Chapitre 11 (2/5)
Alors que je me dirigeais vers la bibliothèque, quelque chose me frappa. Sophie allait mourir. Son nom était sur ma liste, je l’avais lu en début d’année. Je ne savais pas exactement pourquoi je n’y avais pas prêté attention avant. Antoine y était présent aussi.
Comment avais-je pu être aussi aveugle ?
Cette liste était pourtant tatouée à l’encre invisible dans mon âme, j’aurais dû faire le lien. Pauvre Alice…
Je poussai la porte de la bibliothèque. La majesté du lieu me surprit. Le plafond était immense. Un dôme vitré filtrait la lumière. Les étagères, remplies de livres, poussaient jusqu’à lui. De longues tables rectangulaires, en bois massif, trônaient au centre du lieu. Des lampes en verre vert diffusaient une lumière tamisée, rendant l’atmosphère à la fois paisible et propice à l’étude.
Je me dirigeai vers la section informatique.
— Mais qui voilà ! lança une voix familière derrière moi.
Je me retournai et tombai nez à nez avec Alice, son sourire en coin.
— Tu me surveilles ? fis-je en plaisantant.
— Mes yeux sont partout, répondit-elle, ses lèvres s’étirèrent davantage.
Elle s'appuya contre le bureau sur lequel je comptais m’installer, m’empêchant d'avancer.
— Je te rappelle que je bosse ici, quand j’ai le temps.
— Tu m’avais parlé du vendredi, lui fis-je remarquer.
— Ouais, c’est ma journée fixe. Mais quand j’ai du temps libre, je suis là.
— Je vois.
— Qu’est-ce que tu viens faire ici ? me demanda-t-elle.
— Ce qu’on fait habituellement dans une bibliothèque, répondis-je, amusé.
— T’as besoin d’aide ?
— Je devrais m’en sortir.
Je penchai la tête sur le côté et remarquai le lecteur de badge à côté de l’écran.
Merde. On peut pas avoir un peu d’anonymat dans ce pays ?
— Faut vraiment que je scanne mon badge pour utiliser cet ordinateur ? lâchai-je, la voix remplie de frustration.
— Ouais, ils aiment bien garder une trace de nos recherches, répondit Alice, une grimace sur le visage.
— Y’a pas moyen de contourner ça ?
— T’as envie d’aller sur des sites interdits ? se moqua-t-elle.
— P’t-être bien.
Alice haussa les sourcils, amusée.
— Non, c’est juste que j’ai besoin de faire des recherches privées.
— On a le badge des remplaçants, je peux te dépanner si tu veux. Si on me demande, je dirai qu’on me l’a volé.
— Tu me sauverais la vie.
Elle s’éclipsa quelques minutes avant de revenir avec un badge qu’elle me tendit. Avant que je puisse le saisir, elle le cacha derrière son dos.
— J’ai pas dit que ça allait être gratuit, dit-elle en se mordillant la joue.
— Tu veux quoi en échange ? demandai-je, curieux.
— Un dîner, dans le restaurant de ton choix.
— Vendu.
Ce fut finalement plus facile que je ne l’aurais pensé. Elle me confia le badge.
— Fais pas trop de cochonneries, lança-t-elle en partant.
— C’est pas ce que…
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’elle avait déjà disparu.
Je pris place sur le bureau et déposai le badge sur le lecteur. Un bip retentit et l’écran s’alluma. Je jetai un regard inquiet autour de moi. Heureusement, j’étais seul.
Ouf !
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