La nature profonde d'un garçon ... (en réponse au défi "Au Restaurant")
de
Lisa Giraud Taylor

Quand il est entré dans la salle du restaurant, tout le monde s’est arrêté de parler.
Pourtant, jusqu’à alors, cela discutait bruyamment et les deux serveuses complétaient le tableau en hurlant les commandes.
J’avais été surprise par le choix du lieu mais il y tenait : « un truc tout simple, un peu caché ».
J’étais éblouie de voir que ce petit restaurant de campagne pouvait exister dans un pays aussi grand et mondialisé.
Il était situé à la fin d’une longue route peu fréquentée à cause d’une autoroute gigantesque qui parcourait l’état, à quelques kilomètres. Cet interstate abritait des lieux de restaurations rapides, caloriques et peu chères mais largement moins intéressants que ce café.
Cela faisait vingt minutes que je l’attendais et guettais une voiture sur le parking. La serveuse, Lori, n’arrêtait pas d’explorer la salle et me demandait instamment de choisir.
A bout de course(s), le chef cuisto était énervé ; son tatouage bavait à la face du monde son amour et sa haine pour ladite serveuse.
En pénétrant dans la salle, il avait souri avec une tendresse et une simplicité faisant en sorte que même le plus petit des moustiques avait cessé (enfin) de me piquer.
Aucun expert n’aurait pu empêcher nos regards de l’admirer tant il était beau et charismatique.
Ce grand garçon d’une beauté sidérante était aussi l’acteur le plus doué de sa génération… et le plus nature de tous.
Sa croisade n’était pas le Graal mais la planète et les animaux.
On pouvait compter sur lui pour aider PETA et les autres causes pour l’environnement.
A son époque, en plein boom industriel, commercial et de surconsommation, il avait à coeur de se battre comme un chien... ne serait-ce que pour un chien.
Cette chose que l’on appelle l’amour, tout simplement… l’amour de la planète, de l’être humain, de l’Homme, tout simplement.
Il s’est assis, m’a tendu la main, m’a souri et j’ai oublié toutes les questions auxquelles j’avais pensé.
Nous avons parlé, de tout, de rien, de truc privé ou de son dernier voyage, des idéaux aussi.
Lori est arrivée, elle a souri, a pointé l’arc-en-ciel qui arrivait après la pluie et se reflétait sur une feuille, là-bas de l’autre côté de la route. Il a ri, moi aussi.
Elle était drôle, Lori ! Elle lui rappelait une fille qu’il avait croisée, jadis, sur un plateau de ciné.
Comme je soupirais, il a tendu sa main vers ma joue et m’a dit de ne pas m’inquiéter, que personne ne se ferait plus de mauvais sang désormais.
J’avais l’impression qu’il n’était déjà plus là quand les desserts sont arrivés. Il flottait…
Arrivés à la fin du repas, il m’a remis un petit bracelet, de sa confection, en gage de la liberté et de la vie, et m’a demandé de rester la gardienne de son esprit.
Puis, il s’est levé, m’a embrassée sur les joues, m’a soufflé un « merci pour tout et d’être venue de si loin ! J’espère que tu as aimé mon coin de nature ! ».
A peine le temps de lui dire « oui, beaucoup, on se revoit quand ? » qu’il avait entamé sa sortie, silencieuse au milieu des dizaines d’yeux captivés par son aura.
Il marchait tranquillement sur le parking du restaurant ; il s’éloignait doucement, dos à moi et j’ai ressenti un frisson.
C’était la dernière fois que je le voyais, en chair et en os… mais son esprit était là, dans ce bracelet…
Depuis ce jour, ce garçon n'a jamais quitté mon esprit, renaissant à chaque coin de rue, sur chaque berge de rivière, à chaque carrefour de ma vie.
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En floride, au bord de la route... | Chapitre | 47 messages | 5 ans |
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