La perte (Réponse au défi Les sensations)
La perte a le goût du sel. Le goût des larmes. Elle est une lame froide sur la peau. Glaçante.
Traîtresse. Elle fait frissonner d’un froid qui ne vient pas du dehors.
Elle n’a pas d’odeur, non. Mais elle résonne. Elle résonne en moi comme un cri de détresse. Ce cri qu’on étouffe dans un oreiller ou qu’on lâche, un jour, au milieu d’un champ désert. Strident, déchirant — ce cri qu’on pousse pour ne pas exploser.
La perte est noire. Sombre. Obscure. C’est un trou noir qui aspire tout. Elle nous vole une part de nous-même. Et parfois, elle nous vole tout. Elle nous efface.
Elle ne prévient pas, ou si peu. Elle surgit, se glisse sous la peau, nous enveloppe comme un brouillard qu’on ne peut ni éviter, ni traverser.
Et une fois qu’elle referme ses griffes, s’en libérées devient une guerre — une guerre intérieure, silencieuse, que peu voient, que moins encore comprennent.
La perte a le goût du sel. Et ce goût, je le déteste.
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