la clef, en quelque seconde le monteur rugi faisant vibrer les murs du hangar. Je vois surgir des hommes de mon père, j’ai juste le temps de cliqué mon casque sur ma tête. Je tourne la poigner et bondis en avant, faisant hurler ma bécane. Je me faufile entre tout le monde, mettant plain gaz pour réussir à sortir par le portail principal qui était grand ouvert. Je pense que mon père ne doit pas être content, j’ai eu le droit à un regard de plus noir quand je lui ai passé sous le nez.

Je suis le genre de mec qui se vide l’esprit en engloutissant les kilomètres. Je m’engage sur la route 66, je sais que je peux filer tout droit en débranchant mon cerveau. Je file, roulant quatre heures sans m’arrêter une seule fois, jusqu’à ma destination à Albuquerque. Quand je me sens aussi mal, je n’ai pas peur de faire autant de kilomètres, juste pour m’éloigner du Texas, du club. Je me gare toujours devant le même bar, enfin plutôt derrière pour cacher ma moto. Nous sommes en fin de matinée et l’Effex est fermé, du moins la partie discothèque, mais le bar reste accessible quand on connaît l’entré par l’arrière. Un bar Gay.

C’est bien loin de l’esprit biker, bien loin des idéologies texanes, je suis en quelque sorte bien plus hors la loi que mon père en venant ici. Au Texas j’aurai le droit à dix ans de prison pour ce genre de pratique sodomite. C’est pour ça que faire quatre heures de route ne me fait pas vraiment peur. Évidement mon père n’est pas au courant, Rowan encore moins. Quand je pars comme ça, je ne reviens que le lendemain au club, avec souvent une gueule de bois d’un autre monde. Je me réveil très souvent chez un mec que je ne connais pas, me souvenant à peine de notre partie de jambe en l’air.

Alors encore une fois je rentre par la petite porte à l’arrière, quelque mec sont déjà là a discuté à droit à gauche dans une légère ambiance détendue. Je m’approche du bar et l’homme qui s’y tient me fait un énorme sourire.

— Salue-toi mon beau, tu t’es encore fâché avec ta petite copine ? ricane-t-il.

— Oui ma main droite est jalouse de la gauche et du coup elle me fait la gueule.

Il explose de rire, Max, le barman, est un grand blond bodybuildé avec une petite moustache blonde. Le cliché même du gay en puissance, mais il cherche ce style très cliché. Ses beaux yeux bleus me font à chaque fois de l’effet, cependant je n’ai jamais fini dans son lit.

— Je te sers quoi mon beau ?

— Comme d’ab’ un double whisky sec, s’il te plait. Avec un orgasme ?

— L’orgasme sec aussi ?

Cette fois c’est moi qui explose de rire. Il me pose mon verre devant moi, je m’accoude au bar et tourne la tête vers la salle. Je regarde un peu la marchandise du jour, il y a quelque beau mec, mais il est clairement trop tôt pour avoir de bon morceau à se mettre sous la dent. La main de Max se pose sur mon épaule, je tourne mon regard vers lui et il se penche pour me murmurer à l’oreille.

— Le mec dans le fond, le brun là… il vient de se faire larguer par son mec. Il a besoin d’être consolé, me souffle-t-il.

— S’il vient de se faire larguer, cela m’étonnerait qu’il ait envie d’être consolé à ma façon.

— Ah, mais si ! C’est à cause de sa bite baladeuse que son mec la largué.

— Oh, ça m’intéresse alors.

Un sourire sadique aux lèvres, je prends mon verre et me dirige vers le fameux type. Un beau brun avec des yeux foncés, il me ferait presque penser à Rowan, mais sans la barbe et en costume sur mesure. Le mec relève les yeux vers moi, me regardant de haut en bas sans aucune gêne avant de me faire un grand sourire charmeur.

— On m’a dit que tu avais besoin d’être consolé, dis-je en souriant sensuellement.

— Tu penses en être capable ?

— Tu me lances un défi ? Je m’en sens tout à fait capable.

Il me fait un grand sourire, s’asseyant dans le fond de la banquette. Il me fait un signe de tête, pour me signifier de venir m’assoir à côté de lui.

— Terminons donc nos verres avant que je ne t’embarque chez moi, glousse-t-il.

— Oui, c’est un minimum. Surtout que je viens tout juste de le commander.

Voilà comment ça se passe à chaque fois, je ne suis vraiment pas difficile. Il suffit que le mec soit à mon gout et j’accepte absolument tout. Une fois je suis même tombé sur un dominant, l’une de mes meilleures parties de jambe en l’air. Malheureusement je ne l’ai jamais recroisé et je n’ai jamais plus ragouté au plaisir de la soumission bdsm. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’aimais des hommes brutaux. Quand ils sont trop tendres, je m’ennuie, à croire que je suis moitié maso. Comme si me faire traiter comme une merde par mon père ne me suffisait pas, je voulais que ça soit aussi au lit.

Ce mec que je venais de rencontrer me donna absolument tout ce que j’aimais. Après avoir bu quelque verre, il m’a amené chez lui, il m’a baisé comme un sauvage. J’avais besoin de ça, besoin d’avoir la tête vide et de ne penser qu’à mes propres sensations. Au moins pendant ce genre de moment on me traitait comme un homme et pas comme un enfant à protéger. Je n’étais pas une chose fragile, loin de là.

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