7 Ashton

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J’ai à peine le temps de m’allumer une clope que Harper revient vers moi. À travers son regard, je sais que je vais passer un sale quart d’heure, mais je n’en ai rien à branler. Tout ce qui compte pour moi, là, de suite, c’est ce que fout la rouquine à l’intérieur. Son message a été très clair, elle va appeler Liam. Un court instant, je prie pour faire erreur, que ce Liam Davis ne soit pas mon frangin, jusqu’à ce que ma copine me sorte de mes pensées en lançant les hostilités.

— Tu m’expliques ? À quoi tu joues avec elle ? tempête-t-elle.

Aucune idée. Cette fille m’attire et m’intrigue à la fois.

Répondre ça à Harper n’est sûrement pas le bon plan, alors, je me contente de hausser les épaules.

— Elle te plaît ?

Surpris par cette question, je darde un regard de biais sur elle, tout en tentant de ne rien laisser paraître. Ouais, elle me plaît, trop même. C’est le genre de nana que j’ai toujours fui pour ne pas me laisser embobiner. Faut que je l’oublie et vite si possible, même si la côtoyer en permanence risque de me poser pas mal de soucis. Si moi, je ne parviens pas à rester loin d’elle, je peux toujours faire en sorte de l’éloigner de moi en étant un gros connard. Ça, c’est dans mes cordes et jusqu’à maintenant, j’en joue à la perfection.

— Ash, je t’ai posé une question. Est-ce qu’elle te plaît ?

Plutôt que de lui répondre avec des mots qui pourraient être mal interprétés, j’enroule mon bras autour de sa taille pour l’attirer vers moi. Elle se laisse faire sans réagir, presque une poupée de chiffon entre mes bras. Avec elle, tout est toujours trop facile, c’est à la fois apaisant, mais en même temps, il n’y a rien d’excitant. Pour lui faire oublier ce qu’elle a aperçu entre moi et la rouquine, je l’embrasse à en perdre la tête. Surtout la sienne, parce que la mienne est à mille lieues de ce baiser, elle est à nouveau avec cette foutue bombe. Je m’imagine un instant que c’est elle que je tiens entre mes bras et ma queue ne met pas deux plombes à réagir. Ouais, je suis dans une sacrée merde.

Harper se dégage et recule un peu. Ses yeux descendent jusqu’à la bosse formée sous mon jeans. Ses joues rougissent comme chaque fois que je me montre un peu entreprenant, sauf que ma réaction n’est pas pour elle cette fois. Pourtant, je l’attire à nouveau contre moi pour lui chuchoter à l’oreille :

— J’ai grave envie de toi, Harper. Tu veux bien passer la nuit avec moi ?

J’enroule une de ses mèches blondes qui s’est échappée de sa queue de cheval et la glisse dans un geste tendre derrière son oreille. Mon regard harponne le sien tandis que j’attends sa réponse. Si je baise avec elle, je suis presque certain que je parviendrai à oublier la princesse qui connaît mon frangin. C’est drôle de voir deux mondes si différents se côtoyer.

— Alors, bébé, tu veux bien ? demandé-je pour éviter de me paumer encore dans mes pensées. Je passerai la nuit à te prouver que cette fille ne me plait pas du tout.

— Depuis quand tu m’appelles « bébé » ?

— Ça te déplaît ?

Ses joues prennent à nouveau cette couleur rosée qui pourrait me plaire sur une autre qu’elle. Encore plus si cette autre se nommait Savannah.

Putain, pourquoi mes foutues pensées dérivent encore vers elle ? Elle est en train de me bouffer le cerveau et je déteste ça.

— Non, c’est juste étonnant, me ramène Harper à la réalité. Et oui, je veux bien passer ma nuit avec toi.

Étonné par sa réponse, ça fait tout de même quatre mois que je bataille pour pousser notre jeu plus loin, une ride apparaît sur mon front.

— Oui. Après la soirée, on aura qu’à ramener Savannah ici, elle prendra mon lit ou la chambre d’amis pendant que je dormirai avec toi.

Une idée à la con me traverse à cet instant le crâne.

— Et pourquoi on ne la ramènerait pas au chalet ? Après tout, sa place est là-bas !

Une moue de dégoût ourle ses lèvres.

— J’espère que t’es pas sérieux, Ash ? T’imagine la honte si elle nous entendait !

Pour moi, ce ne serait pas une honte, ça prouverait juste à cette nana qui m’obsède un peu trop qu’elle n’a aucune place dans ma vie.

— À mon avis, ce n’est pas le genre de trucs qui doit la déranger.

— Merci, Harper.

Plongé dans notre conversation, je n’avais pas entendu Savannah revenir. Surpris, je tourne la tête dans sa direction, tout en gardant une emprise ferme autour du corps de Harper, et la toise du regard. Ma rouquine sourit comme si son putain de coup de fil avait réussi à chasser le spleen qui la bouffait jusque là.

Eh, mec, revient en arrière. Tu viens de dire « ta rouquine », t’es sérieux là ?

Je n’ai pas le temps de m’arrêter sur cette pensée que Savannah revient à la charge. Ses yeux accrochés à moi, elle lance :

— Ça m’a vraiment fait du bien de l’avoir au téléphone. Liam est un amour lorsqu’il s’agit de remonter le moral aux gens.

Liam, un amour pour remonter le moral aux gens ? Là, j’ai vraiment un doute sur l’identité de ce Liam Davis. Il existe peut-être un gars qui me ressemble pas mal et qui porte le même prénom que mon frangin. Après tout Liam et Davis sont assez communs dans ce pays.

— Tant mieux pour toi, t’arrêteras peut-être de tirer la tronche maintenant, princesse.

A ce surnom, Harper me pince la hanche. Non, mais elle est folle ou quoi ?

— Putain, ça fait mal ! grogné-je.

Un éclat de rire retentit sur ma droite, pas la peine de tourner la tête pour savoir que miss bonbon rose se fout littéralement de ma tronche. Le pire, c’est que là, je ne peux même pas réagir sauf si je souhaite encore me faire pincer.

— Dis-moi, Ash, est-ce que tu pourrais me ramener au chalet ? Stacey m’a dit qu’on allait à une soirée et j’aimerais bien me préparer.

Harper me donne son consentement dans un simple signe de tête. Sans ça, je crois que j’aurais envoyé paître la rouquine en lui disant de se démerder. Sous la contrainte, je me vois obligé d’accepter. Fais chier ! D’autant plus que Nills vient de se barrer avec la camionnette, il ne me reste donc plus que ma bécane pour l’amener jusqu’à là-bas. A moins que…

— Harper, je peux t’emprunter ta bagnole ?

— Désolée, Ash, mais faut que Stacey et moi, on passe chez elle pour nous préparer aussi ! me répond-elle du tac-au-tac.

D’une longue inspiration, je tente de maîtriser toutes ces émotions contradictoires qui me traversent. Espérons juste que la jolie rousse ne soit pas aussi effrayée par mon engin que par les canassons. Je me tourne vers elle et afin d’en avoir le cœur net, je lui pose la question :

— T’es déjà montée sur une bécane ?

Un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres, avant qu’elle ne me réponde hautaine :

— Je pense que tu serais étonnée d’apprendre que je sais également les conduire.

Oh. Putain ! Une motarde, bordel, le pied ! Face à sa réponse qui me trouble encore plus, je déglutis. Cette nana a vraiment tout pour me plaire.

— Ok. Dans ce cas, ramène ton cul ! Je t’avertis la moindre remarque sur ma manière de conduire et je te laisse au milieu des champs !

Je m’attends à une réplique mordante de sa part, mais c’est un coup dans le bide de la part de Harper que je reçois.

— Putain, tu fais chier, Harper ! Arrête de me frapper, bordel !

— Alors, même si je n’apprécie pas trop cette fille, parce que j’ai l’impression qu’elle te plait, elle est sous la responsabilité de mon père et je ne voudrais pas que tu la perdes au milieu de nulle part, me glisse-t-elle à l'oreille pour que l’autre n’entende pas.

— Je déconnais c’est tout. Pas la peine de t’emballer, grogné-je.

— C’est quand tu veux ? me lance Savannah.

Ouais, vaut mieux que je commence à l’appeler par son prénom, si je ne veux pas me retrouver encore une fois à sortir du «ma rouquine». Je lui lance un signe de tête pour l’informer que je suis prêt, avant de poser un baiser furtif sur les lèvres de Harper.

Arrivé devant mon bébé, je rappelle à Savannah, les quelques règles pour monter sur mon engin.

— Tu sais que ta phrase pourrait être interprétée de deux manières différentes. Je pense que tu ferais mieux de dire « ma bécane » ou « ma moto » plutôt que mon engin pour me parler de ton joli bijou. Pas certaine que celui qui se planque sous ton fut’ soit aussi sympathique.

Oh, bordel ! Qui m’a envoyé en enfer la nuit dernière ? Non, parce que là, j’ai vraiment l’impression de brûler au milieu des flammes.

Une de ses mains glisse sur le siège de ma bécane et elle se met à la caresser comme si elle craquait totalement dessus. Putain, entre son allusion et ça, je peine à garder ma queue au calme. Le trajet jusqu’au chalet est peut-être court, mais je crois que ça va être le plus long de toute ma vie.

— Désolé, princesse, mais ma queue est réservée à Harper. Toutefois, je suis certain que si je te la montre, tu craqueras autant que sur ma bécane.

Ses joues se colorent d’une jolie teinte rouge. Un nouveau point dans le camp Davis.

— Mouais, laisse-moi en douter. Je connais les mecs comme toi, ils se vantent, mais ils n’ont absolument rien dans leur futal.

Putain, non, mais elle me cherche. Tel un guépard, je saute sur ma proie et la force à reculer jusqu’à ce que ma moto l’empêche de faire un pas de plus. Si Harper nous voit, je suis mort, mais là tout de suite, je m’en tape. Je déteste qu’on me rabaisse et c’est exactement ce qu’elle vient de faire.

— Tu ne sais rien de moi, princesse, alors cesse de me chercher !

Je me penche au-dessus de son oreille pour ajouter d’une voix rauque :

— Le jour où je te baiserai, tu prendras tellement ton pied que tu m’en redemanderas encore.

Elle me repousse légèrement pour pouvoir planter son putain de regard dans le mien. Ses lèvres s’ourlent dans un sourire railleur. Je sens que ce qu’elle va me dire ne va pas me plaire.

— Cesse de prendre tes rêves pour la réalité, Ash. Un mec comme toi ne m’intéresse absolument pas. T’es pas prêt de me foutre dans ton lit !

Excédé par ses putains de répartie, je recule, croise les mains sur ma nuque et souffle comme un mufle. Cette fille veut ma perte et moi, je suis en train de foncer comme un idiot dans son jeu. Faut que ça cesse, putain !

— Tu m’as demandé de te conduire au chalet, je vais le faire, mais contente-toi de fermer ta gueule, parce que, le jour où je ne répondrai plus de rien, il ne faudra pas venir chialer !

Pourquoi elle se marre maintenant ? Putain, est-ce que c’est son coup de fil à ce Liam qui la rend encore plus... Encore plus quoi ? Bordel, j’allais sortir bandante ! Mais, merde, comment je peux avoir ce genre de pensées alors que j’ai demandé à ma meuf de passer la nuit avec moi ?

Furieux contre la rouquine qui me fout le crâne à l’envers, furax contre moi, je grimpe sur ma bécane et lui ordonne de se magner le cul à en faire autant. Elle s’installe derrière moi, sans jamais me toucher. Cette position est la meilleure, même si quelque part, j’aurais adoré sentir son corps se mouler au mien.

Le reste du ranch et le chalet sont distancés d’environ cinq minutes. Lorsque je coupe le moteur, je regrette déjà de ne pas avoir pu tracer la route avec elle un peu plus longtemps.

— Merci pour la balade, me lance-t-elle au moment où elle en descend.

Arrivée devant la porte, elle attend que je la lui ouvre, puis sans un mot elle grimpe se réfugier dans sa chambre. J’en profite pour aller prendre une douche et détendre mes muscles. J’évite de penser à la rouquine pour ne pas devoir en plus soulager cette partie de mon anatomie située plus au sud.

Une serviette autour de ma taille, je quitte la salle de bain et tombe nez-à-nez avec celle à laquelle j’ai refusé de penser sous les jets d’eau salvateurs. Ses yeux dévorent littéralement mon torse et ses joues prennent feu à nouveau. Mon sang se met à pulser violemment contre ma carotide tellement j’ai grave envie d’elle. Si elle ne se barre pas rapidement, c’est contre le mur qu’elle risque de se retrouver, ma langue dans sa bouche, mes mains partout sur elle.

— T’as jamais vu un mec à poil ?

Je joue l’insolence pour tenter de me reprendre pendant qu’au fond de moi, je lutte contre mon putain de désir.

— Pour qui tu me prends ? Ça fait longtemps que je ne suis plus vierge. Je regardais simplement ton tatouage. Il est sympa. Toi, par contre, tu ferais peut-être mieux d’arrêter de baver dès que tu me vois, surtout que bon, c’est assez visible quand même.

D’un geste de la main, elle me désigne ma trique pour me montrer de quoi elle parle. Putain, la conne, elle vient de me griller en beauté. Devant mon air ahuri, elle éclate de rire et passe à côté de moi comme si de rien était. Avant même qu’elle s’enferme dans la salle de bain, je la retiens par le bras.

— Au moins, tu sais que je ne te mentais pas en parlant de mon engin.

Elle hausse les épaules, avant de mordiller sa lèvre, espiègle.

— Dans la mesure où il est encore camouflé par ta serviette, je ne pourrais pas en être certaine à cent pour cent.

S’il n’y a que ça pour t’en convaincre, rouquine.

J’ignore à quoi je joue, mais devant sa réplique que je refuse de laisser passer, je commence à détacher la serviette. Ses yeux s’illuminent d’une drôle de lueur qui enflamme mes reins. Au moment où la serviette tombe au sol, la porte de la salle de bain se referme.

Est-ce que je suis vexé ? Ouais, un peu quand même ! Est-ce que je me morigène en allant m’allonger sur mon lit ? Totalement. Non, mais qu’est-ce qui m’a pris de vouloir me foutre à poil devant cette nana ? C’est du grand délire. Espérons qu’elle ne soit pas du genre cafteuse sinon je suis dans une merde sans nom. Harper va me tuer et certainement son père aussi par-dessus le marché. Il y a de fortes chances que je retourne à la case départ, celle de la taule. La moindre connerie de ma part et c’est ce qui se produira. Putain, faut que j’arrête avec elle ! Je suis avec Harper, merde quoi !

J’ai à peine le temps de retrouver mes esprits qu’on toque à ma porte. Pas besoin de se demander qui est derrière puisqu’on est que tous les deux.

— Cinq minutes, j’arrive !

Je l’entends s'éloigner, puis descendre les marches. J’enfile à la hâte un vieux jeans et un t-shirt manches courtes qui moule mes muscles. Faut que j’allume ma nana et que je la ramène absolument, c’est le seul moyen pour que je me sorte l’autre du crâne.

Ouais, putain, faut vraiment que je fasse ça ! J’en suis encore plus convaincu quand je rejoins Savannah au rez-de-chaussée. Elle a enfilé une petite robe noire qui met ses putains de forme en valeur. Mes yeux se posent sur ses tétons qui pointent sous le bout de tissu. Bordel, elle n’a même pas de soutif ! Est-ce qu’elle a foutu au moins un string ou un truc du genre ? Sinon, je vais vraiment avoir du mal à tenir. Je me donne la foutue impression d’être un clebs devant un os à ronger. Excité par cette vision, je me mets à jouer avec mon piercing. Quand je relève la tête vers elle, ses yeux sont fixés dessus. Son putain de regard sublimé par son maquillage ne perd pas une miette de mon jeu. Je tiens peut-être là une perche pour me sortir de notre foutu jeu malsain.

— Dis-moi, princesse, dans la haute, on ne se fait pas percer la langue.

Mes yeux plongent dans les siens alors que j’attends sa réponse. Un air insolent se grave sur son visage, avant qu’elle ne tire la langue et me montre le sien à son tour.

— Toi, non plus tu ne me connais pas, Ash, alors évite de me juger. Maintenant, ramène-moi pour que je puisse aller m’éclater un peu. J’espère que ça ne te gêne pas si je ramène un mec ce soir.

Quoi ? Elle est vraiment sérieuse ? C’est quoi ce putain de bordel ? Hors de question que je l’entende s’envoyer en l’air avec un autre ! Après tout, elle a déjà son Liam, qui est peut-être mon frangin au passage, et même si je le hais, je refuse qu’elle le trompe !

— Ici, ce n’est pas un baisodrome, alors si tu veux t’envoyer en l’air, libre à toi, mais certainement pas ici.

Putain, si elle rentre et que je suis en train de baiser Harper, après ce que je viens de lui dire, elle va me haïr.

C’est bien ce que tu souhaites, ducon ?

Ouep, non, je n’en sais foutrement rien.

— Comme tu voudras, mais ça vaut pour toi aussi. Donc, hors de question que tu te pointes avec Harper quand je suis là !

— Je fais ce que je veux ! Alors ne me fais pas chier ! la menacé-je en la jaugeant durement.

Elle croise ses bras sur sa poitrine et semble légèrement offusquée par ce que je viens de lui balancer. Elle se reprend, toutefois, très vite. Si vite que je n’ai pas le temps de me préparer à sa nouvelle pique.

— Comme ça, on est deux. Donc, ce soir, je m’envoie en l’air ici que ça te plaise ou non !

Putain, fais chier ! Hargneux, je lui donne un léger coup d’épaule quand je passe à ses côtés. Va falloir que je prévienne les gars qu’aucun d’eux n’a intérêt à poser ses pattes sur elles. Je leur dirai ce qui me semble être la vérité, que cette nana est celle de mon frère pour que personne ne s’en approche.

**********

Hello !

J'espere que cette histoire vous plait jusque-là. J'admets qu'elle est totalement différente de celles plus dramatiques auxquelles je vous ai habitués. Ashton et Savannah m'amuse.

Bonne lecture.

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