Tokyo
Dernier soir dans les rues de Tokyo. Le ciel pleure. Je suis abrité sous un parapluie emprunté à l’hôtel. Direction une salle d’arcade, une machine à boisson, un kombini, une smoking area. Direction n’importe où tant que la capitale continue de m’envelopper.
Je suis de nature nostalgique, ce qui n’est franchement pas à mon avantage. À deux doigts de chialer en admirant une enseigne lumineuse d’un restaurant de ramen. Les flaques d’eau réverbèrent la vie nocturne de Tokyo. Et ma semelle viens troubler cette vision envoûtante.
Je me souviens de la première fois où j’ai mis les pieds ici, il y a maintenant sept ans. Puis de la deuxième, cinq ans auparavant. Je ne me lasserai jamais. Impossible. Ce pays, c’est du baume pour mon cœur, un désinfectant pour l’esprit. Je m’y sens si petit, je ne suis personne au milieu d’une ruelle sombre et pourtant mon esprit prend de la place.
J’allume une clope. La dernière sur la terre nippone. Je ravale une larme et en laisse une deuxième se mélanger à une goutte de pluie.
J’essaie de ne pas penser à la France, mais j’en suis incapable. Le retour au pays doit être une nouvelle amélioration de ma personne. Il est temps de donner un sens à ma vie, de redoubler d’efforts et de finir ces projets inachevés. Il est temps d’être heureux et accompli. Mais avant ça… je rallume une cigarette. La dernière. Oui. Avant la prochaine. La dernière jusqu’à ce que j’accepte d’avancer, jusqu’à ce que j’accepte que ça se termine. Ce n’est pas à moi de décider, n’est-ce pas ?
Le temps me poursuit, il me harcèle. Je ne peux pas lui fuir éternellement. Même à l’autre bout de la planète. Alors je dois dire au revoir à ce texte, à ce pays. Je le remercie du fond du cœur et la meilleure manière de l’exprimer est de m’incliner. À la façon nippone. Les genoux bien serrés, le front contre le sol. Merci. Merci pour tout.
Au revoir, mon Japon.
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