Deux des chiens se rapprochent d’elle, chacun d’un côté. Ils ne montrent pas de signes d’agressivité, mais avancent résolument. Celui qui fait face à la fillette s’apprête à attaquer.

En voyant les molosses si proches de leur amie, Agostino et Silvio constatent à quel point ce sont d’énormes bêtes, à la tête massive, aux longs crocs et aux pattes gigantesques. Leurs yeux brillent dans l’obscurité et un filet de bave visqueux coule de leurs babines.

— Bonjour les toutous, vous avez envie de jouer ?

Le ton enjoué de Livia semble produire son effet sur le plus gros des trois chiens. À chacun de ses mots, il relève la tête et sa queue s’agite un instant. En voyant sa réaction, celui de gauche se détend à son tour, abandonne sa posture guerrière et s’avance vers Livia par des petits sauts joueurs.

Le signal ainsi donné, les deux molosses s’approchent de Livia dans une sorte de danse joueuse. Le troisième, resté en arrière, baisse la tête et les rejoint. Son attitude semble indiquer qu’il aurait bien aimé manger cette petite fille, mais que ce n’est visiblement plus au programme.

Silvio et Agostino regardent leur amie entourée de trois bêtes de guerre qui réclament des câlins au lieu de protéger leur territoire. Elle les caresse, leur adresse des mots doux, ils se laissent faire, envoûtés par la voix de la fillette.

— Venez nous rejoindre, ils sont sympas, lance-t-elle aux deux garçons.

— Tu es sûre ? répond Agostino.

— Tu ne crains rien, tu as une épée.

Pas très rassurés, Silvio et Agostino la rejoignent au milieu de la sarabande de chiens. Les molosses les accueillent avec force reniflements et aboiements joyeux.

La porte de la maison s’ouvre soudain et répand une lumière crue sur l’étendue de neige.