6. Le roi des mers - 2/4

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  Une fois sur le pont, il put se rendre compte de l’immensité du bâtiment. C’était un grand bateau composé de trois-mâts. Les voiles étaient pour le moment repliées. Cependant, il ne semblait pas y avoir de cordages qui permettaient de les hisser. Il n’y avait qu’à regarder le pont principal pour être sûr qu’il ne s’agissait pas d’un navire de guerre.

  Bien au contraire, des bancs étaient parsemés tout les dix mètres et de multiples petits chapiteaux étaient installés. Ces chapiteaux étaient soit des boutiques, soit des lieux où les passagers pouvaient s’asseoir et boire tranquillement un verre en ayant une vue imprenable sur l’océan.

  Deux grands escaliers permettaient de se rendre sur le pont supérieur où l’on pouvait très certainement dénicher la barre et le capitaine de ce navire hors norme. Mais c’est en se penchant par-dessus bord pour observer la coque du bateau qu’il fût le plus surpris. Heureusement pour lui, il n’avait pas le vertige puisque de l’endroit où il se tenait les badauds paraissaient minuscules.

  Des gens faisaient des signes de la main aux passants sur le port, à travers de multiples ouvertures dans la coque. Le navire était si grand qu’un important nombre de chambres se situaient sous les pieds d’Ethan. Il avait l’impression de se trouver sur un bateau de croisière comme l’on pouvait en voir chez les humains. La seule différence était que ce dernier ressemblait plus à un trois-mâts qu’à un paquebot.

  Des centaines de personnes se tenaient sur le pont, certaines discutaient entre elles en passant entre les chapiteaux, d’autres regardaient paresseusement la foule se déplacer sur le quai. Ethan avait quelques doutes sur le fait qu’un navire puisse transporter autant de voyageurs. Néanmoins ceux-ci, qui devaient sans aucun doute avoir l’habitude de l’emprunter, n’avaient pas l’air de s’inquiéter outre mesure.

  Ethan ne savait absolument pas où aller. Il n’avait pas envie de se mêler aux gens. Il était préférable de se tenir loin des petites boutiques qui lui faisaient pourtant de l’œil. Il se demandait bien ce que pouvaient vendre les sorciers. Mais il pensait judicieux que personne ne remarque qu’il était humain. De plus, mieux valait garder précieusement l’argent qu’il lui restait.

  Ignorant s’il devait se rendre à un endroit particulier, il décida de chercher un coin tranquille où il ne dérangerait personne. Il s’assit donc sur un banc, à l’ombre du grand-mât.

  Lorsque tous les passagers furent montés à bord du navire, la passerelle fut retirée. Quelqu’un fit sonner une cloche et les immenses voiles blanches se déployèrent toutes seules et sans un bruit. Elles n’étaient rattachées à rien et pourtant, elles se gonflèrent quand un vent léger s’invita au voyage. Ethan en était presque persuadé, pour que les voiles demeurent ainsi, de la magie était à l’œuvre.

  Le bateau se mit en route sans une secousse, il semblait glisser sur l’eau et s’éloignait déjà d’Eterna. Ethan n’était jamais monté sur un navire avant ce jour et espérait qu’il n’aurait pas le mal de mer.

  Il resta assis sur le banc durant une heure, à observer défiler devant lui les différents passagers. Il se demandait à quoi pourrait ressembler Castel-Lapis. Les écoles magiques ne devaient assurément pas être semblables à celles que l’on trouvait dans son monde. De plus, elle était l’une des plus réputées, elle devait certainement être très grande.

  Un homme âgé, à la moustache finement taillée et portant un chapeau haut de forme de couleur bleue s’approcha d’Ethan et lui demanda :

— Tu es un futur élève de Castel-Lapis ?

  Ethan, trop intimidé pour répondre, se contenta de hocher la tête.

— Si j’étais toi, j’irais déposer ta malle dans la salle des valises, dit le vieil homme. Sinon, l’école ne pourra pas transporter celle-ci convenablement jusqu’à ta chambre. Et puis, ça t’évitera de devoir garder un œil dessus tout le long. Ce serait dommage de ne pas profiter du voyage.

— La salle des valises ? répéta Ethan. Où se trouve-t-elle ?

— C’est très simple. Tu as vu les escaliers qui mènent au pont supérieur ?

  Ethan hocha la tête.

— Eh bien, il y a un passage entre ces deux escaliers. Ensuite, il te suffit de traverser le couloir et au bout de ce couloir, il y aura des pancartes qui te guideront bien mieux que moi.

  Les nombreux chapiteaux bouchaient la vision d’Ethan, mais il avait bel et bien aperçu l’ouverture dont lui parlait ce sorcier. Il ne rencontrerait donc aucune difficulté à retrouver sa route.

— Je m’y rends tout de suite dans ce cas, dit Ethan en se levant. Merci pour le conseil, monsieur.

  Le vieil homme lui fit un signe de la main et continua son chemin du côté de la proue du bateau. Ethan, lui, suivit les instructions et se dirigea en direction du pont supérieur. Il ne tarda pas à apercevoir le passage dont lui avait parlé le sorcier.

  Il entra et se retrouva dans un long couloir où le sol était recouvert d’un épais tapis rouge et où des flambeaux étaient fixés au mur pour éclairer la voie.

  Ce qui avait particulièrement frappé Ethan depuis son arrivée dans le monde des sorciers était que ceux-ci ne paraissaient pas se servir de l’électricité. Ici, la magie semblait avoir totalement remplacé cet élément central de l’univers des humains.

  Il tira péniblement sa malle derrière lui et se rendit au bout du corridor. Comme le lui avait expliqué le vieil homme, plusieurs pancartes indiquaient les différents lieux.

  Visiblement, les chapiteaux sur le pont principal n’étaient qu’une mise en bouche puisqu’un des écriteaux mentionnait qu’une taverne et d’autres échoppes se situaient au premier pont inférieur. L’on pouvait également retrouver une infirmerie au second pont inférieur. Les chambres, elles, étaient installées sur les cinq niveaux suivants. Enfin, juste avant le fond du navire était indiquée la salle des machines au-dessus de laquelle se trouvait la fameuse salle des valises.

  Ethan soupira longuement. Il était fatigué par avance à l’idée de savoir qu’il allait devoir descendre autant d’étages avec son énorme malle. Il prit, malgré tout, le chemin qui menait aux escaliers lorsqu’il aperçut un nouveau panneau qui signalait « ascenseur », un mot qu’il n’imaginait pas rencontrer ici. Il hésita un instant. Peut-être que ce mot ne désignait pas la même chose dans cet univers. Cependant, sa curiosité l’emporta et il suivit la direction que lui indiquait la pancarte.

  Très vite, il se retrouva dans un cul-de-sac et devant lui se dressait une grille de métal à côté de laquelle se trouvait un petit bouton rond. De l’autre côté, il ne semblait n’y avoir que le vide. Ethan avait emprunté peu d’ascenseurs durant sa vie à l’orphelinat. Pourtant, celui-ci ne ressemblait en rien à ceux qu’il avait déjà observé chez les humains, mais après tout, au point où il en était, autant satisfaire sa curiosité.

  Il appuya sur le bouton s’attendant à le voir devenir lumineux. Il n’en fit rien. Il patienta quelques secondes, seulement il ne semblait rien se passer. Ethan s’apprêtait à retourner en direction des escaliers lorsqu’une plateforme soutenue par de lourdes chaines se hissa sans un bruit à la hauteur du plancher. La grille de métal s’abaissa et une voix féminine sortie de nulle part annonça :

— Pont principal.

  Ethan poussa sa malle sur la plateforme et se tint dessus à son tour. Il vit alors un petit panneau sur lequel se trouvaient plusieurs interrupteurs cette fois. Ils semblaient indiquer les différents niveaux du navire. Il appuya sur le dernier quand la voix retentit à nouveau :

— Désolé, vous n’êtes pas habilité à vous rendre dans la salle des machines.

  Il s’était visiblement trompé, néanmoins il se souvint que la salle des valises se situait avant celle des machines. Il pressa le bouton juste au-dessus. Cette fois-ci, la grille de métal refit son apparition. Il y eut une légère secousse et Ethan constata qu’il était en train de descendre. Il vit défiler les différents étages du navire devant ses yeux. Quelques instants plus tard, la plateforme arrêta sa progression et la voix de femme lui annonça :

— Salle des valises, merci de ne pas toucher les effets personnels des autres passagers.

  Même sans électricité, les sorciers étaient très ingénieux, pensa Ethan. Lorsque la grille de métal s’abaissa à nouveau, Ethan découvrit une vaste pièce où se trouvaient les affaires de tous les occupants du navire. Il devait aisément y avoir plus d’un millier de sacs et de malles entreposées dans cette salle.

  Le vieil homme lui avait dit que c’était Castel-Lapis qui s’occuperait de transporter sa valise, mais n’étant pas sûr de la véracité de ses propos, Ethan posa sa malle dans un coin où il pourrait facilement la retrouver et reprit l’ascenseur pour rejoindre le pont principal. Il retraversa le grand couloir en sens inverse et sortit.

  Durant son absence, deux femmes s’étaient installées sur son banc, il se dirigea alors vers les barrières, à la proue du bateau, pour observer l’eau.

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