Journal de survie d'une autrice en détresse numérique
4 jours sans ma plateforme, j’ai vu la lumière… et elle m’a dit de retourner écrire.
Jour 1 – Le Déni :
Tout commence comme un jour normal. Je me connecte, prête à déposer mon chapitre fraîchement pondu, mes doigts frétillent d’excitation.
Mais là, message d’erreur.
Je rigole. Littéralement. Je me dis « Allez, un petit bug, ça arrive. L’informatique, hein ! »
Je me fais un café, je reviens… toujours rien.
Je vide le cache, redémarre la box, menace mon ordi de le transformer en grille-pain…
Rien.
Je finis par aller sur le compte de la plateforme.
MAINTENANCE.
Quatre. Jours. Entiers.
Je ris moins fort.
Jour 2 – La Colère :
Je suis en rage. Contre tout.
Contre les admins. Contre mon clavier. Contre le temps qui passe.
Contre moi-même aussi, parce que j’ai eu la mauvaise idée de commencer un cliffhanger de psychopathe juste avant la coupure.
Les lecteurs vont croire que j’ai fui avec la fin de l’histoire comme un auteur des années 1800 disparu en mer.
Je commence à rédiger une lettre ouverte dramatique genre :
« Si vous lisez ceci, c’est que je n’ai pas survécu à la maintenance.
Dites à mes personnages que je les aimais. »
Je me parle toute seule. Je donne des voix à mes personnages. L’un d’eux me dit d’aller dormir. Je refuse.
Jour 3 – La Dépression :
Je suis allongée sur mon lit, téléphone à la main, le regard dans le vide.
Je regarde les stories d’autres auteur·ices en détresse.
On se soutient. On se tague. C’est presque une religion à ce stade.
Je tente d’écrire hors-ligne, mais c’est pas pareil. C’est comme cuisiner sans sel.
Ou faire un karaoké… seul.
Je rouvre mes anciens textes.
Je me juge.
Je pleure un peu (mais stylé, façon film indé avec de la pluie au ralenti).
Je mange des chips.
Je renomme mon fichier « Dernier espoir littéraire ».
Toujours pas de plateforme.
Jour 4 – L’Acceptation :
Bon. On y est.
J’ai touché le fond, j’ai pris le goûter au fond, j’ai accroché un cadre.
Je suis presque devenue une version ascétique de moi-même : j’écris sur Google Docs, je bois de l’eau, je me relis (!!).
Mais au fond…
Ce petit onglet de la plateforme me manque comme un ex qui savait exactement comment tu aimais ton café : sucré, un peu dramatique.
Je vais dehors. Je touche de l’herbe.
Je croise un pigeon, je lui parle de mon roman. Il ne répond pas, mais il écoute.
Il comprend.
Et puis…
Le miracle.
La plateforme revient.
J’ouvre l’onglet comme on ouvre une lettre d’amour.
Je ressens de la gratitude, de l’émotion, et un peu de peur aussi.
Et si c’était reparti un jour ?
Mais pour l’instant, elle est là.
Je suis là.
Et mes chapitres aussi.
Conclusion :
4 jours sans toi, c’était 4 jours à redécouvrir la douleur, l’espoir, et la puissance insoupçonnée d’un fichier Word nommé « chapitre_final_definitif_version27_bis.docx ».
Mais tu es revenue. Et moi aussi.
Maintenant, faisons comme si rien ne s’était passé… sauf qu’on a tous un peu grandi.
Allez les auteur·ices : qui d’autre a souffert ? Racontez-moi vos descentes aux enfers numériques. J’ai du popcorn et un doc ouvert.
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