Chapitre 16 (2/7)

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Un tourbillon de couleur. De douleur. De cris. De pleurs. De joie. Les souvenirs s’étendaient autour de moi, comme une mer agitée. Mon corps flottait. Du mieux que je le pus, je m’accrochai à un souvenir.

Une sonnerie retentit. Lointaine au début, puis de plus en plus présente. Elle résonnait dans mon crâne en un écho.

Dans ce décor, des collégiens étaient assis, statiques, comme figés dans le temps. Un homme — le professeur ? — ​​​​traçait sur le tableau des symboles avec une craie. Chaque geste empreint de lassitude.

— Et voici comment on explique le théorème de Pythagore, annonça-t-il d’une voix morne, presque éteinte.

Un sourire vide s’étira sur ses lèvres. Des cernes creusaient ses yeux rougis par la consommation de cannabis.

— Ouvrez vos cahiers à la page 38, ordonna-t-il d’une voix mécanique.

Les élèves obéirent sans un bruit. Leurs mains tournaient les pages dans une lenteur presque hypnotique.

Au fond de la salle, une jeune fille au regard intense lançait des boules de papier avec une précision calculée. Elle avait une silhouette rebelle. Ses cheveux teints en bleu étincelaient sous la lumière. Ses sourcils étaient denses. Ses yeux perçaient ceux du professeur comme des flèches. Je fus immédiatement attiré vers elle.

Au fond d’elle, je sentais une boule de colère se former. Une note de rébellion dans l’âme, identique à la mienne.

— Sofia, ça suffit ! Si tu continues, tu récolteras déjà ta troisième heure de colle de l’année !

Un sourire se dessina sur ses lèvres, malicieux et défiant. Sans un regard pour l’ordre donné, elle lança une nouvelle boulette de papier. D’un coup de poing furieux sur son bureau, le professeur tenta de reprendre le contrôle.

— Très bien, ton carnet ! hurla-t-il, la rage déformant son visage.

Des éclats de salive s’expulsèrent de sa bouche. Dans mon bas-ventre, je sentais mes tripes se serrer. Les émotions de Sofia étaient diverses : de la colère, du chagrin, de la peur. Je sentais son besoin d’aide, sa détresse. Sa mâchoire se serra avec violence.

Elle se leva alors d’une démarche décidée et jeta son carnet à travers la salle. L’objet vola comme une bouée de sauvetage à la mer. Elle passa la lanière de son sac sur son épaule. Sans jeter un regard vers son professeur, elle lança :

— Garde-le, vieux ch’nock !

Pour souligner son propos, elle claqua la porte derrière elle, qui vibra quelques secondes. Des larmes roulèrent sur ses joues dans le silence du couloir. Elle s’affala contre le mur. Elle se laissa submerger par son chagrin. Puis, dans un geste maladroit, elle essuya les perles salées du bout de sa manche. Elle se releva et reprit sa marche vers la sortie. Sa tristesse l’avait envahie, et, dans ce moment suspendu, elle devint aussi mienne.

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