3. Juste un bar

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Yale

Rowan est le pire des emmerdeurs, il me sort par les yeux. À me donner des ordres comme s’il était mon père, ce n’est pas par ce qu’il est le VP qu’il doit se donner le droit de le faire. L’eau chaude coule sur ma peau, faisant disparaitre les toutes dernières traces de ma nuit passée. Une chose est sur c’est que malheureusement, elle ne retire pas cette putain de gueule de bois. J’ai l’impression d’être en boite, je ne me souviens pas de tout ce qui s’est passé, mais j’ai passé une super soirée.

Je sors après une bonne demi-heure, ma peau rougit par la chaleur. Me séchant j’enfile des vêtements propres pour descendre a la salle commune. Les gars y sont a s’agiter, certain tripote des brebis en buvant une bière, d’autres sont a dévoré leur repas. Les prospects sont en cuisine à s’activer, quand l’un d’eux me voit il me fait un grand sourire. Karlito s’approche de moi en ricanant.

— Tu as une de c’est gueule mec, encore une cuite d’un autre monde ?

— Ouais ne m’en parle pas, j’ai eu du mal a rentré…

— Ce n’est pas sérieux de prendre la moto dans cet état, me sermonne-t-il.

— Ouais, ouais…

Il secoue la tête en soupirant, retournant dans la cuisine, il m’apporte mon assiette quand je m’assois à la table à côté de Noah et Jaxon. Deux vieux bikers qui dévorent un steak aussi gros que leur tête, avec une pinte de bière. Noah me tape dans le dos et se penche sur moi en messe basse.

— Tu as entendu la dernière ? murmure-t-il.

— Nan, j’étais a décuvé dans ma chambre, accouche.

— Rowan se tape de la cougar.

— Hein ? hurlais-je.

Évidement le VP redresse la tête en m’entendant, fronçant des sourcils. Il devrait être habitué par mes états d’âme depuis le temps. Sauf que cette fois il se lève et se dirige droit sur nous, s’asseyant en face de moi à côté de Noah qui pouffe dans sa barbe.

— Vous lui raconter quoi les gars, lâche-t-il froidement.

— Rien donc, se défend Noah.

— Ouais je suis sur que vous raconter encore cette histoire de couguars, c’est bon Yale était le dernier a pas le savoir.

— A si y’en a qui ne le savent pas encore, les Pres’ par exemple.

Tous ceux autour de nous explosent de rire. Rowan fait une grimace avant de se relever et de partir en grommelant. Il se stop et se tourne vers moi.

— Appelle ton père toi, il est mort d’inquiétude.

— Nan, qu’il va se faire foutre le vieux.

— Tu es pénible, soupire-t-il.

— Toi aussi putain, aller casse toi.

Il lâche un soupire de désespoir avant de me tourner le dos. Il me casse vraiment les couilles quand il s’y met. Je sais que ce n’est pas cool pour lui aussi de devoir jouer aux nounous avec moi, il devrait être avec le groupe lui aussi. Je le vois disparaitre se dirigeant surement vers son bureau. Je termine mon repas avant de sortir dehors, allume un clope. Une Gauloise a la menthe, je ne fume que ça. Karlito finit par me rejoindre m’en piquant une aussi.

— Alors tu t’es barré ou cette fois, demande-t-il en soufflant la fumé.

— A Albuquerque, j’ai fini dans a bar, puis dans la chambre d’une inconnue. Comme la dernière fois.

— Tu sais que pour t’envoyer en l’air une des brebis serait super contente d’écarter les cuisses pour toi.

— Ouais, mais savoir que l’un d’entre vous y a déjà trempé le biscuit me rebute un peu.

— Rooh, tu n’es pas partageur, ricane-t-il. Toi aussi tu aimes la cougar ? Après faut te dire que la plupart des nanas qui acceptent un plan cul ont déjà mangé le biscuit.

— Ouais, mais ce n’est pas avec des gens que je voie tous les jours. Tu imagines j’aurai l’impression de faire un plan a trois avec… Noah ou pire… mon père.

Karlito manque de s’étouffe en aspirant la fumé. Il se met à tousser tout en ricanant, se pliant en deux alors que moi je souris comme un con. Il finit par se relever me regardant, les larmes aux yeux.

— OK un plan a trois c’est pas dérangeant, mais avec les Pres’ un peu si.

— Encore si c’était que les Pres’ pour moi aussi, mais c’est mon père.

— Ouais… donc tu vas te taper des nanas au nouveau Mexique. Pourquoi aussi loin, y’a des putes au Texas aussi hein !

— Tu ne comprendrais pas… tu as plus de respect de la part de mon père que moi. Alors, laisse tomber.

Il fait une tête étonnée, j’écrase ma clope et tourne les talons. Comment lui dire que je ne vais pas me taper des nanas, mais des mecs dans un état ou c’est légal de le faire. Tout ça sans en parler à mon père, s’il l’apprenait je ne sais pas s’il l’accepterait. Il est le Président d’un club de bikers aussi macho qu’homophobe. Même si je n’ai jamais entendu une remarque de ce genre, nous sommes au Texas après tout.

Je regagne ma chambre, j’ai bien l’intention de continuer à dormir. Faisant sauter tous mes vêtements, je me glisse sous les draps. C’est tellement désagréable de dormir avec des fringues. Comme ça si Rowan se pointe pour me faire prendre une douche je vais le perturber encore avec ma loche, comme il la si bien dis.

Mais ce n’est pas Rowan qui me réveil, mais le bruit d’un troupeau de motos qui arrive dans la cour du manoir. Ils sont rentrés de leur run, un peu plus tôt que prévu. Je m’étire, enfilant mes habits, j’ai l’impression de faire que ça, m’habiller et me désaper. J’arrive dans le salon, personne n’est là, tout le monde est dans la cour.

En arrivant, je me rends compte qu’ils ont bien livré leur paquetage. Mon père me repère et se rue sur moi, les traits tirés.

— Tu vas bien ? me demande-t-il.

— Ouais, vous êtes revenu tôt.

— Oui, je m’inquiétais pour toi, on a livré et on n’est pas resté.

Il commence à me tripoter les épaules, vérifiant que je suis entier. Je lui claque les mains, reculant d’un pas le visage déformé par la colère.

— Tu commences a me faire chier, tu sais tu aurais pas a t’inquiéter pour moi si tu me laissais venir avec toi, grognais-je.

— Mais, Yale… je t’ai déjà dit que je ne te laisserais pas rejoindre le club.

— OK, alors autant que je me casse définitivement d’ici, je pense que ça sera plus simple.

Je tourne les talons, fonçant dans le manoir, grimpant les marches en quatrième vitesse. Je crois que c’était la goute de trop, j’en peux plus de mon père de sa surprotection. Je suis peut-être tout ce qu’il lui reste de Maman, mais je ne suis pas en sucre. Arriver dans ma chambre j’attrape un gros sac de sport et commence à y fourré toutes mes fringues et le peu d’effect personnel que je veux garder, comme ma tablette. Je n’ai même pas d’ordinateur, je n’ai pas grand-chose a par ma moto.

Mon père déboule dans ma chambre, me voyant faire ma valise, il m’attrape par les épaules.

— Tu fais quoi ? Tu comptes aller ou comme ça ?

— Écoute, j’ai vingt-cinq ans bordel, je suis majeur vacciné, j’ai mes diplômes mes papiers. Il est tant que je quitte le nid tu ne crois pas, lançais-je froidement.

— Pour aller où ? Tu n’as pas de travail, tu va habiter ou? Si tu crois que c’est si simple que ça.

— Putain arrêt, hurlais-je. Je suis plus un gamin, alors soit tu me considères comme un homme, soit tu me laisses partir.

Je ferme mon sac, bousculant mon père pour passer. Il essaie de me suivre, posant ça, mais sur mon épaule. Je le repousse violemment. Je me tourne vers lui et fais surement la pire chose que j’ai jamais faite.

— Tout est de ta faute, si tu l’avais retenu elle, elle serait encore en vie. C’est aussi de ta faute encore une fois si je décide de me casser. Tu es qu’un pauvre connard.

Je vois son visage se décomposer, devenant livide. J’ai la gorge qui se serre violemment, mais mes mots sont allés trop vite, cette fois c’est moi le pauvre connard. Je tourne les talons, fuyant lâchement sans m’excuser alors qu’une larme avait perlé sur son visage. J’arrive dans la cour, Rowan apparait devant moi, fronçant des sourcils en voyant mon sac.

— Tu te barres encore ? demande-t-il.

— Ouais, toi aussi fou moi la paix OK ?

Lui aussi je le bouscule, me dirigeant vers ma moto, j’y attache mon sac et glisse mon casque sur ma tête. Je démarre mon engin avant de partir en trombe, faisant râler des gars qui étaient sur mon passage.

J’ai l’impression de prendre régulièrement la route, la rage au ventre. Ne respectant pas les limites de vitesse, je m’engage encore une fois sur la route 66, filant droit devant moi pour gagner la même ville que la veille. Je gagne Albuquerque quatre heures plus tard, me garant derrière le bar comme à mon habitude. Je ne passe pas la porte de derrière même si a l’heure ou je suis arrivé le bar et la boite sont ouverts officiellement.

Max me dévisage en voyant mon sac dans le dos, je le pose sur le comptoir.

— Ta copine t’a viré ou quoi ? demande-t-il.

— Non je me suis barré. Tu peux me garder mon sac le temps que je me trouve un pigeon pour ce soir et qu’il me ramène chez lui ?

— Pas de soucie ma chérie, les pigeons sont surement a l’étage, la boite est ouverte, là y’a pas grand monde de potable ici comme tu peux voire.

Je regarde dans la salle du bar, en faite il n’y a que des couples en train de se bécoté, donc je n’ai aucune chance. Je monte l’escalier pour arriver dans une ambiance totalement différente. La lumière est tamisée et des jeux de lumière bougent dans tous les sens, perçant le fumé qui semble emplir toute la pièce. Une musique forte des dernières musiques à la mode résonne dans mon crâne, me faisant grimacer. Je n’aime vraiment pas style, il va falloir que je me saoul pour supporter tout ça.

C’est donc a cela que je m’atèle, me plantant au bar commandant ce que je bois le plus, un whisky sec. Au bout de trois verres, je pourrais boire autre chose, car je me sentirais plus détendu. Je regarde autour de moi un peu les morceaux de viande de ce soir. Je pense que je vais me régaler, il suffit que je trouve un mec assez naïf pour me ramener chez lui, ou un mec en chien, peu importe.

C’est donc au bout de trois verres de whisky et trois de vodka pure que je suis à me dandiner sur la piste. Je me frotte déjà contre un mec, le tripotant sans aucune gêne. Jusqu’à ce que dans le flou de l’alcool je voie un mec plus que mon genre. Complètement ivre je m’approche de lui, il pose ses yeux sur moi, des yeux tellement beaux et envoutants.

— Salut, beau gosse !

Il me fait un sourire amusé, il me fait penser à quelqu’un.

— Dis-moi, tu t’ennuies ce soir ? Tu me fais penser à un mec que je connais, il est aussi insupportable que canon ?

— OK… toi, je te ramène chez moi.

— Tu ne me dis pas ton petit nom avant ?

— T’en tiens une sacrée mon pauvre, aller on y va Yale.

Il connait mon prénom ? Je me laisse trainer sans rien dire, il prend mon sac au bar et en sortant je vois ma moto dans le cul d’un pick up.

— Hey tu fous quoi avec ma moto mec.

— Je sens… que tu vas être chiant. Tu ne me reconnais même pas, soupire-t-il.

Je me tourne vers lui, essayant de loucher pour mieux le regarder. Un sourire niais apparait sur ma face.

— Tu me fais penser à Rowan…

— Bingo, aller monte dans la voiture et vomi pas sur le tableau de bord.

Je n’aurais surement pas le temps de vomir, car là soudainement j’ai un black-out.

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